L'ancien ministre de l'Intérieur, et ancien Monsieur Corse du gouvernement, était en déplacement en Corse, ce samedi 23 décembre, afin de remettre une décoration au maire de Calvi, Ange Santini. Une visite lors de laquelle l'actuel député "Ensemble pour la République" a interpellé le Premier ministre afin qu'il soumette le projet d'autonomie de la Corse au Parlement. Gérald Darmanin répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Gérald Darmanin de retour Corse. L'ancien ministre de l'Intérieur et interlocuteur privilégié du processus de Beauvau dans le précédent gouvernment, était dans l'île pour remettre la rosette d'officier de la Légion d'honneur au maire de Calvi, Ange Santini, ce samedi 23 novembre.
Une visite lors de laquelle l'actuel député Ensemble pour la République du Nord a interpellé Michel Barnier, Premier ministre, afin qu'il soumette le projet d'autonomie de la Corse au Parlement.
Gérald Darmanin a accordé un entretien à France 3 Corse ViaStella.
Depuis la nomination d'un nouveau gouvernement et l'élection d'une nouvelle Assemblée nationale, où aucune majorité absolue ne se dessine, pensez-vous que le processus de Beauvau a des chances d'aboutir ?
Ce qu'on a essayé de faire avec l'ensemble des élus de l'île, et sous l'autorité du président de la République, c'est de pouvoir aboutir enfin à une proposition constitutionnelle pour inscrire la Corse dans la Constitution française et donner ce que l'on appelle l'autonomie, soit le choix de choisir ses normes, encadrées bien évidemment, pour la Corse.
Je crois que ça dépasse les majorités politiques, les circonstances des gouvernements et je crois qu'aujourd'hui, comme nous sommes d'accord sur cette proposition, Corse et État, il faut que le Premier ministre puisse déposer sur le bureau des assemblées cette proposition le plus rapidement possible.
Vous êtes-vous entretenu avec Michel Barnier, le Premier ministre, ou Catherine Vautrin, la nouvelle Madame Corse du gouvernement ?
Je me suis entretenu avec Catherine Vautrin qui fait un travail très important au sein du gouvernement et qui connaît très bien la Corse. Lorsque j'ai fait ma passassion de pouvoir, j'en ai parlé évidemment à Bruno Retailleau et à Michel Barnier.
Aujourd'hui, cette écriture constitutionnelle doit être étudiée, parce que c'est l'engagement de l'État, et parce que c'est une main tendue du président de la République qui est très favorable à cette proposition ; mais également au moment où la Corse est plus calme. Je pense que ce n'est pas au moment où il y a des manifestations de contestation, voire des violences, qu'on avance dans un processus politique. C'est quand le moment est calme qu'on avance.
Je pense que le gouvernement prendrait un risque de ne pas utiliser ce moment calme pour avancer avec les élus dont Gilles Simeoni et l'intégralité de la classe politique en Corse.
Vous parlez de pouvoir normatif pour la Corse, et pas de pouvoir législatif. Est-ce que dans un futur proche, cela pourra aller jusqu'au pouvoir législatif ?
Dans l'écriture consitutionnelle que nous avons faite, pour la première fois ce serait un article consacré à la Corse dans la Constitution, il y a le pouvoir réglementaire et le pouvoir législatif. Quand on dit qu'il y a un pouvoir normatif, c'est les deux, réglementaire et législatif.
Evidemment, il faut l'encadrer par le Conseil d'État, par le Conseil constitutionnel, comme les lois françaises, et il faut aussi qu'elles respectent un certain nombre de règles et ça, c'est prévu dans des lois dites organiques qui doivent aussi être votées par le Parlement national.
Vous voyez, l'autonomie est quelque chose de compliquée à construire. Ca existe comme la Polynésie, la Nouvelle Calédonie. Elles ont un pouvoir autonome au sein de la République, simplement on mettra sans doute une année, deux années, trois années, pour l'établir. Il faut donc le faire désormais assez rapidement.
Sur le sujet de la Santé, les élus corses réclament depuis plusieurs années la construction d'un centre hospitalier universitaire, une proposition de loi va être examinée sur le sujet en décembre. Soutiendrez-vous cette proposition de loi ?
Oui, j'ai même été co-signataire de la proposition de loi proposée par un parlementaire élu en Corse, qui n'est pourtant pas de ma famille politique, je pense que les Corses qui ont une île magnifique veulent avoir une santé aussi efficace qu'en hexagone, ils veulent l'éducation, le logement, comme partout. Je pense, notamment, que la jeunesse corse y est très attachée et il faut évidemment le soutenir.
Pour la pérénité de la continuité territoriale, la Corse a demandé à l'actuel gouvernement une rallonge budgétaire de 50 millions d'euros. Le gouvernement n'y est pas favorable, soutenez-vous cette demande ?
Je ne suis plus au gouvernement, je ne vais pas utiliser les moyens rapides et un peu démagogiques quand on y est pas, de dire ce que les autres doivent faire. Lorsque j'étais en responsabilité, on a été attentifs à ce que la continuité territoriale soit financée, que le PTIC, projet pour aider les communes, soit augmenté.
La Corse est sans doute la région métropolitaine la plus pauvre. Et donc il faut évidemment avoir un oeil tout particulier pour aider les Corses, et plus particulièrement les jeunes corses. Donc je suis de manière générale favorable au soutien que l'on peut apporter à la Corse.
Vous avez travaillé environ deux ans avec Gilles Simeoni, quelle relation avez-vous avec lui ?
Nous ne sommes pas de la même famille politique, on était parfois un peu opposé politiquement. On a parfois eu des joutes verbales compliquées. Mais c'est un homme politique que je respecte, il est légitime, il a été élu par les Corses. Ce n'est pas à moi de décider qui sont les représentants des Corses, et je crois qu'il a trouvé dans notre travail collectif de la confiance et du respect pour ce qu'il était et pour ce qu'était la Corse. J'entretiens désormais une relation amicale, comme d'autres amis que j'ai sur l'île de beauté comme Laurent Marcangeli qui est mon ami personnel depuis bien longtemps.
L'entretien réalisé par Valentin Canaux et Lou-Anne Le Roux :