Le coup de tête de l'attaquant bastiais a été le point d'orgue (et de non-retour) d'une série de mauvais gestes tout au long du match de vendredi au Parc des Princes. Visiblement énervé, Brandao avait de plus en plus de mal à se contrôler. Un geste qui rappelle un peu celui de Zidane en 2006.
Décrié pour son jeu inélégant, loin du cliché du Brésilien technique, Brandao, déjà suspendu pour "brutalité" en championnat de France dans le passé, traîne une réputation sulfureuse que son coup de tête à Thiago Motta ne va pas arranger.
Il s'agirait d'une "fracture du nez non déplacée" a annoncé le PSG en fin de journée, "l'évolution sous traitement médical dans les prochains jours permettra de fixer la période d'indisponibilité".
Récit Marie Garreau :
Le dérapage contre Motta pourrait coûter très cher à Brandao. Le règlement disciplinaire de la Fédération française de football (FFF) prévoit jusqu'à deux ans de suspension ferme en cas de "brutalité" en dehors d'une rencontre, si l'incapacité temporaire de travail du joueur du PSG est supérieure à 8 jours.
Ce geste en rappelle un autre, le coup de tête de Zinedine Zidane à Marco Materazzi le 9 juillet 2006, à la suite d'injures également.
Toutefois les circonstances étaient un peu différentes, le coup avait été porté dans la poitrine, sur le terrain, lors de la finale de la coupe du monde de football à Berlin, opposant la France à l'Italie. Zidane avait écopé d'une suspension de trois matches et de 4.700 euros d'amende.
Le "déménageur des surfaces"
Sa coupe de cheveux a souvent varié - queue de cheval, épaisse tignasse disco, coupe courte comme maintenant - mais jamais son jeu estampillé "déménageur des surfaces". Et la carrière française de ce joueur de 34 ans se résume finalement par les chiffres, entre buts marqués et matches de suspension.
Pour le meilleur, à l'issue de la saison 2012-13, l'attaquant robuste (1,89 m; 78 kg selon la Ligue de football professionnel, LFP) a inscrit 11 buts en Ligue 1 (son meilleur total en France) avec Saint-Etienne, son club d'alors, sans oublier un but plus précieux encore, cette année là en finale de la Coupe de la Ligue contre Rennes (1-0), premier trophée des Verts après 32 ans d'attente.
Pour le pire, la saison dernière Brandao avait écopé de quatre matches de suspension ferme (réduits à trois en appel), reconnu coupable d'un "acte de brutalité" envers un joueur du Paris SG, déjà, Yohan Cabaye. Mais cette fois, les faits - coup de coude au menton, avec saignement - s'étaient déroulés sur le terrain.
Saint-Etienne, son club, avait alors dénoncé un "acharnement médiatique" et des "commentaires acerbes de certains observateurs".
Le "j'ai pas touché"
Il faut dire que Brandao est régulièrement brocardé pour son style rugueux. Son célèbre "j'ai pas touché" adressé à l'arbitre - et capté par un micro - après un carton jaune reçu pour une énième faute sur un adversaire lors de la finale de la Coupe de la Ligue 2010 avait même fait l'objet d'un remix cocasse sur Youtube.
Son coup de folie contre Thiago Motta, samedi au Parc des Princes après un match perdu contre le Paris Saint-Germain (2-0), a évidemment généré une pluie de critiques. Pierre Menès, chroniqueur vedette du foot sur la chaîne de télévision Canal+, a ainsi twitté: "On savait que Brandao était un bourrin violent sur le terrain. C'est donc aussi un voyou en dehors. Quand va-t-on se débarrasser de lui ?"
On savait que Brandao était un bourrin violent sur le terrain. C'est donc aussi un voyou en dehors. Quand va t on se débarrasser de lui ?
— Pierre Ménès (@PierreMenes) 16 Août 2014
Son "casier judiciaire" dans le foot est chargé en France. Par exemple, en mai 2010, la commission de discipline de la LFP lui avait infligé trois matches ferme de suspension (il jouait alors à l'OM) pour un coup de coude -- encore -- volontaire dans le visage de Cédric Hengbart, joueur d'Auxerre lors d'un match de L1.
Bourlingueur et imbroglio
Le joueur né à Sao Paulo mais qui a acquis la nationalité française -- ce qui lui avait fait dire dans une interview à l'Equipe qu'il pourrait jouer avec les Bleus -- n'a pourtant pas eu que des détracteurs en France.
"C'est un point d'appui important, un joueur très présent dans la surface et dans le vestiaire. Il a un état d'esprit excellent. Il est très important", répétait ainsi souvent l'entraîneur de Saint-Etienne Christophe Galtier.
Dans son parcours de bourlingueur, Brandao a eu pour lui de gagner --souvent-- des trophées là où il est passé, que ce soit en Ukraine au Shakthar Donetsk, le club qui l'a révélé en Europe, ou en France, avec Marseille (champion de France et Coupe de la Ligue) et Saint-Etienne (Coupe de la Ligue).
En 2012, c'est encore lui qui marquait le but de la victoire en finale de la Coupe de la Ligue contre Lyon avec l'OM (1-0, a.p.).
Son parcours n'a jamais été linéaire en tout cas, avec des allers-retours entre des clubs du Brésil et d'Europe ou encore les "affaires" et autres "imbroglio" qui l'ont accompagné.
On se souvient qu'il avait été finalement blanchi dans une procédure de viol présumé quand il jouait à Marseille. Et son arrivée à Bastia cet été ne s'était conclue qu'à l'issue d'un casse-tête administratif avec Saint-Etienne.