80 ans de la libération de la Corse : 4 octobre 1943, le jour où Bastia, dernier refuge des Allemands, est tombé

Toute la Corse, en un mois, a été libérée. Ne reste que Bastia, toujours occupé par la Wehrmacht, et porte de sortie des troupes allemandes. Après la prise des cols alentour, la ville va à son tour être libérée, scellant la fin d'une occupation de près d'un an.

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Fin septembre 1943, les Allemands sont en mauvaise posture.

Depuis la conquête d'Ajaccio, le 9 septembre, par les troupes de libération et les résistants, les occupants n'ont cessé de céder du terrain. Et ils n'ont plus qu'une chose en tête : quitter l'île, en protégeant du mieux possible leur retraite.

Pour cela, ils se dirigent vers Bastia. Son port est situé face aux côtes italiennes, à 80 kilomètres à peine de Livourne, et sa taille permet d'embarquer les engins lourds. L'évacuation se fera par là.

D'autant qu'ils n'ont guère le choix. Bastia est l'un des derniers endroits aux mains des Allemands.

Une première libération

Pourtant, la ville avait déjà été libérée, brièvement, le 9 septembre, dans la foulée de l'Armistice signée par l'Italie. La SS Reichsführer et la 90ePanzer division avaient tenté de mettre la main sur les bateaux de leurs alliés de la veille, à quai dans le port de Bastia, mais les soldats italiens entendaient bien ne pas se laisser faire.

Le 8 septembre au soir, des combats avaient éclaté, tournant à l'avantage de ces derniers.

Les résistants corses du Front national, qui n'attendaient que cela depuis des jours, avaient profité du chaos qui s'était emparé des environs du port.

Au matin du 9 septembre, Begnini, Micheli et les autres, sans attendre les soldats débarqués dans le sud de l'île, passaient à l'action, occupaient la mairie et la sous-préfecture, et libéraient la ville.

Mais la Wermacht n'avait pas dit son dernier mot. Très vite, les Allemands, décidés à reprendre le contrôle de la ville, livraient bataille à Cazamozza, au sud de la ville, avant d'avancer jusqu'à Bastia, malgré les nombreuses escarmouches qui émaillaient leur progression. Le 13 septembre au soir, le drapeau à croix gammée flottait de nouveau sur le port de Bastia.

Et les occupants, de retour, allaient faire payer aux Bastiais leur insurrection.

Ces derniers étaient confinés chez eux vingt-trois heures sur vingt-quatre. Ils ne pouvaient sortir dans les rues que de 11 heures à 12 heures. Et leur quotidien était rythmé par les bombardements aériens des alliés, qui savaient parfaitement que c'était à Bastia que pourrait se sceller définitivement la libération de la Corse...

Assaut final

Un peu plus de deux semaines après le retour des Allemands à Bastia, les troupes alliées approchent de la ville, par l'ouest, le sud et le nord. La bataille de Bastia, qui va durer plusieurs jours, du 27 septembre au 4 octobre, va débuter.

Les troupes marocaines, les tirailleurs et les goumiers, habitués à combattre en zone montagneuse, attaquent par les cols environnants, à San Stefano, à San Leonardo, Teghime, tandis que, au nord de la ville, le 1er Choc et les résistants libèrent le Cap Corse. Des défaites qui font très mal aux troupes allemandes. "Qui prend le col, prend Bastia", commentera, dès décennies plus tard, Georges Tardieu, délégué Général du Souvenir Français en Corse. 

Le 4 octobre, au matin, c'est l'assaut final, dans les rues de Bastia. Le 73e goum et le 6e Tabor entrent en ville à 5h45, suivis du bataillon de choc et du 1er RTM, puis de l'escadron de reconnaissance du 4e RSM.

La ville est libérée, mais la guerre n'est pas pour autant finie.

À 8 heures, l'US Air Force, qui n'était pas au courant de l'avancée des troupes de libération, bombarde le port de Bastia, détruisant plusieurs bâtiments, et faisant des centaines de victimes civiles.

Le lendemain, ce sont les bombardiers allemands qui, comme un douloureux cadeau d'adieu, larguent d'autres bombes sur la ville.

Le prix à payer pour la liberté est lourd. Après un mois de batailles, la ville est ravagée, du cimetière, au sud de la ville, jusqu'à port. Plus de 700 immeubles ont été touchés, une grande partie démolis par les bombes et les tirs d'artillerie. Le réseau ferroviaire n'est plus opérationnel, tout comme le port, qui mettra des années à retrouver le trafic qui était le sien avant la guerre...

Mais avec la libération de Bastia, c'est toute la Corse qui est enfin libre, après 11 mois d'occupation. 

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