Le quadragénaire bastiais a été greffé du coeur en 2021 à la Timone. Et aujourd'hui, il savoure chaque heure, en n'oubliant jamais la famille qui a permis la transplantation.
Quand il avait 9 ans, la mère de Benoît Filippi est morte d'un cancer généralisé. Et elle a légué son corps à la science. Pour l'enfant qu'il était, c'était une décision difficile à comprendre. "D'autant que l'on ne vous rend pas le corps, bien sûr, contrairement à un don d'organes..." Mais aujourd'hui, alors qu'il a bénéficié d'une greffe qui a changé sa vie, il comprend à quel point le choix de sa mère était généreux.
Benoît Filippi a passé une bonne partie de la journée dans le hall du centre hospitalier de Bastia, au stand de sensibilisation du don d'organes, pour partager son expérience et rendre plus palpable la réalité des patients en attente de transplantation.
À quand remonte votre greffe du cœur ?
J'ai été greffé en 2021. Ça fait exactement 27 mois. Avant ça, ma vie était dans la balance. Pendant deux ans et demi, on m'avait posé un cœur artificiel à la Timone. En tout, cette greffe, je l'ai attendue pendant dix ans.
L'attente a été longue. Vous avez parfois perdu espoir ?
Jamais. J'étais très bien entouré, les médecins qui s'occupaient de moi m'ont chouchouté, et même plus que ça. On envisageait une seule option, la réussite.
Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à une famille endeuillée, qui a eu la générosité de penser aux autres.
Quand c'est arrivé, vous avez ressenti quoi ?
C'est indescriptible. Réentendre un cœur battre dans sa cage thoracique, c'est très impressionnant.
Mais l'opération a également des conséquences plus lourdes...
Évidemment, il y a des contrôles constants, je suis astreint à prendre beaucoup de médicaments, les anti-rejets nécessaires. Mais je suis encore là pour témoigner de cela, et c'est le plus important. On ne ressort pas indemne de ces expériences, mais ça fait partie du jeu de la vie, et ça incite à prendre du recul sur tout le reste.
Vous savez qui est votre donneur ?
Non, on n'a pas de contacts avec la famille. Mais j'ai eu de la chance, j'ai bénéficié d'un greffon extraordinaire. Le professeur qui m'a opéré m'a dit que le donneur était très sain, ne fumait pas, ne buvait pas, était sportif...
Aujourd'hui, vous tenez à partager votre expérience, pourquoi ?
Je voulais souligner la générosité de cette famille. Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à elle. Depuis qu'on m'a appelé, un 10 mars, pour me dire qu'on allait me greffer le lendemain, j'ai toujours ressenti beaucoup de gratitude pour eux. Cette famille était endeuillée, elle était dans la plus grande souffrance, et malgré tout, elle a accepté de donner le corps d'un de ses proches pour qu'il puisse sauver des gens, et j'en fais partie. C'est très rare, dans ces cas-là, de penser à donner. Et c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont donné une vie...