Mardi, une mère d’élève a menacé de mort un professeur du collège Giraud de Bastia. Des faits révélés jeudi 7 décembre et qui suscitent de vives réactions politiques et de nombreux débrayages d’enseignants. Ils réclament des mesures fortes.
Nouveau débrayage des professeurs du collège Giraud ce vendredi 8 décembre au matin. Une grève d’une heure en soutien à leur collègue d’histoire-géographie menacé de mort mardi.
Les faits se sont déroulés durant une réunion parents professeurs d’une classe de quatrième. La mère de famille et l’enseignant auraient un contentieux plus ancien. Selon elle, l’homme aurait mis un coup de pied à son fils il y a deux ans. Des faits niés par le professeur.
Mardi soir, la réunion a exacerbé la tension devant témoin, et la mère de famille l’aurait menacé de l’égorger. « Très vite, le professeur m’a prévenu. Je l’ai très vite rassuré et je lui ai fait part de la protection fonctionnelle dont il bénéficiait. Et au nom de l’institution, je suis allé déposer plainte », explique Guy-Marc Nicolai, principal du collège Giraud.
Le reportage d'Elise Regaud et Thyphaine Urtizverea :
« Il va falloir une réflexion au niveau local sur la protection des enseignants »
Contacté, le professeur concerné n’a pas porté plainte et est actuellement en retrait de l’établissement. Malgré tout, les réactions s’enchaînent chez les professeurs, les mouvements politiques ou encore les syndicats. « Un enseignant qui est menacé d’égorgement, ce n’est pas anodin dans le contexte actuel, même si dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’une dimension d’ordre terroriste ou religieuse. Mais je pense qu’il va falloir qu’on ait une véritable réflexion au niveau local, de l’académie de Corse, mais c’est bien évidemment la problématique nationale, sur la protection des enseignants qui sont de plus en plus confrontés à des formes de violence parfois très dures », estime Jean-Pierre Luciani, secrétaire national du STC Éducation.
François Buttafoghi, représentant du SNES-FSU, complète : « Il est inadmissible d’être menacé a fortiori dans un établissement scolaire où l’on prône le respect de l’autre. À la très grande majorité, les parents soutiennent les enseignants. Ils sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants. »
"On dit que j'ai sali la Corse"
Et alors que tous s’insurgent, la mère de famille a souhaité expliquer au micro de France 3 Corse ViaStella sa version des faits et exprimer ses regrets.
« J’ai dit à la professeure qui l’accompagne que je préfère ne pas parler au professeur d’histoire-géo sans la présence du principal et que je préfère discuter avec elle. On me dit alors que le rendez-vous est fini pour moi et que la réunion est finie. Il me répond qu’il faut oublier les faits d’il y a deux ans. Quand ils m’ont dit qu’il fallait oublier les choses, j’ai pété un câble. Je regrette les mots parce que sur le coup, je n’ai pas pensé à ce qui se passait dans d’autres villes. Si je lis ce qu’il y a écrit sur les réseaux, dans un sens, on dit que j’ai sali la Corse. Oui, c’est vrai, c’est des mots qui n’ont pas à être dits », déplore-t-elle.
Une enquête est ouverte. Pour ces faits, elle risque 5 ans d’emprisonnement. C’est la deuxième fois qu’un établissement insulaire dépose plainte suite à des menaces cette année. Un appel à débrayage a été lancé par le STC ce lundi pour toutes les écoles de l’île.