Sur les cinquante nouveaux capésiens certifiés vivant en Corse, seule une dizaine a obtenu un poste dans l’île. Un constat amer, surtout pour les jeunes enseignants bilingues.
Pauline Paldacci et Aude Bataillard ont passé une bonne partie de leurs études à l’université de Corte. L'une vient de décrocher son Capes de SVT, l'autre, son Capes d'anglais. Elles ont appris il y a quelques jours le lieu de leur titularisation.
Et la déception est amère : la première est envoyée à Créteil, l’autre à Nice. Pour Aude Bataillard c’est l’incompréhension:
D’autant plus que les deux jeunes filles sont bilingues et peuvent enseigner leur matière en langue corse. Pour Dominique Verdoni, la directrice de l'Ecole supérieure du professorat de Corte, les muter sur le continent est illogique:J’étais surprise parce que je sais qu’il y a de réels besoins. J’ai fait tout mon cursus universitaire ici donc je ne comprends pas pourquoi on m’envoie à Nice plutôt que de me garder ici.
On investit beaucoup dans la formation pour répondre à l’employeur qui veut augmenter le nombre de bilingues. […] Mais si on investit dans le bilinguisme et qu’à la sortie les professeurs partent, je ne vois pas comment on pourrait former des bilingues si les enseignants ne sont pas bilingues !
Renflouer les grosses académies
Le problème vient des grosses académies qui manquent de professeurs telles que Créteil: à la rentrée, 1600 postes n'y seront pas pourvus.
Mais pour le rectorat, la raison principale réside dans le manque de postes en Corse, même pour les enseignants bilingues.
Pauline Paldacci et Aude Bataillard, n'ont pas renoncé à se faire entendre. Si elles n'obtiennent pas un poste en Corse, elles envisagent de former un collectif avec les autres certifiés mutés sur le continent.Nous accompagnons lorsqu’il y a des effectifs [de professeurs bilingues] suffisants pour faire des filières adéquates. Lorsqu’il n’y en a pas, on les affecte sans qu’il y ait des besoins d’enseignement en bilingue. Mais on part de la demande sociale.