La nouvelle union populaire écologique et solidaire (Nupes) ne s'applique pas en Corse. Depuis quelques jours, La France Insoumise et le Parti communiste s'attaquent par communiqués interposés. Le point central : qui des deux partis est le plus légitime à défendre le programme de la Nupes.
À trois jours du premier scrutin des élections législatives, la gauche insulaire est plus divisée que jamais. Depuis le 7 juin, le Parti communiste et La France Insoumise s'attaquent par communiqués interposés.
Chacune des deux formations politiques essaye, tant bien que mal, de prouver qu'elle est la plus légitime à défendre le programme de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale). Cette dernière lancée par Jean-Luc Mélenchon, candidat LFI, arrivé troisième à l'élection présidentielle, est une coalition des partis LFI, PCF, PS et le pôle écologique en vue des élections législatives. Une coalition qui ne s'applique pas dans les quatre circonscriptions insulaires.
" Récupérer le vote Nupes par tous les moyens"
Ainsi dans une tribune libre, diffusée il y a deux jours, la section Corse du PCF écrit : "Les candidates LFI dans les deux circonscriptions d'Ajaccio et Bastia, tentent, au risque d'une tricherie politicienne, de suggérer qu'ils ou elles bénéficieraient d'une investiture Nupes. […] Les candidats communistes, eux, défendent le programme de la Nupes sans pour autant en usurper l'investiture. Ils le défendent et le popularisent sous leurs propres couleurs, sans cacher les désaccords actés, mais en respectant les signatures. […] Si l'accord national avait été explicitement concerné notre territoire, les quatre candidats présentés et soutenus par le PCF auraient certainement été les mieux placés pour incarner la Nupes et en recevoir l'investiture."
Et la réponse des candidats de l'Union populaire de Haute-Corse ne se fait pas attendre. Dans un droit de réponse publié ce jeudi 9 juin, ils accusent à leur tour le PCF "d'essayer de récupérer le vote Nupes, par tous les moyens possibles et imaginables."
Selon eux, le secrétaire régional du PCF, Michel Stefani, candidat dans la 1re circonscription de Haute-Corse de "mentir au sujet de la non-présence de la Nupes en Corse, en essayant de faire croire aux Corses que Jean-Luc Mélenchon a volontairement sabordé l'accord sur l'île. […] En Corse, La France Insoumise ne pouvait techniquement placer que deux candidats, un dans la 1re circonscription de Haute-Corse et un dans la 1re circonscription de Corse-du-Sud. L'accord laissait donc la place à deux autres candidats du PCF pour les deux circonscriptions restantes, soit la moitié des candidatures. Mais cela n'a pas été accepté par le candidat communiste de Haute-Corse [Michel Stefani ndlr.], préférant se présenter une huitième fois."
"Que ça se termine pour préparer la suite"
Une "agressivité" que le secrétaire régional du PCF "ne comprend pas". "Karl Tomasi [suppléant de la candidate Union populaire dans la 1re circonscription de Haute-Corse ndrl.] ironise sur ma candidature 'la huitième' dit-il. Il devrait être moins ironique d'une part parque son mentor est candidat à toutes les élections depuis 1983 d'autre part parce que lui-même en février dernier disait qu'il ne voulait pas être candidat en sachant que le processus de désignation me concernant dans la 1re circonscription de Haute-Corse était conclu et ma candidature annoncée", estime-t-il.
Un positionnement que Karl Tomasi confirme. "J'ai changé d'avis parce qu'il y a eu une forte demande de la part de l'électorat de recréer une dynamique de gauche." Concernant le secrétaire régional du PCF, il reste ferme. "La réalité, c'est qu'on ne s'est pas mis d'accord et qu'il ne s'est pas désisté. Et on a été mis à l'écart de la Nupes parce que le PCF local a fait pression sur le PCF national pour bloquer l'accord." Au cœur de sa première campagne, le suppléant se dit "épuisé." "Nous, on ne voulait pas de problème avec le PCF, j'ai un profond respect pour nos camarades… Là j'ai qu'une seule envie c'est que ça se termine et de préparer la suite", livre Karl Tomasi.
Une polémique qui, à deux jours du premier scrutin, risque d'affaiblir une gauche déjà peu représentée dans l'île.