GR 20 : une épidémie de gastro-entérite se répand parmi les randonneurs

Plusieurs personnes souffrant d'importants troubles gastriques ont mis en cause l'eau consommée au cours de leur randonnée. Les analyses de l'ARS concluent à une épidémie de gastro-entérite probablement causée par le norovirus.

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"La journée a été très dure", "j'ai souffert de vomissements et de diarrhée toute la nuit" : les témoignages de randonneurs se multiplient ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Émeline, 22 ans, sort tout juste des urgences. 

Son calvaire débute au 7ème jour du parcours du GR20, au niveau du refuge de l'Onda, situé à 1430m d'altitude dans le massif du Monte Rotondo. Lorsque la jeune femme, originaire de Nantes, se réveille pour entamer sa huitième étape, elle souffre de grosses douleurs au ventre. "J'ai des crampes, des maux de tête, beaucoup de nausées et d'importants vertiges", se souvient Emeline. 

Des douleurs abdominales insoutenables

La Nantaise s'est lancée dans l'aventure du GR20 seule, mais elle croise de nombreux randonneurs, qui partagent ses symptômes. "Certains abandonnent tellement la douleur est intense. Moi je continue, mais dès que j'essayais de boire de l'eau, c'était de pire en pire". Rapidement, Emeline fait le lien entre ses maux de ventre et l'eau qu'elle est en train de boire. 

Elle a rempli ses gourdes avec l'eau du refuge de l'Onda. Pour elle, il n'y a aucun doute : c'est cette source d'eau qui est contaminée. Elle décide, malgré les douleurs, de poursuivre la marche. "L'avant-dernier jour, j'avais très peur, j'étais sur les crêtes et j'avais des vertiges, j'étais au bout de mes forces". Émeline décide de contacter les pompiers, elle se fait secourir par l'hélicoptère du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Corse. 

La jeune femme arrive en déshydratation à l'hôpital d'Ajaccio, elle souffre d'une infection bactérienne. Aujourd'hui, elle se remet peu à peu et tente de reprendre des forces. Comme elle, ils sont des dizaines à partager leur mésaventure sur les réseaux sociaux. Tous pointent du doigt une source d'eau près du refuge de l'Onda. 

La bactérie Shigella 

C'est le cas de Stéphanie, 40 ans. Pour elle, le rêve de finir le GR 20 s'est arrêté brusquement, après avoir franchi le refuge de l'Onda. "J'ai directement eu des crampes d'estomac, d'énormes diarrhées, j'ai très vite compris que je n'allais pas pouvoir continuer". Transférée près de Conca en taxi, la femme, originaire d'Isère, consulte un médecin et effectue des analyses de sang et de selles. La mère de famille a attrapé la bactérie Shigella et est mise sous antibiotique. "J'ai bu l'eau du robinet à côté du refuge de l'Onda, car les gardiens m'ont dit qu'elle était potable. Dans mon groupe, on a tous bu cette eau-là, et nous avons tous été malades", confie Stéphanie. 

Le gardien du refuge se défend

Des accusations lancées par des particuliers qui sont jugées infondées et diffamatoires par le gardien du refuge de l'Onda. Jean-Dominique Franchi tient à réagir. "Ce n'est pas vrai, nous n'avons jamais dit que l'eau était potable. J'ai le panneau sous les yeux. Il y a bien écrit : 'attention eau non contrôlée, la consommation d'eau réclame la plus grande vigilance, il est conseillé d'utiliser des pastilles'". 

Pour Jean-Dominique Franchi, gardien du refuge depuis 35 ans, tous les ans, c'est le même problème. "Actuellement, il y a un jeune qui est malade dans notre refuge. Mais il est arrivé ce matin chez nous, il a été contaminé plus haut. Il fait chaud, les randonneurs boivent n'importe où et tombent malade", se défend le gardien, qui affirme que l'Agence Régionale de la Santé le contacte tous les jours, par précaution. 

Il tient à ajouter que la nourriture, parfois mise en cause sur les réseaux sociaux, n'est en aucun cas le problème des maux gastriques dont souffrent les randonneurs. Selon Jean Dominique Franchi, tous les plats sont préparés le jour-même, y compris la soupe et les lasagnes au brocciu. "Nous avons évidemment des chambres froides", rassure le gardien. Des informations que nous ont confirmées le Parc Naturel Régional de Corse (PNRC).

Une épidémie de gastro

Les investigations et analyses menées par l'Agence Régionale de Santé (ARS), ont conclu à "une épidémie de gastro-entérite due à un microbe très contagieux". Tout en précisant: "l'eau n'est pas forcément à l'origine de l'épidémie, mais elle peut être porteuse d’autres pathogènes. Ainsi, il est fortement recommandé de traiter ou filtrer l'eau avant consommation par mesure de précaution".

Selon l'ARS, "les premiers résultats des investigations indiquent que l'épidémie semble être principalement causée par un virus, probablement le norovirus. Le norovirus provoque une gastroentérite aiguë pendant 2 à 3 jours en moyenne et sans complication. Le norovirus se transmet facilement de personne à personne, par exemple lors des vomissements, de fines gouttelettes projetées dans l’air peuvent se déposer sur des surfaces environnantes et les contaminer.

L'ARS explique qu'une personne peut s’infecter de plusieurs façons :

  • En ayant un contact direct avec une personne malade.
  • En touchant des surfaces ou des objets contaminés et en portant ensuite ses doigts à la bouche (surfaces, poignées ou robinets contaminés de la salle de toilette);
  • En mangeant des aliments ou en buvant des liquides contaminés (un manipulateur d’aliments malade qui contamine les aliments ou les boissons).

En raison de l'augmentation de ces cas de gastro-entérites sur le GR20, l'ARS a mis en ligne une courte vidéo pour sensibiliser les randonneurs aux bonnes pratiques à adopter pour limiter la propagation de l’épidémie.

Une polémique "infondée et infamante"

Ces résultats conduisent le gardien du refuge de l'Onda Jean Dominique Franchi à réaffirmer, par le biais de son avocat, Maître Julien Gasbaoui, le sérieux et le professionalisme dont il fait preuve, face à des accusations et une polémique jugées diffamatoires :

"S’il n’est pas possible de faire taire la rumeur, aussi infondée soit-elle, et dans un contexte de calomnie, il n’est pas inutile de rappeler l’essentiel comme l’a fait l’ARS : les premiers résultats des investigations indiquent que l’épidémie semble être principalement causée par le virus, probablement le norovirus (…), explique Maître Gasbaoui. Il s’agit donc d’un virus manuporté."

"Plus de 100 personnes passent dans les gîtes chaque jour", ajoute l'avocat. "Sont mis à leur disposition l’ensemble des dispositifs d’hygiène et il se trouve que, chez mon client comme ailleurs, des personnes malades ont pu en contaminer d’autres. Mais cela n’a aucun lien ni avec l’eau ni avec les repas servis sur place. Les responsables de gîtes en général et M. Franchi en particulier ne cessent de mettre en garde les usagers, aussi bien sur les questions d’hygiène que sur les questions liées aux précautions élémentaires en période de canicule. Imputer, sur le fondement de déclarations péremptoires et contraires à celles des autorités sanitaires, la responsabilité des symptômes décrits relève de la diffamation. 

 Maître Gasbaoui rappelle également que "le gîte de l’Onda accueille, chaque année et depuis 30 ans, des centaines de randonneurs, satisfaits et heureux de parcourir le GR 20. Cette polémique, totalement infondée, et infamante pour Monsieur Franchi, est en réalité contreproductive pour tous ; il convient donc d’y mettre un terme en s’en tenant aux faits et aux analyses des autorités compétentes."

Les recommandations du PNRC

Alerté, le parc naturel régional de Corse (PNRC) a décidé de publier un post sur les réseaux sociaux ce vendredi 12 juillet, dans la soirée. "L'eau de montagne n'est pas contrôlée, il peut y avoir un animal mort au-dessus qui entraînerait la contamination de la rivière. Il est impossible pour l'ARS (L'Agence Régionale de Santé) de contrôler toutes les sources, toutes les semaines", indique Barbara Ferrandi, du Parc National Régional de Corse.

Dans un message de prévention, le PNR Corse conseille vivement aux marcheurs d'être vigilant quant à l'utilisation de l'eau sur le sentier du GR20. "Si les sportifs souhaitent consommer l'eau des rivières, il est impératif de la filtrer soit avec une gourde filtrante soit avec des pastilles", précise Barbara Ferrandi. 

Si les randonneurs se sont lancés sur le GR20 sans pastille ni gourde filtrante, de l'eau potable est toujours disponible à la vente dans les refuges. Attention toutefois à l'eau du robinet, en libre-service dans les refuges, car celle-ci "n'est pas contrôlée. Un affichage est d'ailleurs fait en ce sens dans chaque refuge", rappelle le PNRC dans son post Facebook. 

Enfin, il a été donné pour consigne aux refuges gérés par le PRNC de "renforcer le nettoyage notamment les toilettes et des zones particulièrement touchées" (poignée de porte et interrupteur).

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