Le Corsica Sera fête le 16 décembre prochain ses 40 ans. L'occasion de mener une réflexion sur l'avenir de la télévision régionale, entre montée du numérique, sauvegarde de la langue corse et information de proximité. Des assises sont organisées dans ce cadre ce mercredi à Corte.
16 décembre 1982, il est 19h20. Les notes du premier générique de la première émission Corsica Sera résonnent sur les télévisions des spectateurs insulaires, avant de retrouver en plateau le premier présentateur. "Ça y est, nous y sommes", lance Jean-Marc Leccia.
C'est l'avènement de longues années de combats, des journalistes notamment, pour une "diffusion spécifique à l'île" : le lancement officiel du 25e journal télévisé régional déployé sur le réseau de "FR3", soit le premier journal quotidien présenté en direct depuis la Corse.
Au programme, une page d'actualité de 20 minutes, diffusée de 19h20 à 19h40, du lundi au samedi soir inclus. Avec pour objectif, détaille ce grand soir d'ouverture Sampiero Sanguinetti, alors rédacteur en chef, de "rapporter ce qui s'est passé dans la journée".
Cela par le biais de reportages "assez courts, car nous ne pouvons pas développer toutes les informations, et puis un ou deux dossiers, qui seront des informations du jour ou de la vie générale en Corse que nous développons."
S'adapter aux attentes des téléspectateurs
Presque 40 ans ont passé, et au Corsica Sera sont venus s'ajouter deux autres grands rendez-vous d'informations, le Corsica Prima, édition bilingue, et le Nutiziale, en langue corse.
Le 19 septembre 2007, ViaStella -prolongation satellitaire de France 3 Corse - a vu le jour, prolongeant les ambitions d'une information de proximité, et devenant la toute première télévision numérique régionale.
En quatre décennies, la musique du générique du JT a changé, les présentateurs aussi. Les reportages diffusés le restent au regard de l'évolution de la société insulaire et de ses préoccupations : les problématiques et sujets de discussions d'hier sont parfois encore ceux d'aujourd'hui, d'autres sont à l'inverse nés au fil des années.
S'adapter aux attentes des téléspectateurs, en tant que média de service public, et plus encore en tant que média de proximité, c'est tout l'enjeu aujourd'hui pour France 3 Corse ViaStella, indique Sylvie Acquaviva. Directrice territoriale de la chaîne, elle a inauguré, ce mercredi 30 novembre, les premières assises de la télévision régionale, organisées à l'Université de Corte.
Aujourd'hui, nous pouvons considérer que le Corsica Sera, c'est une institution dès lors que nous rentrons dans le foyer des insulaires.
Sylvie Acquaviva, directrice territoriale France 3 Corse ViaStella
Le choix de la faculté de Corse pour accueillir ce rendez-vous n'a pas été fait au hasard, assure Sylvie Acquaviva.
"Les liens qui unissent l'Université avec France 3 Corse sont anciens, parce que nous avons une histoire commune par bien des aspects. Nous avons couvert l'histoire de la faculté qui a été bouleversée et bouleversante par bien des aspects, et nous sommes deux institutions. Parce qu'aujourd'hui, nous pouvons considérer que le Corsica Sera, c'est une institution dès lors que nous rentrons dans le foyer des insulaires, et depuis la création de ViaStella il y a une quinzaine d'années, au-delà."
Répondre au service public
L'objectif de ces assises : réfléchir, dans le cadre des 40 ans du Corsica Sera, et 15 ans de ViaStella, à l'avenir de la télévision régionale, par le biais de 4 ateliers de réflexion axés sur 4 thématiques : la nécessité d'une télévision régionale publique de proximité, la télévision méditerranéenne comme miroir de la société, les liens entre télévision et langue et culture corses, et la télévision de demain.
"Nous ne sommes pas là pour un bilan, nous ne sommes pas là pour un satisfecit, assure Sylvie Acquaviva. Je pense qu'il est important de s'interroger sur ce que nous sommes, sur ce que nous voulons devenir. Nous sommes là pour dire voilà ce qu'on a fait, voilà ce qui se passe aujourd'hui, en continuant à continuant à répondre aux grands principes du service public", à savoir, détaille-t-elle, la continuité, l'égalité d'accès, et l'adaptabilité.
"Il n'y a rien de pire que l'inertie. Nous ne l'avons jamais été, nous ne le serons jamais, et ce questionnement aujourd'hui va nous aider à avancer, avec les téléspectateurs de France 3 Corse ViaStella qui sont encore nombreux. Et s'ils sont nombreux, c'est bien qu'il y a une raison, et un attachement à cette télévision", conclut-elle.
Ce questionnement aujourd'hui va nous aider à avancer, avec les téléspectateurs de France 3 Corse ViaStella qui sont encore nombreux.
Sylvie Acquaviva, directrice territoriale France 3 Corse ViaStella
Une position partagée par Sébastien Tieri, rédacteur en chef de France 3 Corse ViaStella. Aujourd'hui, rappelle-t-il, le Corsica Sera représente un carrefour d'audience, avec 52% de part d'audience, contre 18% en moyenne pour les autres journaux régionaux.
La preuve que la télévision n'est pas morte, souligne-t-il, et toujours plébiscitée par le public, qui peut dorénavant se sentir comme "noyé" par le flot d'information continu qu'on peut observer sur les réseaux sociaux. Des posts, photos ou vidéos parfois non-vérifiés, mal recoupés ou même tout simplement mensongers, que les journalistes, et de fait les rédacteurs au sein de France 3 Corse ViaStella, doivent s'attacher à décrypter.
"Cela nous oblige à la rigueur. Nous avons plus que jamais une vraie utilité", estime-t-il.
Une semaine dédiée aux 40 ans du Corsica Sera
Outre ces assises, France 3 Corse ViaStella prévoit une programmation spéciale, du 12 au 16 décembre, pour célébrer les 40 ans du Corsica Sera.
Avec 2 grands rendez-vous exceptionnels :
- Le jeudi 15 décembre, Emissione Speziale, présentée par Delphine Leoni au sein même des locaux de France 3 Corse Via Stella. Au programme: reportages et entretiens avec de nombreux acteurs qui ont fait l’histoire de notre chaîne. (Sampiero Sanguinetti, Angelina Risterucci, René Siacci, Yves Gerbault, et beaucoup d’autres)
- Le vendredi 16 décembre, l’Ochjata spéciale 40 ans du Corsica Sera avec Pierre-Jean Luccioni, Christophe Mac Daniel, mais aussi Marie-Ange Geronimi, Guy Cimino et Battì Filippi qui incarnaient I Storti aux côtés du regretté Daniel Pariggi. Il sera donc question de l’histoire de ce Corsica Sera mais aussi de la dérision qui en a découlé. L’émission sera suivie de la diffusion du premier Corsica Sera dans son intégralité.
Nos rendez-vous habituels aussi consacrés aux 40 ans :
- 40 ans de sport, 40 ans de couverture de la Méditerranée, 40 ans de culture, 40 ans de politique, 40 ans d’informations tout simplement. Pour l’occasion nous déclinerons tous nos In Tantu chaque soir de la semaine à 18h40 autour des 40 ans du Corsica Sera.
- Des journaux Corsica Sera, Corsica Prima et Nutiziale largement consacrés aussi à cet anniversaire. Reportages, invités, nous donnerons également la parole aux téléspectateurs.
Des contenus qui seront regroupés dans leur intégralité et disponibles pour visionnage sur notre site internet.