L’image du Corse et de la société insulaire contemporaine en questions. Le thème a été au cœur d’une journée d’étude internationale consacrée aux séries à l’université de Corse le 11 décembre dernier.
En général, lorsqu’un personnage corse apparaît dans une série, il est : affairiste, fainéant, violent et n’hésite pas à menacer son prochain avec un accent douteux.
C’est le constat dressé par les chercheurs de l’université de Corse invités à une journée d’étude sur les séries en Méditerranée, le 11 décembre dernier. « Le problème est que dans ces représentations des sociétés insulaires méditerranéennes, c’est le cas aussi en Sardaigne, c’est celui de l'hétéroreprésentation, la représentation par d'autres, qui entraine plus de difficulté notamment pour le peuple représenté à digérer ce qu'on montre de soi », souligne Fabien Landron, maître de conférence, responsable scientifique de la journée d'étude.
Une série a particulièrement retenu l’attention de deux doctorants en histoire : Mafiosa et ses personnages de nationalistes corses. « L'image du nationaliste affairiste est assez stéréotypée. C’est l’image de l’homme d’affaires qui fume le cigare et boit du rhum et qui a des liens presque habituels avec les clans mafieux et qui n'hésite pas à utiliser les militants pour ses affaires », analyse Lorenzo di Stefano, doctorant à l'Université de Corse.
« C’est l’image que les continentaux vont avoir »
Les chercheurs estiment qu’au fil des saisons, la série de Canal +, a adopté un parti-pris plus réaliste même si la représentation de la société dans la fiction reste très éloignée de la vie quotidienne des Corses. « On a envie, parce qu'on est Corse, qu'il y ait une représentation positive, et parce qu'on pense que c'est l'image que les continentaux vont avoir de la Corse. Ca nous renvoie à nous-mêmes et à nos questionnements sur notre société et avec la réalité actuelle de toutes les questions qu'il y a sur la société actuellement, c'est sûr que Mafiosa ça se pose assez facilement », estime Ornella Graziani, doctorante à l'Université de Corse.
Reste que la Corse souffre d'un déficit de représentation générale dans la fiction. En plein débat sur la dérive mafieuse de la société, on est encore loin de l'exemple italien du film « Le Traître », grande fresque sur l'histoire vraie du premier repenti de Cosa Nostra, Tommaso Buscetta.