"On se dit qu'on a gagné face aux plus grands", un Bastiais remporte 375.000 euros dans un tournoi de poker à Barcelone

Joueur de poker amateur, Rony, 42 ans, s'est illustré en Espagne en remportant la médaille d'argent dans un tournoi de l'European Poker Tour 2024. Une seconde place arrachée après trois longues journées de jeu, et une stratégie "conservatrice".

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"Quand je regarde ma performance, je suis quand même vraiment fier de moi." Et il y a de quoi : après trois journées intensives, à raison de 14h de jeu par jour en moyenne, s'étalant de midi à 2h du matin, Rony, 42 ans, termine deuxième au tournoi High Roller de l'European Poker Tour (EPT), qui se tient cette année à Barcelone. 

Une belle médaille d'argent, et une encore plus séduisante récompense à la clé : 374.850 euros. De quoi consoler - au moins un peu - ce compétiteur bastiais qui admet une certaine frustration d'avoir échoué si près du but à remporter la coupe. "Ça s'est joué à pas grand-chose, un coup où mon adversaire a gagné sur la dernière carte, explique-t-il. Si je l'avais emporté, cela aurait pu me permettre de rebasculer devant lui. Mais c'est comme ça, c'est le jeu."

2064 joueurs inscrits

Reste que pour accéder à cette dernière marche du podium, le Bastiais a dû se frayer un chemin parmi les 2062 autres participants. Dont une majorité de joueurs professionnels, quand lui-même n'évolue qu'en tant qu'amateur. "C'est comme si demain, j'allais faire un match de foot avec Ronaldo et Messi", plaisante-t-il.

"Ce qui est un peu fou, c'est que je ne devais même pas participer à ce tournoi, assure Rony. Je n'avais pas prévu de faire celui-là. Et puis une demi-heure avant la fin des inscriptions, je décide de m'inscrire un peu sur un coup de tête."

Frais d'entrée pour cet événement : 2.200 euros par joueur, pour une cagnotte globale de 3.962.880 euros, répartie entre les meilleurs participants. "Sur les tournois comme ça, il y a toujours une grosse part d'aléatoire et de chance. Le poker, c'est beaucoup de variances, et c'est donc toujours très difficile à prédire", indique-t-il.

"Je les laissais s'entretuer"

Alors quand il s'inscrit, samedi 31 août, le Bastiais ne se fait pas trop d'illusions. "La première journée ne se passe pas trop mal, se souvient-il. Je réussis à me qualifier pour la seconde en étant au milieu du classement."

"Rien d'exceptionnel", selon Rony, mais suffisant pour lui permettre de rejoindre les 350 qualifiés pour la seconde journée... Soit autour de 17 % du total des joueurs inscrit. "Quand tu arrives à la deuxième journée, c'est déjà une autre affaire parce que tu es "in the money" [Littérallement "dans l'argent". En tournoi de poker, cette expression qualifie un joueur qui atteint les places rémunérées, ndlr]. Dès ce moment-là, plus des joueurs sont éliminés, plus tu montes en gain."

On ne peut absolument pas relâcher la concentration, parce que la moindre erreur est fatale, ou presque.

Là encore, le Bastias parvient à se maintenir, avec toujours une même stratégie : "Je les laissais s'entretuer, et de mon côté je jouais très peu de mains." Cette tactique "plutôt conservatrice" lui réussit, et lui permet de se hisser parmi les 26 derniers pour la troisième et dernière journée.

Un dernier tour qu'il entame dans les meilleures conditions, en qualité de Chipleader [en poker, le joueur qui à un moment donné dispose de la plus grosse somme de jetons à table, ndlr]. "A ce moment-là, je sors déjà de deux longues journées de jeu, donc il y a une certaine fatigue. Mais on ne peut absolument pas relâcher la concentration, parce que la moindre erreur est fatale, ou presque. Je me fixe l'objectif d'accéder à la table finale, c'est-à-dire les 9 derniers."

"On se dit qu'on l'a emporté face aux plus grands"

Conservant la même stratégie qu'au deuxième jour, appliquant un poker "assez sérieux, en ne prenant pas énormément de risque", le joueur rejoint enfin la table des champions... Et les voit tous sauter, un par un, jusqu'à le laisser seul en tête à tête avec le professionnel allemand Berthold Winz.

Dès le début du duel, Rony est désavantagée : son adversaire dispose de 45 millions de jetons, lui, le tiers, 16 millions. Le Corse s'accroche, mais doit finalement reconnaître sa défaite après quelques minutes de jeu.

Quand on est compétiteur, arriver second, c'est beau, mais c'est qu'on veut avant tout, c'est le trophée.

"Sur le coup, je suis forcément un peu déçu. C'est obligatoire quand on est compétiteur, arriver second, c'est beau, mais c'est qu'on veut avant tout, c'est le trophée, admet-il. Mais quand je regarde ce que j'ai accompli et ce avec quoi je repars, je me dis que c'est énorme. Surtout au vu de la qualité des joueurs : on se dit qu'on l'a emporté face aux plus grands. Et les trois quarts des joueurs pros n'ont jamais gagné un pareil gain sur une seule partie. C'est assez exceptionnel."

Désormais rentré à Bastia, Rony réfléchit déjà à repartir dans "quelque temps" pour un prochain événement de poker. En l'attente, le joueur prend des cours de poker pour affiner son jeu. Avec bien sûr l'ambition de continuer à se frotter aux plus grands dans de futurs tournois. 

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