Dans le cadre d'un "tour des régions", Sébastien Windsor, président de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture, est en visite en Corse ces 9 et 10 mars. Il aborde dans un entretien les thématiques auxquelles l'agriculture insulaire doit faire face.
Prendre le pouls de l'agriculture corse. Dans un contexte politique et sanitaire particulier, le président de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA), Sébastien Windsor, effectue une visite de deux jours, les 9 et 10 mars, dans l'île.
Dans un entretien accordé à France 3 Corse ViaStella, il est revenu sur les enjeux majeurs auxquels l'agriculture insulaire est confrontée.
- Mise sous tutelle de la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud
Le 28 décembre dernier, le préfet de région a placé la chambre d'agriculture de Corse-du-Sud sous tutelle renforcée de l'État. En cause, des budgets annuels dégradés, en déficit depuis trois ans. "Il y a un engagement commun de faire un audit de la situation et de regarder la trajectoire à l'issue de cet audit. En fonction des résultats, le préfet pourrait lever la tutelle à condition que la chambre continue son engagement sur un retour à une situation financière plus saine", indique le président de l'APCA. Le sujet devait être abordé lors d'un entretien privé entre Pascal Lelarge, préfet de Corse, et Sébastien Windsor.
Néanmoins, le président de l'APCA estime que "sur leur mission d'accompagnement les chambres d'agricultures [insulaires] sont présentes sur le terrain, sont efficaces, et au rendez-vous." Il assure que certaines demandes établies lors des états généraux de l'alimentation, "où l'on demande à l'agriculture française de monter en gamme est en qualité", sont déjà entreprises en Corse. "Peut-être parce que l'île avait des handicaps et qu'elle a essayé de transformer ces handicaps en éléments de différenciation pour faire des produits de qualité", analyse Sébastien Windsor.
- Négociations commerciales annuelles avec la grande distribution
Alors que les négociations commerciales annuelles avec la grande distribution sont closes, Sébastien Windsor regrette de "ne pas être totalement au rendez-vous". "Il y avait une demande de baisse des prix alors qu'on sait que les coûts de production pour les agriculteurs ont augmenté cette année."
Selon le président de l'APCA, "il y a besoin de prendre conscience que l'agriculture française et en particulier celle de Corse fait des produits de qualité. Elle fait des produits complètements différents de ce qui va se faire si on apporte demain de Chine du porc fait dans des usines où il y a 13 étages par rapport aux cochons qui sont nourris en plein air ici."
Il attend que la grande distribution ne mette "pas seulement en avant le prix, mais aussi la qualité des produits issus de l'agriculture française et en particulier dans cette région où il y a de vrais éléments de différenciation et de qualité."
- Négociations de la future politique agricole commune (Pac)
La nouvelle Pac 2021-2027 est toujours en cours de négociations. Si des questions se posent quant à la prise en compte des spécificités corses et sur les modes de calcul de ces aides, Sébastien Windsor préfère pour l'heure ne pas s'avancer. "Ce qui est sûr, c'est qu'on a une baisse budgétaire avec le départ du Royaume-Uni. Quasiment toutes les régions de France vont voir leur budget autour de la Pac baisser", assure-t-il.
Il espère cependant que la nouvelle Pac sera en capacité d'accompagner les agriculteurs afin qu'ils puissent adapter leurs exploitations aux changements climatiques et ainsi répondre aux demandes sociétales.
- Les conséquences de la crise du coronavirus sur l'agriculture corse
Selon Sébastien Windsor, la crise de la Covid19 a permis de mettre en exergue "un besoin de trouver d'autres circuits de distribution." Conséquence majeure de la crise sanitaire sur l'agriculture : "une baisse de chiffres d'affaires en particulier sur la consommation de produits un peu plus haut de gamme." Les vins corses ont ainsi perdu près de 10 % de leurs chiffre d'affaires.
Mais la Covid19 a permis de développer certains modes de consommation. "Les gens sont allés un peu plus sur les circuits courts ou vers l'achat en direct aux producteurs." Pour le président de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture, la crise sanitaire a "fait prendre conscience que la souveraineté alimentaire reste un vrai enjeu, qu'il y a une agriculture autour de chez eux qui a le mérite de leur fournir des produits au quotidien et que ça a une certaine valeur. Ca remet donc en avant ce consentement à payer pour avoir des produits français."