Les sections moins de 16 ans, moins de 17 ans et moins de 18 ans de l’équipe de France ont un point commun : toutes trois ont un sélectionneur corse. Une de leur mission est de déceler les talents de demain. Reportage à Clairefontaine.
Parmi les visages qui se succèdent devant l’objectif d’un photographe ce jour-là, se trouvent peut-être quelques superstars du ballon rond de demain. Ils sont 34, tous sont nés en 2003, et viennent d'intégrer les U16, l'équipe de France des moins de 16 ans.
Leur sélectionneur est José Alcocer. L'an dernier, cet Ajaccien était encore adjoint de l'équipe de France Espoir.
À ce titre, il a connu les débuts de la plupart des actuels champions du monde. « Ca fait plaisir. Je les revois quand ils sont arrivés tout jeunes, avec les qualités qu’ils avaient à 16 ans, et quelque part, on retrouve les mêmes qualités quelques années plus tard. Celui qui était combatif et généreux, celui qui avait de la qualité technique, celui qui était discipliné. On les retrouve. Il n’y a pas de hasard », sourit-il.
Cet été, José Alcocer s'est vu confier sa propre sélection. « Dans le lot, il y a des joueurs de très grande qualité. Prédire que dans 10 ans, ils seront champions du monde, c’est impossible, par contre, peut-être que dans 10 ans, on se dira : ‘Il était déjà comme ça à 16 ans, il a continué à travailler donc c’est logique qu’il soit arrivé à ce niveau-là’ », complète l’entraîneur.
« Il faut chercher à faire un groupe »
Devenir professionnel et confirmer son talent, c’est le souhait Lisandru Tramoni, un jeune ajaccien. Ce jour-là, il passe son entretien individuel. Malgré sa timidité, il possède quelques qualités qui lui permettent d'y croire. « Je joue attaquant, je suis gaucher, plus technique, et je suis bon devant les cages », explique le jeune joueur.
Les U16 ne se connaissent que depuis deux jours, mais le lendemain, à Clairefontaine, ils devront déjà affronter leurs ainés, les U17, qui s'entraînent sur le terrain voisin. Leur coach est aussi un Corse, le balanin Jean-Claude Giuntini, sélectionneur national depuis 2010.
Alors que les Bleus ont mis la barre très haute en triomphant au Mondial cet été, les Bleuets de Jean-Claude Giuntini devront tenter de se qualifier à l'Euro en Irlande, et voire même à la coupe du monde qui aura lieu au Pérou à l'automne 2019.
« Il y a une démarche inspirante. Il faut sélectionner les bons joueurs, mais pas forcément les meilleurs joueurs. Il faut chercher à faire un groupe. Un groupe qui vit bien, avec une aventure humaine qui est conduite à la perfection dans le moindre détail. Et puis en gardant le souci de la compétition et de se dépasser. L’important, c’est d’être à la hauteur de la renommée du football français en général et de la formation des jeunes en particulier. […] Gagner des titres ça donne envie d’en gagner encore plus », explique Jean-Claude Giuntini.
« On a la crème du football français »
Au bord du terrain, un troisième Corse : le Cargésien Jean-Luc Vannuchi. Pour l'heure, il observe attentivement ses collègues. Car l'ex-entraineur du GFCA vient d'être nommé sélectionneur des U18.
« Ça me permet de prendre la température, de voir le fonctionnement et comment il travaille. Et comme je suis le dernier à arriver, de la fratrie corse, je viens en observation. Comme Jean-Claude et José me donnent beaucoup d’infos et ils sont très ouverts aux échanges. Ca me facilite énormément la vie. Au niveau qualitatif, on a quand même la crème du football français. Donc on peut aller chercher les meilleurs dans chaque club.
Le niveau est très intéressant, si je prends ma génération de 2001, il y a déjà des joueurs qui commencent à jouer en Ligue 1. Ce sont des joueurs, qui malgré leur jeune âge, ont un gros potentiel », estime-t-il.
« Mbappé, c’est un modèle pour tous les jeunes »
Ce jour-là, Jean-Luc Vannuchi n'a pas encore rencontré sa sélection, mais il se met déjà au travail. Les trois hommes collaboreront ensemble à l'encadrement de stagiaires entraîneurs. L'année promet d'être danse pour les trois coachs nationaux.
Parmi les jeunes, beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Même si après le mondial tous ont des rêves plein la tête. « Il faut confirmer au fil des années et essayer d’arriver le plus vite possible en haut, comme Mbappé. C’est un peu un modèle pour tous les jeunes. Il a brûlé les étapes, tout le monde rêve de faire ça », explique l’un des jeunes joueurs.
Ces visages seront oubliés, pourtant, certains marqueront peut-être plusieurs générations. Et José Alcocer, Jean-Luc Vannuchi et Jean-Claude Giuntini, auront la grande responsabilité de participer à révéler ces talents en devenir.