Après l'Ellipse à Ajaccio et le Galaxy à Lecci, un nouveau multiplex devrait voir le jour à la fin de l'année prochaine à Bastia. Le projet est porté par le cinéma le Régent. Une évolution inévitable, selon son gérant.
François patiente, avec son fils et sa fille, dans la file d'attente du Régent. Ils viennent de Borgo pour voir Madame Web, le dernier film de Marvel.
Quand ils vont au cinéma, c'est presque toujours le dimanche après-midi. D'abord parce que tout le monde est disponible, mais surtout, sourit François, "parce que c'est le seul moment de la semaine où on peut trouver une place facilement au centre-ville".
950 places
Sans surprise, l'annonce de l'ouverture d'un multiplexe à la sortie sud de Bastia est accueillie avec satisfaction. Un multiplex, c'est la promesse d'un parking public gratuit. Mais c'est surtout la promesse d'une offre plus diversifiée, pour Lola, venue voir le biopic de Bob Marley; One love.
"S'il y a plus de salles, j'espère qu'on pourra voir plus de films. Il n'est pas rare que j'attende pendant des semaines la sortie de films, qui finalement n'arrivent jamais à Bastia, et que je doive patienter jusqu'à la sortie en VOD pour pouvoir les voir. Mais au moins, je suis sûre qu'ils seront en V.O !"
Le projet de ce multiplex, dont les travaux vont commencer prochainement, et qui devrait ouvrir en décembre 2025, est porté par Daniel Benedittini, le gérant du Régent. "On était la seule agglomération de plus de 70.000 habitants à ne pas avoir de multiplex. Celui-ci aura six salles, avec des équipements de dernière génération, et j'espère qu'il deviendra la maison du cinéma de la Haute-Corse". Les six salles proposeront 950 places. La plus grande d'entre elles aura une capacité de 370 places. Neuf personnes y seront employées, à temps plein ou à mi-temps. Le multiplex vise 250.000 spectateurs par an.
Le projet pèse 7,5 millions d'euros.
Nouvelle donne
Six salles, c'est autant que l'ensemble des salles de l'agglomération bastiaise aujourd'hui (trois au Régent, deux au Studio, une à U Paradisu de Furiani). Mais selon Daniel Benedittini, les deux offres seront complémentaires. "Il va falloir réinventer le centre-ville. Et cela va demander une adaptation aux salles du centre, qui pourraient par exemple offrir plus de films d'art et essai, et de versions originales".
Quoi qu'il en soit, pour le patron du Régent, une telle évolution était inévitable : "Si on ne le fait pas nous, d'autres le feront. Et on verrait arriver des gros-porteurs comme Pathé ou UGC. Et dans ce cas-là, ce n'est pas que les cinémas indépendants auraient souffert, c'est qu'ils auraient tout simplement disparu. Le fait que ce soit nous qui ouvrons, c'est la garantie que le cinéma perdure".
Reste à savoir si le Studio, l'autre cinéma bastiais, qui n'est pas partie prenante du projet, parviendra à trouver sa place face à cette nouvelle concurrence.