Le Moyen-Age corse, c'est un millénaire d'Histoire, riche, mais trop souvent ignorée, ou délaissée par les chercheurs. L'exposition "Lieux de mémoire de la Corse médiévale", durant un mois à Corte, veut faire découvrir aux insulaires une partie de leur patrimoine historique.
Trop souvent dans l'ombre du XVIIIème siècle insulaire, qui attire historiens et amateurs d'Histoire, la période médiévale corse est encore trop peu connue.
Mais ce n'est pas uniquement en raison de l'importance prise par la période paoline.
Cette période pâtit de l'absence d'archives locales, et d'une mémoire qui est, pour beaucoup, orale.
"Les lieux de mémoire de la Corse médiévale", l'exposition qui se tient à l'université de Corse durant un mois va tenter de redonner à ces siècles encore trop obscurs pour le grand public, toute l'attention qu'ils méritent.
Une époque historique trop souvent ignorée
Les commissaires d'exposition, Jean-André Cancellieri, professeur émérite, et Vannina Marchi Van Cauwelaert, Maître de conférences, ont voulu replacer la Corse médiévale dans l'espace méditerranéen, en croisant les sources à leur disposition, souvent entreposées sur le continent, en Italie ou en Espagne.Mais également valoriser l'histoire de cette période à travers des lieux emblématiques, dans une perspective de patrimonialisation.
L'exposition est le résultat de près de vingt ans de recherches.
Selon Vannina Marchi Van Cauwelaert, "on a un patrimoine très riche, très présent sur l'ensemble du territoire, mais il reste peu connu. C'est le rôle des historiens aujourd'hui de rendre intelligibles ces traces pour le grand public".
L'exposition présentera des documents d'archives et des objet d'époque. Après un mois à Corte, elle devrait voyager dans le reste de l'île.
De quoi révéler aux Corses les trésors cachés du territoire, qui recèle plus de 300 fortifications médiévales.
Et puis encore, de vraiment s'y intéresser, pour s'approprier ca patrimoine.
C'est cela, qui est le plus important, selon Patrick Boucheron.
L'historien, professeur au Collège de France, et président du conseil scientifique de l'Ecole française de Rome, est l'un des plus éminents spécialistes français du Moyen-Age, particulièrement italien.Donner à voir un patrimoine, c'est donner à l'aimer, et l'aimer, c'est vouloir en prendre soin
Il était en Corse durant le week-end pour donner une conférence dans le cadre de la chaire Paul valery.
Pour lui, "l'exposition adresse aux Corses un double discours. Le premier c'est : Regardez. Et le deuxième, c'est : Préservez.
Regardez, parce qu'il y a plus de choses que vous ne le pensez, et pour le voir il faut d'une certaine manière lever les yeux. Mais une fois que l'on a repéré, disons par exemple le patrimoine monumental, les églises romanes, etc, il y a ensuite un effort de préservation à faire.
Préservation ça ne veut pas uniquement dire conserver. Ca veut dire donner à voir, rendre visible.
Au fond, c'est normal que l'on ne prenne pas soin d'un passé s'il n'est pas vu, s'il n'est pas manifeste.
Les travail des historiens et des historiennes de métier, c'est de donner à voir, et une fois qu'on a donné à voir, on peut commencer à donner à aimer.
Et une fois que l'on aime quelque chose, on peut vouloir en prendre soin..."