Renaissance du club de foot de Toga, à bastia : "on ne peut pas tout faire comme avant, mais le plus important c'est de rester fidèles à nos valeurs"

Jacques Pianelli a vécu toute l'histoire du club de Toga aux premières loges, depuis sa création en 1977 à sa disparition au début des années 2000. En 2023, avec d'autres anciens, il a voulu redonner vie à ce club de quartier qui a marqué le football insulaire. Et c'est une réussite. Alors que la nouvelle saison débute, nous avons rencontré le président du TFCB, Jacques Pianelli.

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Jacques Pianelli, en septembre 1977, signait les deux buts qui permettaient au tout jeune TFCB d'arracher l'égalisation face à l'ogre SECB, pour son tout premier match officiel.

Près de 50 ans plus tard, le sexagénaire ajuste sa casquette aux couleurs du Toga Football Club Bastia, au pied des immeubles du quartier de Toga, où se trouve le stade historique du club.

Désormais, il est le président du TFCB qui, pour tout le monde, ou presque, était de l'histoire ancienne. Mais qu'il a ressuscité, durant l'été 2023, avec quelques autres passionnés.

Autour de lui, quelques formateurs s'agitent, plots en main. Dans quelques minutes l'entraînement va débuter. Au dos de leur tee-shirt, dont les couleurs évoquent irrésistiblement celles de la Fiorentina, une inscription qui sonne comme un cri de ralliement : Un carrughju, una storia, una ghjuventù. 

Pour les habitants du quartier de Toga, qui n'espéraient pas un tel retour, c'est "un miracle".

Pour les dirigeants, c'est un défi de taille, mais également le début d'une aventure qui s'annonce exaltante.

Entretien avec Jacques Pianelli

Si on vous avait dit, il y a quelques années, que le club de Toga renaîtrait de ses cendres, vous l'auriez cru ?
Sûrement pas. Ça me semblait mission impossible. Pour moi, tout avait changé, les mentalités, la manière de fonctionner... Le CAB avait absorbé ce qui restait du club de Toga au début des années 2000, et une page s'était définitivement tournée avec sa disparition.

Ça vous manquait, cette époque ?
Disons que quand j'allais voir jouer des gamins, ou des seniors, ces derniers temps, je me faisais souvent la réflexion que ce n'était plus la même ambiance. Je ne pouvais m'empêcher de faire le parallèle avec ce que j'avais connu, et je ne pouvais pas m'empêcher non plus de me dire que c'était mieux avant (sourire). Mais je me disais aussi que c'était impossible de revenir en arrière.

Et pourtant, c'est ce que vous essayez de faire, d'une certaine manière, non ?
C'est vrai que quand on a recréé le club, on a essayé de réunir tous les ingrédients pour que ça redevienne comme avant. Même si les décennies ont passé, et que tout est moins facile. Avant, pour une licence, il fallait un stylo, une photo d'identité et deux minutes ! Maintenant, il faut une connexion internet, une tablette, un QR code... On ne peut pas tout faire comme avant, mais vivre au quotidien avec certaines valeurs conformes à l'histoire du club, c'est possible.

Nostalgie

Quelles sont ces valeurs ?
Fonctionner comme une famille. C'est ce qu'on était, à Toga. On ne faisait pas les choses mieux que les autres, je ne dirais pas ça. Mais, à notre manière, on a marqué les esprits. Régulièrement, durant les vingt-cinq ans où le club a été en sommeil, je croisais des gens qui m'en parlaient. Qui avaient besoin de partager leurs souvenirs. C'était quelque chose, le club de Toga. À un moment, on était 450 licenciés ! C'est beaucoup, pour un club amateur... En 86, 87 et 90, on a été le plus gros club de l'île.

Pour être fidèle à cela, vous avez cherché à vous appuyer sur des anciens ?
L'année dernière, quand le club a signé son retour, on est allés chercher des gens qui avaient connu cette époque. Le temps a passé, chacun, aujourd'hui, a sa vie. Mais tous nous ont encouragés. Et certains, comme Stéphane Papi, ou Gilles Secchi, nous ont rejoints. On a constitué un petit noyau de dirigeants, qui s’est vite étoffé avec de nouveaux venus.

On est passé de 70 licenciés l'année dernière à 140 cette année

C'est pareil du côté des formateurs ?
Pierre-Paul Miniconi, l'entraîneur général, est un nouveau venu. Je ne le connaissais pas, mais très vite, on a constaté qu'on avait la même philosophie, la même vision des choses. À son côté il y a les anciens joueurs de Toga, comme Hervé Biaggi, René Vendasi, ou encore Jean-Marie Ferri. Avec le CV qu'il a, il est revenu au bercail pour entraîner les moins de 11 ! C'est extraordinaire...

Et puis il y a Jérémy Venturi, l'entraîneur emblématique des petits du club de Toga durant des décennies...
Jérémy, c'était l'une de mes priorités, l'année dernière. On voulait absolument s'appuyer sur lui. Mais il donnait un coup de main à l'ECB, l'Espoir Club Bastia. On s'est revu il y a quelques mois, à la fin de la saison, et on est tombés d'accord en deux minutes. On voit les choses de la même manière. Il faut le voir, aujourd'hui encore, sur le terrain. Il vit ses séances comme au premier jour !

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Jérémy Venturi fait découvrir le football aux jeunes pratiquants, dans son style inimitable. ©Sébastien Bonifay / FTV

Quel bilan vous tirez de cette première saison ? 
On est passé de 70 licenciés l'année dernière à 140 cette année. Cette saison, les inscriptions sont déjà closes. On ne peut plus prendre de licenciés. On ne pourrait pas les accueillir dans les meilleures conditions. Si on prend des gosses pour ne pas les faire jouer, ça n'a aucun sens. On a également étoffé l'équipe dirigeante, le staff technique, et on a une équipe senior qui évoluera en R4. Enfin, on a ouvert une section pour les plus anciens, le foot en marchant ! Et tous les mois, on publie un journal gratuit, pour tisser des liens encore plus forts au sein de la communauté TFCB...

Il y a un aspect culturel que l'on tient à développer, et on va y arriver !

Et puis il y a ce stade, au cœur du quartier de Toga...
Pour moi, c'est la matière première de ce projet. Un stade en plein centre-ville, ça change beaucoup de choses. Il y a des enfants qui habitent à Toga, qui voulaient jouer en club, et dont les parents n'avaient pas les moyens de les emmener à Biguglia, à Borgo ou à Miomo. Aujourd'hui, ils peuvent jouer, et ils peuvent venir à l'entraînement à pieds.

C'est pour ça que le maillot du club est floqué de l'inscription Intra-muros ?
Ah, vous avez remarqué ! Oui, on a tenu à l'inscrire sous le numéro des maillots. C'est ce que l'on est. Le seul club du centre-ville, jusqu'à Lupino.

Plus qu'un terrain de sport, c'est également un lieu de rencontre, et de sociabilité, ce stade ?
Lorsque l'on a présenté le projet aux élus, on a bien sûr axé sur le côté sportif, mais on a précisé très vite que l'un des objectifs des dirigeants, c'était de faire vivre l'endroit autrement, d'organiser des soirées musicales, de faire venir des groupes... On va faire des lotos, aussi, le dimanche après-midi. Il y a un aspect culturel que l'on tient à développer, et on va y arriver.

Découvrez le reportage de Paul Salort et Enzo Giugliano : 

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