Comédien, metteur en scène et auteur, Christian Ruspini nous a quittés brutalement ce lundi 29 mai à l'âge de 53 ans. Reconnu pour son talent et son professionnalisme, son décès a suscité une grande émotion dans le monde de la culture en Corse. Vendredi 2 juin à 22h05, ViaStella lui rend hommage en rediffusant "51 pegasi, la confession de la bête". Ce spectacle, qu'il a mis en scène et dans lequel il joue, est une adaptation du premier roman de Marc Biancarelli.
C'est à Nice à la fin des années 80, que Christian Ruspini commence sa formation de comédien auprès d'Henri Legendre, directeur du théâtre de quartier L'Alphabet. Un apprentissage qu'il poursuivra ensuite à Porto-Vecchio avec Mireille Baudon et à partir de 2001 avec Robin Renucci au sein de l'association L'Aria. L'énergie du jeu l'animait et il deviendra formateur de cette structure d'accompagnement des pratiques artistiques et culturelles.
Depuis 2002, Christian Ruspini a joué dans de nombreuses créations, notamment dans des mises en scènes de René Jauneau, Noël Casale, Orlando Forioso, Elise Orsetti et Hanok Levin. Il a fait de rares apparitions au cinéma, dont la dernière en 2021 dans le court-métrage "Gare aux coquins" de Jean Costa, qui évoque l'homosexualité en Corse.
Artiste protéiforme, il écrit en 2016 son premier ouvrage, "Bastia à l’ouest, j’ai rêvé une île". Des fragments de textes et de poésies sur ses souvenirs et les émotions liées à la ville de Bastia, un parcours autobiographique qui questionne l’altérité. Il en fera diverses lectures en Corse accompagnées d’un travail sur l’image photographique.
▶ Reportage : portrait de Christian Ruspini signé Delphine Leoni.
Alors qu'il l'avait adapté et interprété en 2007, Christian Ruspini décide en 2018 de reprendre le premier roman de Marc Biancarelli "51 Pegasi astre virtuel", traduit du corse par Jérôme Ferrari pour en faire une nouvelle mise en scène. Naitra "51 pegasi, la confession de la bête", l’histoire d’un homme qui revient dans son pays après 10 ans d’un exil forcé. Il est devenu poète, il écrit maintenant, et il décrit sans détours le monde qui l’entoure. Il est Corse. Et cela se passe en Corse, dans le déroulement de scènes quotidiennes qui sont celles de la vie de l’auteur, ou bien de celles qu’il observe. Ce récit frappe fort et se charge de vérités crues, sensibles et répulsives à la fois. Celles d'un homme qui échoue à se faire une place dans la Corse d'aujourd'hui. Sur scène, Christian Ruspini n'est plus seul, il a choisi d'intégrer une présence féminine au récit initial de Marc Biancarelli, un rôle de composition pour la comédienne Anna-Marie Filippi.
▶ Interview de Christian Ruspini lors de la captation pour la télévision de son spectacle "51 pegasi, la confession de la bête"
En janvier dernier, en découvrant cette nouvelle adaptation de son ouvrage, Marc Biancarelli dira à Christian Ruspini : "Longtemps, ce que j'avais mis dans ce texte m'a échappé, et je me disais qu'au final, la seule fonction de ce livre était dans le mal qu'il m'avait fait. Les choses changent, la perception du monde aussi, et mon regard sur moi-même également. J'assume aujourd'hui ce roman et tu n'y es pas pour rien. En deux occasions, deux époques différentes, tu as porté cet écrit que l'on voulait taire et tu lui as donné vie. Toi seul pouvais le faire, c'étaient des pages qui te collaient à la peau, et aucune autre personne, aucun acteur n'aurait pu s'en emparer et l'incarner avec la vérité, la conviction, la justesse que tu y as mis"
"51 pegasi, la confession de la bête", un spectacle mis en scène par Christian Ruspini à voir vendredi 2 juin à 22h05 sur ViaStella
D'après l'ouvrage de Marc Biancarelli / traduction Jérôme Ferrari - Distribution : Christian Ruspini et Anna-Marie Filippi - Réalisation : Philippe Raffalli et Pierre François Cimino - Coproduction France 3 Corse ViaStella / PastaProd