Lors d’un point presse organisé mardi 25 mai, le laboratoire de recherches Stella Mare a annoncé maîtriser désormais la reproduction de la langouste rouge, une prouesse scientifique qui ouvre la voie à un élevage de l’espèce.
"C’est une avancée scientifique majeure pour la Corse et au-delà ". C’est par ces mots qu’Antoine Aiello, directeur de la plateforme Stella Mare, a annoncé ce matin la "nouvelle prouesse" réalisée par les équipes de la plateforme scientifique de l'Université de Corse et du CNRS spécialisée en Ingénierie écologique marine et littorale .
Après l’huître plate, le homard, l’oursin, le denti et le corb, la langouste rouge a concentré tous les efforts des chercheurs corses depuis un an. Après trois mois d’expérimentation véritable, leur travail a payé : six juvéniles de langouste ont été obtenus. Stella Mare est le troisième laboratoire au monde, et le seul d’Europe, à obtenir ces jeunes spécimens.
Un taux de survie inédit
Depuis leur éclosion il y a 83 jours, plusieurs stades larvaires ont été franchis. Lors du dernier stade, soit 43 jours après l’éclosion, le taux de survie était de 50%, un résultat que beaucoup de laboratoires de pointe dans le domaine n’ont jamais réussi à obtenir.
Pour Antoine Aiello, la réussite de Stella Mare s’explique en partie grâce à l’expérience des procédés utilisés dans le passé : "les résultats et innovations scientifiques que nous avons obtenu en amont ont permis aujourd’hui d’arriver à cette réussite".
Stella Mare (#UnivCorsica @CNRS) est l'un des 3 laboratoires au monde a avoir obtenu des juvéniles de langoustes rouges (Palinurus elephas) pic.twitter.com/Af6zMwDi5O
— Université de Corse (@UnivCorse) May 25, 2021
Les trois-quarts des revenus de la pêche corse
Tous les acteurs s’accordent sur le fort impact écologique et économique de cette découverte.
En témoigne la présence de Gérard Romiti, président du comité national des pêches maritimes, venu saluer une avancée pour un crustacé "qui représente 75% des revenus de la pêche artisanale corse". Une espèce victime de son succès et aujourd’hui classée comme "menacée" sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Pour la Corse, les chiffres sont alarmants. Alors que 300 tonnes de langoustes étaient pêchées sur l’île dans les années 50, seules 61 tonnes l’ont été l’an dernier. La découverte de Stella Mare pourrait donc freiner considérablement ce déclin de l’espèce grâce aux perspectives d’élevage. L’espoir est permis pour Gérard Romiti de pouvoir "compenser l’activité de pêche et préserver la présence de la langouste sur son aire de répartition".
Au-delà du seul travail de recherche, Antoine Aiello se félicite d’une "démarche en concertation avec tous les acteurs, notamment les pêcheurs". Une méthode déjà adoptée par le laboratoire lors de son travail autour de l’huître, mené de concert avec les ostréiculteurs insulaires.
Une fierté immense pour l'Université de Corse
Une "fierté immense" pour Dominique Federici et l’Université de Corse. Les résultats probants du laboratoire labellisé CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) permettent de mettre en valeur la recherche universitaire cortenaise.
Tout l’enjeu pour Stella Mare est de transformer l’essai. Pour cela, il faudra passer de ces six premiers juvéniles obtenus en laboratoires à des lâchers en mer. Une concrétisation qui pourrait avoir lieu d’ici trois à cinq ans.