Depuis plusieurs années, la mer grignote le littoral de la plaine orientale. La plage de Vignale à Ghisonaccia a perdu une vingtaine de mètres. Un restaurant menace de disparaître avec les prochaines tempêtes. Dans la région, les travaux qui se déroulent actuellement au grau de l'étang d'Urbino sont également mis en cause.
Une terrasse de 80 mètres carrés s'est effondrée sous l'effet de la houle. Les vagues ont emporté avec elles une vingtaine de mètres de plage. Une situation spectaculaire qui attire encore les curieux.
Un premier coup de boutoir de la mer avait déjà grignoté cette plage de Ghisonaccia en mars dernier. Mais cette fois, le propriétaire du restaurant situé sur la plage a de quoi désespérer. "Moi ce qui m'intéresse, c'est d’exploiter mon établissement et retrouver une plage, déclare Dominique Orsucci. L'idée maintenant, c'est de trouver une solution puisque de toute façon toutes les plages de France sont impactées. Il n'y a pas que chez nous. Partout, ils trouvent des solutions, j'espère qu'on va en trouver ici aussi."
Un peu plus loin, 18 locations touristiques font face à la mer. Pour le moment, elles sont hors de portée des vagues. Mais la propriétaire, Emmanuelle Chiodi, qui a grandi sur cette plage, reste surprise par l'ampleur de l'événement. "J'ai vu la mer démontée, j'ai vu des vagues arriver sur les terrasses, mais la plage est revenue instantanément. Je n’ai jamais vu ça, jamais. S'il n’y a plus de plage et si les maisons sont en danger de destruction, est-ce que je vais pouvoir transmettre quelque chose à mes enfants ?"
Des travaux en cause ?
Il y a l'effet de la houle, mais les différents propriétaires soulèvent une autre hypothèse : celle des travaux de désensablement de grande ampleur à l’étang d’Urbino situé au nord de la plage de Ghisonaccia. Jointe par téléphone, la direction préfère laisser les spécialistes des risques côtiers répondre. Pour ces derniers, cette hypothèse ne peut pas être retenue.
"On a une accumulation de sable qui se fait au-dessus du grau (Ndlr : le passage où les eaux de la mer et les eaux intérieures communiquent), avec une érosion plus prononcée au nord du site, donc c'est clairement une illustration d'un transport de sable du Sud vers le Nord, indique Julie Mugica, ingénieure risques côtiers au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Pour cette raison-là, il est peu probable que les travaux du grau soient responsables de ces phénomènes d'érosion."
"Catastrophe environnementale et économique"
En attendant, l'accès de la plage de Ghisonaccia reste difficile. Pour le maire Francis Giudici, c'est à la fois une catastrophe environnementale et économique. La commune compte 12 000 lits touristiques. "Pour l'instant, je suis inquiet parce qu'on voit que les courants ont complètement changé, explique-t-il. On a pied jusqu'à plus de 300 mètres dans certaines zones, donc ça signifie que ça recharge, mais ça recharge dans l'eau..."
Une réunion aura lieu mi novembre avec le BRGM pour déterminer une solution d'urgence. Peut-être la pose de nouveaux "big bags" : des sacs de sables installés afin de créer une digue anti submersion.
Le reportage de Solange Graziani et Typhaine Urtizverea :