A la sortie de la première réunion concrète du processus engagé par le gouvernement au printemps dernier, le ministre de l'Intérieur, chargé du dossier corse, a tenu un point presse. Nous vous résumons ses propos.
"C'est pas l'Etat français qui demande l'autonomie, c'est bien une partie des élus de Corse. Je suis prêt à tout mettre sur la table, J'attends d'avoir la démonstration qu'il faudrait changer le statut de la collectivité pour être efficace sur telle ou telle politique".
"Ce n'est pas un processus pour rien. Moi, je suis frappé du sérieux avec lequel tout le monde s'est mis au travail, malgré des différences politiques évidentes, y compris chez les élus corses, qui ne veulent pas tous la même chose, ne demandent pas tous l'autonomie."
Consensus
"Je suis aussi très intéressé de voir le consensus qui arrive à se bâtir sur les constats. Nous pensons tous la même chose sur les constats, en tout cas dans les domaines économique et social et sur la question institutionnelle".
"Après, c'est dans les solutions qu'il peut évidemment y avoir des différences. Il faut faire que nos différences soient fondées le moins possible sur l'idéologie, et le plus politique sur des choix politiques clairs que les Corses seront peut-être amenés à faire eux-mêmes".
"On peut penser qu'en janvier, février prochains, la première étape sera présentée".
la Corse n'est pas du tout un poids pour l'économie française, comme on peut l'entendre parfois. C'est un a priori qui blesse les Corses"
Gérald Darmanin
"On en a fait le constat ce matin, la Corse ne coûte pas cher à la République. La Corse, ce sont des travailleurs, dans des conditions d'insularité très difficiles, et je veux dire que l'Etat français a la chance d'avoir la Corse, qui n'est pas du tout un poids pour l'économie française, comme on peut l'entendre parfois. C'est un a priori qui blesse les Corses, et qui n'est pas la vérité".
"On ne peut pas fonctionner que sur un régime de subventions. Ce qu'il faut, c'est créer des richesses, des entreprises. Et des entreprises plus grandes que les très petites entreprises que l'on a, très majoritairement, en Corse, et qui ont du mal à exporter".
Modèle social
"Il faut d'abord soutenir les entreprises, baisser la fiscalité pour les entrepreneurs, pour leur permettre de devenir des PME et exporter. Sinon elles ne pourront pas grandir, et payer le modèle social que veulent les Corses".
Il faut revoir les dispositifs fiscaux.
"Il faut revoir les dispositifs fiscaux. Il y a onze dispositifs fiscaux aujourd'hui en Corse, il y en a qui marchent bien, et d'autres qui marchent moins bien. Il faut sans doute les adapter. Il faut aussi connaître les filières que l'on veut pousser en Corse. Et ce n'est pas au ministre de l'Intérieur de le définir. Donc j'ai demandé ce que veulent les élus corses pour la Corse. Est-ce qu'ils veulent de l'agriculture bio, est-ce qu'ils veulent faire du recyclage, est-ce qu'ils veulent faire des nouvelles technologies ? Et ensuite on pourra imaginer des écoles, des formations, un accompagnement fiscal et des subventions, mais il faut d'abord savoir quels sont les objectifs. Le président Simeoni en a convenu, et il m'adressera dans les prochaines semaines ses constats et ses propositions".
Voir à long terme
"Il faut voir la Corse à trente ans. Il faut des routes supplémentaires, il faut peut-être des lignes ferroviaires, il faut peut-être de grandes infrastructures pour l'eau, il y a beaucoup de questions autour des déchets..."
"Il faut donner l'autonomie énergétique, et l'économie alimentaire à la Corse. Ce n'est pas normal que quand on a la culture agricole de la Corse on importe la quasi-intégralité de ses produits..."
"La difficulté, c'est que les Corses sont en difficulté sociale aujourd'hui, qu'ils demandent des réponses rapides, sur le prix de l'essence, sur le pouvoir d'achat, et nous on doit aussi travailler pour les vingt ans qui viennent".
On mettra les moyens pour pouvoir rendre la Corse plus autonome.
"J'ai demandé à Gilles Simeoni de m'adresser le projet économique dont il rêve, dont il a besoin, dont il pense que c'est nécessaire pour la Corse, on va le challenger, et puis on y mettra les moyens fiscaux, budgétaires, normatifs, pour pouvoir rendre la Corse plus autonome, sur de nombreux plans".
"Les Corses sont éminemment Français"
"Je sais que les Corses sont éminemment républicains et Français, d'ailleurs la revendication même de l'autonomie est dans la République. On peut très bien être autonomes et totalement Français, tout en faisant part d'une certaine différenciation. Mais le gouvernement de la République, et moi-même, je le répète, ne sommes pas favorables à l'autonomie par principe. Je suis pour que l'on écoute la demande d'une collectivité dont la majorité à été réélue deux fois sur un programme clair qui était l'autonomie, et moi je suis un démocrate et j'écoute ces demandes, trois députés sur quatre viennent de la famille nationaliste, autonomiste, mais je sais très bien que les Corses sont éminemment Français".
"Il y a beaucoup de maires très républicains en Corse, qui se battent pour la République, et je veux les entendre et les respecter. J'ai notamment parlé de cela hier avec Laurent Marcangeli quand je l'ai reçu".