Grève du 22 mars : Cathy et Anne-Marie, fonctionnaires et militantes, prêtes à battre le pavé

Ils ont le sentiment souvent d'être déconsidérés. Plusieurs syndicats appellent à une journée nationale d'action des fonctionnaires demain, jeudi. Grève et manifestation sont programmées dont à Bastia et Ajaccio. L'enjeu est de peser sur les réformes du gouvernement et défendre leur statut.

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Veille de manifestation au local de la CGT. C'est là que l'intersyndicale se prépare. Cathy, 56 ans, est militante depuis ses 18 ans. Fonctionnaire à la trésorerie principale d'Ajaccio, elle ne rate jamais l'occasion d'occuper la rue. Mais dans son service elle sent que jeudi elle ne sera pas seule.

« Là, je sens mes collègues beaucoup plus mobilisés qu’en temps normal. Parce qu’avec les fermetures de trésoreries, les réductions drastiques de personnel au sein de nos services, on a beaucoup de collègues en souffrance. On sent une souffrance, on ne peut plus remplir nos missions », affirme Cathy Paolini, contrôleur des finances publiques.



Correctrice d’erreurs


Ce sentiment de ras-le-bol viendrait donc de loin, d'un changement imposé sans dialogue. Aux services des impôts, les réorganisations, représentent 40 postes de travail en moins depuis 10 ans. L'informatisation aussi a bouleversé le métier d'Anne. Souvent, elle se sent juste correctrice d'erreurs.

« On a perdu de notre technicité. On réfléchissait, on avait des dossiers un peu plus importants. On n’avait pas d’informatique donc quand on saisissait une déclaration, on voyait ce qu’on saisissait tandis que maintenant, c’est tout par le biais informatique. Et on ne les traite plus que quand elles arrivent en anomalie. Ça ne nous déprime pas, mais ça ne nous rend pas satisfaits », explique Anne-Marie Sereni, agent au service des impôts des entreprises.

« Ils pensent que la lutte ne sert à rien »


Pas satisfaite non plus, Cathy, par la vie dans la ville, les inégalités qui montent partout et l'immense difficulté à mobiliser les jeunes, à mobiliser les gens. « On a l’impression qu'ils ne se sentent pas concernés. Que la retraite, c’est loin et surtout, on a l’impression qu’ils sont complètement démotivés. On dirait qu’ils pensent que la lutte ne sert à rien. Et pourtant les acquis sociaux qu’on est en train de remettre en cause, ce sont nos anciens par leur lutte », regrette-t-elle.

La mémoire de ces luttes, comme celle de 1995 par exemple, contre la loi Juppé, alimentera-t-elle demain le besoin de retrouvailles de tous les fonctionnaires dans la rue ? À voir. Car depuis le STC est devenu majoritaire dans les fonctions publiques et il n'appelle pas à manifester contre les projets sociaux d'Emmanuel Macron.


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