Libération de la Corse : la bataille décisive du Col de Teghime

Début octobre 1943, les combats pour la libération de Bastia font rage, notamment sur les hauteurs du Nebbiu. La bataille du Col de Teghime sera décisive pour prendre possession de la dernière ville de l'île alors occupée par les Allemands.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Au col de Teghime, un canon de la Reichsführer SS et une stèle en hommage aux goumiers du 2e groupe de tabors marocains témoignent des combats qui s’y sont déroulés à partir du 1er octobre 1943.

La veille, la bataille de Bastia a commencé au col de San Stefano, où une cinquantaine de soldats allemands tente de défendre cet axe stratégique avec deux canons 75. Commandés par le capitaine Morand, les hommes du 1er régiment de tirailleurs marocains parviennent à reprendre le col après un âpre combat. 11 soldats SS seront faits prisonniers. S'ensuivront les prises des cols de San Leonardo et Sant'Antonio.

Les goumiers marocains

Le 1er octobre, cap sur Teghime. Car "qui prend le col, prend Bastia", rappelait en 2019 Georges Tardieu, délégué Général du Souvenir Français en Corse.

Les goumiers marocains du colonel De la Tour du Moulin se dirigent alors vers ce passage qui fait la jonction entre Saint-Florent et Bastia. C’est là que sont retranchés les soldats allemands de la 16e Panzergrenadier division qui tiennent les lieux.

Accompagnés de patriotes corses, les soldats marocains de l’Armée d’Afrique de la France libre doivent avant tout défier le relief escarpé et les pentes raides. Ils tentent de progresser sur les crêtes pour engager le combat avec des troupes lourdement armées. Dans leur progression, ils peuvent compter sur l'aide d’insulaires qui leur indiquent le chemin à suivre. Fils d'Italiens qui ont fui le fascisme, Ernest Bonacoscia était l'un d'eux. Il avait 14 ans au moment des faits.

"Toute la nuit du 30 septembre, il a plu, il a plu, témoignait-il en 2014 à notre micro. Quand nous sommes arrivés sur le col du Pignu, il y avait tellement de brouillard qu’on ne voyait pas à un mètre. Et là, la DCA a commencé à nous taper dessus. Puis le brouillard s’est levé et nous nous sommes retrouvés au milieu des Allemands. Il y a eu ce qu’on appelle un corps-à-corps."

"Ils se battaient comme des lions, à l'arme blanche"

La première offensive est violemment repoussée par les Allemands. 17 ans à l’époque, Jean Ienco faisait partie des patriotes qui se sont battus aux côtés des goumiers. En 2010, il nous avait confié ses souvenirs face caméra :

"Le 1er octobre au matin, à l’aube, les goumiers ont attaqué la compagnie allemande qui se trouvait sur le col de Teghime. Il fallait voir : ils se battaient comme des lions, à l’arme blanche. Vers 10 heures du matin, l’artillerie allemande nous attaque à coups de canons. Et là, il y a un goumier qui meurt dans mes bras."

Les goumiers reviennent à la charge une seconde fois. De nuit. Les combats sont sanglants.

"À l’aube du 2 octobre, le 47e goum approche du Mont Secco quand le brouillard se lève, l’offrant en cible aux Allemands, écrit Maurice Choury dans "Tous bandits d’honneur". Les Marocains perdent vingt-cinq hommes. Ils enlèvent quand même le Secco avec le concours de l’artillerie italienne et de renforts. Devant la ruée des Marocains, les Allemands, pour éviter le corps-à-corps, décrochent vers 16 heures de ce col de Teghime que la voix populaire appelle aujourd’hui le col des Goumiers." Là où 80 hommes perdirent la vie.

Étape ou symbole 

Dans la soirée du 2 octobre, cet axe stratégique est aux mains des alliés. Pour certains, la prise est une étape, pour d’autres un symbole : "Pour les Allemands, c’est une bataille de retardement, expliquait l’historien Sylvain Gregori en 2014 sur ViaStella. Il s’agit d’empêcher les goumiers d’avancer sur la ville afin de réaliser dans le temps le plus long possible, l’évacuation de leurs troupes depuis le port. Pour les Français, c’est un enjeu éminemment symbolique puisqu’il s’agit de libérer définitivement l’île, Bastia étant la dernière ville occupée. Il faut donc que ce soit les forces françaises qui interviennent et libèrent la ville de Bastia, et donc la Corse."

Ce qui sera effectif le 4 octobre 1943 au matin. Peu avant 6 heures du matin, le capitaine Then entre dans la ville à la tête du 73e Goum marocain. La Corse est officiellement libérée le lendemain, devenant le premier département français à se défaire du joug nazi.

(Cet article a été initialement publié le 30/09/2023, à l'occasion des 80 ans de la libération de la Corse)

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité