À l’époque, les villages étaient bordés de jardins entretenus et d'exploitations agricoles. Une méthode qui protégeait les habitations en cas d'incendie. Aujourd'hui, le débroussaillage est une obligation que les maires des petites communes peinent parfois à faire appliquer.
La voiture d'Ange Pierre Vivoni s'avance dans les terres brûlées. Son émotion est encore palpable. En août, le maire de Sisco a dû faire face à un incendie qui a ravagé 1 800 hectares de végétation.
Ni victime, ni dégât matériel car le feu s'est arrêté aux portes du village. Stoppé par les exploitations agricoles. « La protection des biens et des personnes passe par le développement agricole. Il n’y a pas d’autres choses à faire. On peut tout dire, on peut tout faire on retourne et c'est le serpent qui se mord la queue », indique Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco.
Depuis les hauteurs de Sisco, on voit encore nettement la limite entre le maquis et les zones agricoles. C’est la même chose à Petracorbara, la commune voisine.
« Des bergeries prêtes à brûler »
Installer des agriculteurs pour prévenir les incendies, une solution, mais qu'il faut encadrer. « Vous avez des favellas agricoles. Vous avez des gens qui par la non maîtrise du foncier, par la non prise en compte de la problématique globale, l’accès à l’eau, l’accès à l’électricité, l’accès au foncier, à l’entretien, aux clôtures … Vous avez des bergeries qui sont prêtes à brûler », estime Joseph Colombani, président de la Chambre d'agriculture de Corse.
Dans le secteur, la plupart des parcelles sont privées. La loi oblige les propriétaires à débroussailler aux abords des habitations et des voies d'accès. La commune peut les y obliger, voire effectuer les travaux à leurs frais.
Mais pour Ange Pierre Vivoni, cette mesure est inapplicable. « Aujourd’hui pour nettoyer ces terrains ça coute cher. Et malheureusement, nous savons parfaitement que les gens de nos villages ne sont pas tous argentés, ou très peu. L’argent ils en ont besoin pour faire autre chose », indique-t-il.
Pour le maire, c'est donc aux collectivités de se charger du débroussaillage. Mais pour cela, il leur faudra des aides afin de ne plus revivre l'enfer.