Sur l'île, comme dans tout le pourtour méditerranéen, on a dû apprendre à composer avec ces bêtes translucides et gluantes qui provoquent régulièrement des cris de douleur, et de surprise, sur les plages. Mais cette année, il semblerait qu'elles soient arrivées plus tôt que d'habitude. Et en masse.
Julian serre les dents, pendant que sa mère applique la crème qu'elle est allée chercher, en catastrophe, dans la peitte cabane de secouristes au bout de la plage. Et pas une plainte ne sort de sa bouche.Mais le regard est humide.
Les grands garçons ne pleurent pas, c'est bien connu. Mais nul doute que le petit garçon à la blonde coupe au bol doit se dire, dans un coin de sa tête, qu'à 8 ans, quand on vient de se faire piquer par une méduse, quelques larmes, ce devrait être autorisé.
Il plongeait avec ses amis de l'un des rochers de la plage du Flenu, à Pietranera, quand une douleur fulgurante s'est répandue de l'intérieur de son coude jusqu'à son épaule. Une décharge électrique qui s'est transformée, peu à peu en une brûlure intense, et qui ne passe pas vraiment, malgré la crème.
Marie-France, une jeune femme, pharmacienne en vacances, s'est approchée, et elle répète à la mère de Julian : "même si ca ne fait plus mal demain, continuez de lui mettre de la crème tous les jours pendant au moins une semaine. Sinon les marques vont rester, et dans quelques jours ça le démangera terriblement."
Des fragments de filaments sous la peau
En effet, ce n'est pas parce que la douleur, qui parfois peut disparaître en quelques heures, n'est plus là que s'en est fini de la mésaventure. Des fragments de filaments, qui se sont glissés sous la peau lors du contact avec les tentacules, ont injecté la substance toxique, mais de surcroît, ils se sont arrimés à l'épiderme grâce à de petits crochets. Et donc, si on ne les retire pas, ils peuvent continuer à provoquer des sensations désagréables...Lorsque Julian s'est fait piquer, quelques baigneuses et baigneurs se sont empressés de quitter l'eau, mais cela n'a pas duré longtemps.
Une dizaine de minutes après tout le monde se baignait de nouveau, en jetant quand même de temps en temps quelques coups d'oeil aux alentours, pour se donner bonne conscience.
En Corse, si l'on veut se baigner, il faut faire avec.
Et cette année ça a commencé très tôt.
Aux îles Sanguinaires à Ajaccio, mais particulièrement sur la côte est, et dans le Cap Corse.
L'une des raisons, pour les spécialistes de l'institut de la mer de Villefranche-sur-mer, c'est "le changement du régime des vents, en provenance notamment de la côte ligure".
L'autre, classique, c'est la montée de la température des eaux, plus précoce que d'habitude, en raison de la canicule de mi-juin.
Les courants marins entre l'Italie et la Corse ramènent les méduses vers nos côtes
Il est difficile de les quantifier, mais leur présence est de plus en plus régulière, et cet été, de l'avis général, il y en a énormément.Les paillotistes, les secouristes, ou les pharmaciens, qui voient défiler les victimes, ont tous la même impression.
Il y a 200 espèces de méduses recensées en Méditerranée, mais la plus fréquemment croisée, surtout en Corse, c'est la pelagia nocticluca.
Un animal qui a un avantage sur les vacanciers.
Peu importent les hordes de touristes qui sont contraintes de se coller les uns les autres sur les plages, les méduses, elles, auront toujours suffisamment de place pour profiter de l'eau turquoise des plages corses...
Ce qu'il faut faire en cas de piqûre : cliquer ici
Ce qu'il ne faut pas faire :
Ne pas rincer la piqûre avec de l'eau douce, et ne pas se gratter, cela libèrerait le venin.
Ne pas sucer la blessure.
Ne pas appliquer d'alcool.
Et, malgré les légendes balnéaires que tout le monde a entendu au moins cent fois, ne pas uriner sur la piqûre ! C'est le meilleur moyen de provoquer une surinfection.