Stéphane est un « gros fumeur » : il peut consommer jusqu'à deux paquets de cigarettes par jour. Mais parce qu'il a noté des répercussions sur sa santé, le quadragénaire a décidé de prendre part à la 4e édition du "mois sans tabac", lancée ce 1er novembre 2019.
« La cigarette c'est mon premier amour et c'est mon poison. Je sais qu'elle n'est pas bonne pour moi, mais j'y reviens toujours inlassablement. C'est un cercle vicieux dont j'essaie de me défaire depuis maintenant plus de vingt ans.»
Stéphane*, 38 ans, est cadre technique dans une entreprise. Il mange cinq fruits et légumes par jour, n'abuse pas de l'alcool même en soirée, et fait un jogging le dimanche matin « quand [il] y pense ».
Une vie sans vices, ou presque : il fume depuis ses années lycée. « L'histoire type : tu commences à crapoter avec tes potes pour faire le mec "cool" à la sortie des cours... Et puis le temps passe et un jour, tu te rends compte que tu en es déjà à ta cinquième clope alors qu'il n'est même pas 10 h du matin.»
Santé et porte-monnaie impactés
Une addiction qui a un coût : en moyenne, Stéphane admet dépenser autour de 15 euros par jour pour ses cigarettes. Soit 5475 euros à l'année.
Plus grave encore, il a constaté plusieurs nouveaux soucis de santé au cours des dernières années directement imputables au tabac : lui qui n'avait jamais été sujet à l'asthme est traité pour depuis deux ans, il souffre de gingitive à répétition, ses cheveux ont perdu de leur masse et de leur brillance... même sa fécondité s'est vue affectée.
« Quand on cherché à avoir un enfant avec mon épouse, on a rencontré quelques difficultés. On a vu un médécin, qui m'a expliqué que le tabac pouvait directement impacter les chances de fécondation. Au final, on a réussit à avoir notre fille... Mais ça nous a pris presque 3 ans, quand pour d'autres, c'est l'affaire de quelques mois.»
Cette année, et pour la troisième fois de suite, Stéphane a décidé de prendre part au "mois sans tabac". Ce défi collectif, lancé ce 1er novembre 2019 par le gouvernement, vise à inciter les fumeurs français à raccrocher pour de bon de la cigarette. En tout, 157 855 personnes s'étaient inscrites sur la plateforme à la veille du lancement de l'opération.
Première cause de mortalité évitable
En France, on compte quelque 11,5 millions de fumeurs. Un total en baisse : le nombre de consommateurs quotidien aurait chuté de 1,6 millions entre 2016 et 2018.
Le tabac reste malgré tout la première cause de mortalité évitable et de mortalité avant 65 ans dans l'Hexagone, et est responsable de près d’un décès sur huit. Et sur ce point, la Corse fait figure de mauvaise élève : les taux de mortalité des suites à un cancer du poumon sont ainsi sur l'île considérablement plus élévés que la moyenne nationale : +27% pour les femmes et +12% pour les hommes.
Des chiffres avancés par le programme national de lutte contre le tabac des ministères des Solidarités et de la Santé, qui fait de cette cause une priorité de santé publique. Avec un objectif : faire des jeunes d'aujourd'hui, et ce dès 2032, la première « génération d’adultes sans tabac ».
Pour parvenir à ce but, l'Etat a notamment décidé de taper directement dans le porte-monnaie des fumeurs, en augmentant tout les six mois depuis 2017 le prix des cigarettes. Ainsi, ce vendredi 1er novembre, il faudra compter environ cinquante centimes de plus pour obtenir sa marque préférée sur le continent. Une hausse qui touchera également la Corse, le gouvernement ayant acté la fin de l'avantage fiscal insulaire sur le prix du tabac dans son projet de loi des finances 2020.
Un rattrapage qui prendra effet dès le 1er janvier 2022, date à laquelle le prix du paquet de cigarettes insulaire devra être « au moins égal » à 80 % du tarif continental. L’augmentation se poursuivra les années suivantes pour atteindre les 85 % en 2023, 90 % en 2024 et enfin 95 % en 2025.
Soutien moral
Au-delà de l'aspect financier, avec le "mois sans tabac", le gouvernement veut apporter un soutien moral et psychologique aux fumeurs désireux d'arrêter.
Les inscrits reçoivent ainsi un kit, composé d'un agenda et divers dépliants, bénéficient d'un écocoaching, et d'un numéro leur permettant de contacter gratuitement un tabacologue au cours de la journée. « Le fait de se dire qu'on est pas tout seul dans cette galère, ça aide, admet Stéphane. Mais ça n'a pas beaucoup d'effet sur les migraines, l'irritabilité et tout ce genre de symptômes qui ne s'arragent qu'une fois que j'ai eu ma dose de nicotine.»
Ça fait vingt-deux ans que je fume, au moins le double de fois que j'essaie d'arrêter. A chaque fois que je me dis, cette fois, c'est la bonne, j'ai fini par craquer.
S'il débute cette quatrième édition du "mois sans tabac" motivé, Stéphane ne souhaite pas se prononcer sur ses chances de réussite. « Ça fait vingt-deux ans que je fume, au moins le double de fois que j'essaie d'arrêter. A chaque fois que je me dis, cette fois, c'est la bonne, j'ai fini par craquer. Alors j'ai juste envie d'être réaliste et voir si les choses se font, ou non.»
Avec cette année, tout de même, une motivation de taille pour arrêter : « je veux montrer le bon exemple à ma fille. Hors de question qu'elle se retrouve, un jour, dans la même galère que moi.»
* le prénom a été modifié