Cette figure tutélaire du nationalisme corse s'est éteinte à l'âge de 94 ans. Frère d'Edmond Simeoni, Max Simeoni a fondé avec lui l'ARC et l'UPC, et a été député européen. Sa disparition émeut le mouvement nationaliste, et au-delà.
C'est sans surprise dans le camp des nationalistes que la nouvelle suscite le plus vif émoi. Sur les réseaux sociaux, les hommages et les messages de condoléances commencent à affluer.
Du côté, bien sûr des élus issus de la majorité territoriale, et de son leader, Gilles Simeoni, neveu de Max.
Une vision, une foi inébranlable dans la lutte du peuple corse et la démocratie
Jean Félix Acquaviva
Ainsi, pour Antonia Lucciani, "il a ouvert un chemin en tant que précurseur de l'internationalisation de la lutte en France et en Europe". Pour Anne-Laure Santucci, il était animé d'une "foi incroyable", et avait dédié sa vie "au service de tous".
Le député européen François Alfonsi, ancien assistant parlementaire de Max Simeoni, estime pour sa part que "semu numarosi stamane l'urfanelli di un fundatore di u naziunalismu corsu"Jean Félixix Acquaviva souligne "l'abnégation, le courage, le militantisme au service de l'intérêt général des Corses. Une vision, une foi inébranlable dans la lutte du peuple corse et la démocratie".
Le journal Arritti salue la disparition de son fondateur, et de l'une de ses plumes les plus importantes.
Leo Battesti parle d"un bâtisseur de paix".
Un puntellu di a lotta naziunali
Core in Fronte
Les indépendantistes de Core in Fronte saluent "u patriottu corsu è militenti di sempri".
"Da l'anni 1960 sin' à oghji ùn hà mai calatu u so sguardu nant'à nicissità d'adduni i forzi patriottichi è d'investiscia l'insembu di i spazi di lotta".
Sur les réseaux sociaux, Core in Fronte partage également la Une du journal Arritti du 19 août 1973, un article fondateur du nationalisme corse, signé Max Simeoni, au titre, et au contenu, programmatiques : "Je suis nationaliste corse".
Nos idées politiques étaient opposées, mais ces clivages n'ont jamais entamé l'estime que je lui portais
Jean Baggioni
Le décès de Max Simeoni n'est pas encore connu de tous lorsque nous contactons Jean Baggioni, pour recueillir son sentiment. Et celui qui a été l'un des hommes forts de la Droite en Corse durant de longues années, adversaire convaincu du nationalisme, ne cache pas que la nouvelle le touche.
"Je l'ai côtoyé durant des décennies, et je l'avais rencontré encore il y a quelques mois à peine... J'apprends sa mort avec une grande tristesse. Bien sûr nos idées politiques étaient opposées, mais ces clivages n'ont jamais entamé l'estime que je lui portais".
"C'était un homme de conviction, mais pour autant il faisait toujours preuve, dans ses échanges avec ses adversaires, de tolérance et de bienveillance. Il savait écouter, et partager, parfois les analyses des autres. Ce qui avait instauré un climat de confiance entre nous".
Un homme très intelligent, fin stratège politique
Émile Zuccarelli
Émile Zuccarelli avait connu Max Simeoni bien avant les combats électoraux auxquels ils ont tous les deux pris part, de part et d'autre de la ligne de front.
"J'avais dix ou onze ans quand je suis rentré aux scouts de France. Et Max, lui, avait une vingtaine d'années. Nous le regardions avec une certaine admiration. Il avait une petite infirmité physique, qui concernait l'un de ses bras, tout le monde le sait. Et il était connu pour avoir compensé cette infirmité en travaillant la force de son autre bras. Cela en dit long sur son caractère, et sa volonté..."
L'ancien leader des Radicaux de Gauche se souvient : "la légende voulait qu'il soit capable de réaliser des tractions d'un seul bras !"
Mais le respect va bien au-delà de ces supposées prouesses physiques de jeunesse. "C'est une disparition marquante. Max s'était fait plus discret ces dernières années, mais il était un homme très intelligent, fin stratège politique. Il était moins visible que son frère Edmond, mais il a joué un rôle majeur dans le parcours politique de la famille Simeoni".
Comme Jean Baggioni, Emile Zuccarelli convient qu'il y avait peu de sujets sur lesquels il partageait les mêmes convictions, mais que "le départ de Max suscite une certaine émotion" en lui.