Mettre en place un marché d'intérêt territorial, en physique et en virtuel, qui présenterait la diversité d'offre régionale. C'est le projet porté par la chambre d'agriculture de Haute-Corse, qui détaillait hier les premiers résultats de son étude menée sur le sujet, en présence de producteurs et d'acteurs économiques et touristiques.
La Corse aura-t-elle bientôt son Rungis local ? C'est en tout cas la volontée portée par la chambre d'agriculture de Haute-Corse, qui a présenté ce 22 juillet, dans ses locaux de Vescovato, les bases de son projet.
Sous un grand chapiteau installé pour l'occasion, des légumes, des fromages ou encore de la charcuterie, le tout 100 % issu de la production insulaire. De quoi donner une idée de ce à quoi pourrait ressembler un véritable marché de producteurs corses, indique Joseph Colombani, le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse.
La chambre souhaiterait en instaurer deux physiques, à Bastia et à Ajaccio... Mais également un virtuel, qui permettrait aux consommateurs d'avoir accès, à distance, à cette même diversité d'offre régionale, et à un service de livraison. Un "carreau virtuel" qui permettrait également d'implanter un marché "d'anticipation" : " C'est à dire qu'à partir de la connaissance de la demande, on va organiser l'offre", détaille Joseph Colombani.
En parallèle, la chambre d'agriculture de Haute-Corse souhaite aussi la création d'un label spécifique, signe "de la qualité du produit, de son prix, de sa tracabilité, et du fait qu'il participe à l'économie locale", précise son président.
"Pour gagner, il faut s'unir"
Pour accompagner ce projet hier, une délégation de cinq personnes venues tout droit du marché international de Rungis, soit le modèle avancé comme exemple. Des professionnels invités à livrer leur expertise sur cette initiative. Et selon Thierry Febvay, directeur exécutif au marché de Rungis, le projet semble prometteur. "Je crois que la Corse est un territoire qui ne manque pas d'atouts. Il y a une réelle identité dans la production, un climat, un savoir-faire, et des produits d'une très grande qualité qui sont reconnus", note-t-il.
Difficile d'établir une comparaison directe avec Rungis, reconnaît-il, quand le marché international "est un univers très différent, beaucoup plus industriel. Mais je crois que le maître mot comme partout, c'est la fédération des acteurs. Pour gagner, il faut s'unir, se mobiliser autour d'une dynamique commune. Si notre expérience peut servir, c'est avec plaisir que nous apporterons notre témoignage."
Lancement espéré en 2026
Outre ces représentants de Rungis, l'étude de faisabilité d'un tel marché a été présentée à un large panel d'acteurs, tous invités à s'exprimer sur la question. Autour de la table, des agriculteurs, le préfet de Haute-Corse, l'Odarc... Mais également des représentants de l'hôtellerie et de la restauration, et même de la grande distribution, à l'instar de François Padrona, représentant de Leclerc en Corse.
Pour espérer aboutir, ce projet devra nécessairement réunir l'ensemble des acteurs, de l'amont à l'aval. Tous ont exprimé leur soutien au cours de cette réunion. Prochaine étape : la livraison finale de l'étude, annoncée en septembre. Avant un possible lancement du projet, espéré en 2026.
Le reportage de Pierrick Nannini, Guillaume Leonetti et Estelle Roux :