Dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, le couvre-feu a été avancé à 18h en Corse comme sur tout le territoire. Une mesure rentrée en vigueur samedi 16 janvier et pour les 15 prochains jours au minimum.
Il est 17h45, ce samedi 16 janvier, et au Spar de la rue Gabriel Péri, à Bastia, une dizaine de clients se pressent pour faire leurs dernières courses avant que ne soit sonné le couvre-feu.
"J'aurai sans doute dû m'y prendre plus tôt, soupire Anne-Laure. Là, je vais devoir me presser pour rentrer chez moi, et j'ai sans doute oublié une partie de ce que je devais acheter."
Dans le sac de course de cette secrétaire médicale, quelques fruits et légumes, deux bouteilles d'eau, des condiments, mais surtout, sept paquets de riz et presque cinq kilos de pâtes. "C'est beaucoup d'un coup pour une personne, admet-elle. Mais mes horaires de boulot sont difficilement conciliables avec le nouveau couvre-feu, donc pas le choix, je fais mes stocks."
Plages horaires aménagées
Un peu plus loin, rue César Campichi, les rideaux des boutiques sont déjà presque tous baissés. Plusieurs commerçants ont néanmoins le choix d'ouvrir jusqu'à la dernière minute et attirer encore quelques clients. Stéphanie Boninu, responsable du magasin Les Petites Bombes, boucle les derniers rangements avant fermeture.
Elle ne se dit "pas opposée" à l'avancement du couvre-feu. "J'ai entendu dire que sur les autres départements où cela avait déjà été mis en place, il y a eu de gros impact vis-à-vis des contaminations. Si ça peut nous éviter un reconfinement total, je comprends."
Pour l'heure, sa clientèle ne devrait pas être excessivement affectée. "On va peut-être perdre quelques clients le soir, mais pour le moment, le couvre-feu n'aura pas vraiment plus de conséquences qu'avant. En hiver, en centre-ville à partir de 18h, on a peu d'affluence. Ce qui deviendrait inquiétant, c'est si ça se maintient avec les belles journées qui arrivent au printemps. Là, ce serait plus problématique."
Ce qui deviendrait inquiétant, c'est si [le couvre-feu à 18h] se maintient avec les belles journées qui arrivent au printemps. Là, ce sera plus problématique.
Pour s'adapter et tenter de compenser les plages horaires réduites, la boutique de vêtements entend ouvrir les midis, "chose qu'on ne faisait pas avant".
Contrôle des attestations
18h passées de quelques minutes. Les rues de Bastia ne sont pas encore totalement vidées, mais les passants se font plus rares. Les automobilistes aussi. Les contrôles d'attestation ont déjà débuté : au bas de la place Saint-Nicolas, un des points de contrôles fixes installés pour la soirée – et auquel les médias ont été conviés -, les policiers arrêtent les quelques véhicules de passage.
"En général, tout se passe bien, glisse un policier. On contrôle heureusement bien plus qu'on ne verbalise."
Premier bilan "positif"
Pas question pour autant de relâcher l'attention : depuis le début du mois de janvier, plus de 3400 contrôles qui ont donné lieu à plus de 100 verbalisations ont été effectués dans le département de la Haute-Corse. Et ceux-ci devraient devenir encore plus fréquents.
"Nous allons multiplier les contrôles à 18h et les varier : il y aura des contrôles fixes, des contrôles dynamiques et des contrôles pédestres. Nous contrôlerons également en fonction les commerces et établissements", précise Laetita Prignot, directrice adjointe de la direction départementale de la sécurité publique, présente place Saint-Nicolas.
Le couvre-feu est un dispositif désormais bien connu des citoyens, les gens connaissent les règles et les exceptions, et il a simplement été avancé de deux heures.
Les contrevenants sont prévenus : "le préfet a donné des consignes de grande fermeté, indique Mejdi Jamel, directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse. Le couvre-feu est un dispositif désormais bien connu des citoyens, les gens connaissent les règles et les exceptions, et il a simplement été avancé de deux heures". En cas de non-présentation d'une attestation, ou sans motif valable, ils encourent une amende de 135 euros.
À 19h30, ce samedi 16 janvier, sur la trentaine de véhicules contrôlés, une seule personne aura été verbalisée. "C'est un bilan positif. Les premiers contrôles sont très satisfaisants, se réjouit Laetitia Prignot. Les gens se sont déjà appropriés la mesure du couvre-feu dès 18h."
Le dispositif de contrôle des forces de l'ordre est prévu pour se poursuivre jusqu'à temps que dureront les restrictions. "J'espère quand même ne pas me faire arrêter tous les soirs, souffle une automobiliste avant de repartir, son attestation présentée. Remplir une feuille tous les jours, cela devient vraiment usant."