Elle avait été mise en place au mois de juin dernier, afin de contrôler l'accès anarchique à l'une des plages les plus prisées de Corse.
"Un feu accidentel, ce n'est pas une réflexion qui nous a traversé l'esprit..." Le ton ironique de Marc Tomi en dit long.
Face au maire de Santu Petru Di Tenda, il ne reste que l'armature de bois de la guérite qui, durant un mois, percevait la redevance pour l'accès au parking qui menait à la plage de sable blanc de Saleccia.
"Pas question qu'on reste un jour sans que le système qu'on a mis en place après des années de travail ne fonctionne. Ce serait un aveu d'échec. J'ai demandé aux jeunes saisonniers de venir quand même, on trouvera un moyen de s'adapter", confie Marc Tomi.
Reprendre la main
C'est peu avant 6 heures ce lundi 17 juillet que les flammes ont détruit la guérite mise en place par le Conservatoire du littoral et la commune de Santu Petru di Tenda, malgré l'intervention des pompiers.
Une guérite qui était le symbole le plus visible de la volonté des pouvoirs publics de maîtriser un développement touristique anarchique, suscitant des intérêts économiques d'importance.
La plage de Saleccia, et celle du Lotu sont parmi les plus belles plages de Haute-Corse. Et elles attirent une foule spectaculaire durant la saison. Situées dans les Agriates, elles n'étaient jusque-là accessibles que par la mer, par un sentier pédestre interminable, ou par 4X4, le long d'une piste pas vraiment praticable.
Des moyents épuisants, pour les plus courageux, ou onéreux, pour les plus pressés.
Préserver, et sécuriser
Le Conservatoire du littoral, en concertation avec la commune de Santu Petru, a donc mis en place un passage payant, avec un parking, à la capacité limitée, de 200 places. Une initiative parmi d'autres, prises pour préserver et sécuriser les lieux, mais également démocratiser leur accès...
Ca renforce notre volonté de continuer sur ce chemin
Marc Tomi, mairie de Santu Petru di Tenda
Marc Tomi secoue la tête, l'air navré, devant ce qui reste de la guérite : "c'est choquant, c'est désespérant. Mais une chose est sûre, ça renforce également notre volonté de continuer sur ce chemin".
Soutien de la classe politique
Il en est de même, apparemment, du côté de l'exécutif, à en croire le tweet posté par son président, Gilles Simeoni :
Fà populu inseme voit dans cet incendie un acte "de vandalisme incompréhensible et injustifiable. Le projet de réhabilitation de cette piste de Saleccia, piloté conjointement par le Conservatoire du littoral, la commune de Santu Petru di Tenda et la Collectivité de Corse s'intègre dans le dispositif global, terrestre et maritime visant à préserver cette zone d'intérêt majeur en conciliant protection de l'environnement et des plages de Lotu et Saleccia, gestion des flux tourisitiques, et sécurité des usagers, notamment contre les risques incendies."
"Fà populu inseme et Femu a Corsica réaffirment que l'intérêt général prime les intérêts particuliers et que rien ne peut justifier de s'attaquer au bien commun", poursuit le communiqué. Le parti salue enfin "le choix du maire et du Conservatoire du littoral de maintenir les mesures mises en place, malgré cet acte de destruction, et les assurent de leur soutien."
Core in Fronte, de son côté, a publié un communiqué de presse de soutien, dans lequel il rappelle que "la préservation de l'environnement, la lutte contre la surfréquentation restent des priorités à mettre en place, concrètement, dans le Nebbiu comme dans l'ensemble de la Corse".
"Nous disons clairement, à tous les apprentis sorciers, que la défense de notre espace commun et de nos intérêts collectifs ne sera jamais celle des intérêts particuliers. Quels qu'ils soient".
Le PNC campe sur les mêmes positions : "il est urgent de rappeler que les objectifs affichés par le Conservatoire du littoral et la municipalité de Santu Petru di Tenda, en réponse aux problématiques de surfréquentation et de gestion raisonnée des sites sensibles, restent des priorités politiques, au-delà de la mouvance nationaliste corse".
"À ceux qui ont choisi délibérément de brûler cette nuit ce poste, nous répétons qu’ils n’empêcheront pas, ici comme partout ailleurs en Corse, de voir s’organiser et s’amplifier les moyens au service de la défense de notre bien commun qu’est la Terre et son littoral".
Une enquête a été ouverte pour destruction par moyen dangereux pâr le parquet de Bastia, et confiée à la gendarmerie de Saint-Florent.