Le procès du cambriolage d’un couple de septuagénaires à leur domicile de Corbara, en mai 2017, a débuté ce lundi devant la cour d’assises de la Haute-Corse. Les audiences sont prévues pour se dérouler sur huit jours. Cinq hommes sont accusés de vol et séquestration dans ce dossier.
L’affaire avait suscité l’indignation et un vif émoi en Balagne.
Hier, lundi 29 novembre, s’est ouvert aux assises de la Haute-Corse le procès de cinq hommes accusés d’avoir participé à l’agression et au cambriolage de Jean-Pierre et Olga Romani, un couple de commerçants qui réside à Corbara : Anthony Rutily, Jean-Baptiste Gaffory, Andréa Gagliano, Maxime D’Oriano et Jean-Gabriel Del Piero.
Les quatre premiers sont accusés de vol en bande organisée, séquestration sans libération volontaire en bande organisée et destruction du bien d’autrui par moyen dangereux en bande organisée. Jean-Gabriel Del Pietro est lui accusé de complicité pour l’ensemble des chefs. Tous risquent jusqu’à la peine maximale, c’est-à-dire la réclusion criminelle à perpétuité.
Jurés manquants, témoins absents
Le premier jour des débats a été marqué par de nombreux chamboulements et un retard conséquent pris sur le plan d’audience annoncé.
En cause, l’absence de plusieurs jurés, qui laissent un temps craindre un renvoi. Décision écartée par le président de la cour, Thierry Jouve, qui fait appeler plusieurs jurés suppléants.
Censée débuter à 9h, l’audience est de fait repoussée à 15h. Mais la cour est rapidement confrontée à un nouveau problème : l’absence de plusieurs témoins, dont l’enquêteur chef sur dossier et la personne s’étant chargée de dresser les comptes-rendus de personnalité des accusés, pour diverses raisons médicales.
Une situation extrêmement dommageable pour la défense qui regrette le manque d’oralité des débats avant de proposer tour à tour d’insister auprès des témoins sur l’importance de leur venue, ou un témoignage qui s’effectuerait à distance. Impossible, rétorque Thierry Jouve : c’est sans ces deux personnes qu’il faudra procéder.
Outre ces éléments, cette première journée aura permis de rappeler le déroulé des faits et d’entamer l’examen de personnalité des accusés. Ce mardi devrait notamment être présentés en lecture l’enquête de personnalité, avant le témoignage des parties civiles, Jean-Pierre et Olga Romani.
Rappel des faits
Pour rappel, les faits remontent au 26 mai 2017. Il est aux environs de 8h, et Jean-Pierre Romani, commerçant de 71 ans, s’apprête à sortir de son domicile de Corbara pour rejoindre son garage. Le septuagénaire est alors, selon ses dires, jeté à terre par des hommes s’étant glissés derrière lui.
Quatre individus cagoulés, gantés et armés lui portent des coups, et le somment sous la menace de leur remettre de l’argent. Les agresseurs lui attachent également les mains avec un collier en plastique et lui bandent les yeux et la bouche. Ces blessures vaudront 30 jours d’ITT à Jean-Pierre Romani.
Au total, plus de 10.000 euros ont été dérobés, en complément d’un fusil.
Le cambriolage dure moins de 10 minutes : à 8h10, indique l’exploitation de vidéosurveillance aux abords du domicile des victimes, le quatuor s’enfuit à bord d’un véhicule utilitaire dérobé aux Romani. Le même véhicule est retrouvé brûlé plus tard sur la commune de Speloncato.
La gendarmerie est rapidement contactée par le fils des victimes, lui-même alerté par Olga Romani, épouse de Jean-Pierre Romani. Cette dernière se trouve ainsi à son domicile au moment des faits, cachée des agresseurs.
Elle raconte avoir entendu les hommes menacer son mari, lui intimant de leur « donner l’argent » sous peine de sévices physiques. Extrêmement choquée par l’attaque, Olga Romani s’est vu délivrer un certificat médical de 30 jours d’ITT faisant état d’un syndrome post-traumatique important après les faits.
Vol et séquestration en bande organisée
L’enquête est confiée à la section de recherches de Bastia. Le 12 janvier 2018, le procureur de la République de Bastia ouvre une information judiciaire contre personnes non dénommées des chefs de vol en bande organisée, séquestration sans libération volontaire en bande organisée et destruction du bien d’autrui par moyen dangereux en bande organisée.
La première interpellation survient le 11 avril 2018 : Maxime D’Oriano, 21 ans. Ce dernier est repéré par les enquêteurs après la découverte de son ADN sur un collier en plastique utilisé lors du cambriolage.
Il admet rapidement sa part dans le cambriolage, et livre le nom de quatre autres hommes, qu’il désigne comme co-auteurs des faits : Anthony Rutily, Jean-Baptiste Gaffory, Andréa Gagliano et Jean-Gabriel Del Piero.
Cinq mises en examen
Âgés de 18 à 22 ans, ils sont interpellés dans les jours qui suivent et reconnaissent leur participation au cambriolage, à l’exception d’Andréa Gagliano.
Les quatre autres présentent néanmoins des versions divergeant sur plusieurs points entre eux et avec le récit des victimes. À noter que Jean-Gabriel Del Piero est concerné pour des actes de complicité pour les trois crimes, étant reconnu comme le chauffeur ayant déposé les quatre cambrioleurs supposés au niveau du domicile des victimes, puis les ayant récupéré une fois la voiture dérobée détruite par le feu à Speloncato.
Les cinq hommes sont mis en examen dans la foulée.
Le procès d’assises est prévu pour se tenir jusqu’au mercredi 8 décembre. Sur les cinq suspects, quatre comparaissent libres. Anthony Rutily, inculpé dans un dossier d’homicide involontaire, est de son côté incarcéré au centre pénitentiaire de Borgo depuis 10 jours.