Les 22 et 23 Mars, l'Assemblée de Corse dessine le futur service maritime Corse-Continent.
DSP: la menace d'un plan social important
Jeudi et vendredi l'Assemblée de Corse va débattre et voter sur l'avenir des transports. Dans le maritime , la propositions de l'exécutif de supprimer les aides en haute saison provoque de vices inquiétudes dans les personnels de la SNCM qui emploie 2 000 personnes.
Les élus se prononcent sur deux rapports de l’Office des Transports de
A la dimension économique, va s’ajouter le domaine social. En effet, la réduction de l’actuelle Délégation de Service Public aura de lourdes conséquences sur l’emploi pour le principal délégataire actuel,
Une DSP à revoir…
Il faut noter que les deux compagnies délégataires se sont pourvues en cassation devant le Conseil d’Etat. Ce pourvoi n’est pas suspensif et la décision du Conseil d’Etat pourrait ne pas être rendue avant plus d’un an. De son coté, l’OTC n’a pas estimé nécessaire d’introduire un pourvoi.
… une « aide sociale » en sursis
Le deuxième volet du financement public concerne les lignes entre les ports continentaux de Nice et Toulon et certains ports de Corse. Jusqu’à présent, deux compagnies bénéficiaient de ces subventions versées annuellement :
Enveloppe maritime, mode d’emploi
La partie DSP s’élevait pour 2011, à 110 millions 600 milles euros. Il s’agit d’une subvention pour le service des passagers et du fret toute l’année. Durée de l’actuelle concession : cinq ans. Cette délégation est attribuée aux vainqueurs d’un appel d’offres européen (Union Européenne). Le service des passagers est assuré, aussi bien par des cars ferries (SNCM) que par des cargos mixtes -fret et passagers- (SNCM et CMN).
Subvention (2011)
SNCM :
CMN :
Ces sommes sont calculées, sans les compléments qui ont été versés en fin d’année.
La partie « aide sociale » s’élève, au total à 16 millions d’euros pour l’année 2011. Il s’agit d’une subvention, pour certain type de passagers (voir lien « aide sociale »). Dans ce cas, il n’y a pas d’appel d’offres. Toute compagnie est éligible à cette subvention, si elle remplie des obligations dites allégées. Les compagnies intéressées font une demande pour une ligne, entre les ports de leur choix.
« Aide sociale » 2011
SNCM : 2 M€
CFF : 14 M€
La dénommée « aide sociale » a été critiquée par le rapport parlementaire « Revet ». De son coté, Paul Marie Bartoli Pdt de l’OTC parle de « subvention déguisée ».
Un futur service réduit aux cargos mixtes
Le Conseil Exécutif s’appuie sur la décision de
Passagers sur cargos DSP 2011 (Marseille-Corse)
CMN -3 cargos : 239 355 passagers
SNCM – 4 cargos : 417 278 passagers
Total : 656 633 passagers
*Source : ORTC
Le rapport de l’Exécutif ne dit pas combien de navires sont nécessaires pour atteindre les « 410 000 » passagers subventionnés. Cependant, lors de leur conférence de presse commune, le mercredi 21 Mars, le Pdt du Conseil Exécutif, Paule Giacobbi et de l’OTC, Paul Marie Bartoli, on estimé que le service cargos/DSP devrait compter « sept cargos ».
Mais on peut observer que, rien que pour les cargos, trois ou quatre navires pourraient suffire, si on en reste aux capacités proposées.
La bataille du fret
Le fret, c’est le grand oublié médiatique. Pourtant, la quasi-totalité des produits qui entrent et sortent de Corse arrivent et partent par bateau. Un des rapports de l’Exécutif parle du fret et propose « 1 million
Des ferries sans subvention
C’est moins le type de navire qui est mis en cause, que les périodes de financement. Il s’agit, ici, de ne plus financer que le « service de base », autrement dit le service de basse saison.
Le service dit « complémentaire » est effectué, essentiellement, par des ferries. C’est donc le financement public de ce type de navire qui est remis en question, même si le rapport du Conseil Exécutif ne parle pas de type de navire. L’an dernier, les ferries ont transporté, sur les lignes de Marseille, plus d’un demi-million de personnes, c’est cette partie qui ne rentrera plus dans le contrat.
Passagers sur ferries 2011 (Marseille-Corse)
SNCM : 539 991 passagers
Les chiffres qui font polémique
Outre le débat juridico commercial sur les périodes à financer « service complémentaire » et/ou « service de base », l’OTC estime qu’elle finance des ferries (ceux de
Offre par compagnie (2010) |
Passagers transportés |
Taux |
C.F.F. 6 millions de places |
2 millions de passagers |
33.3% |
S.N.C.M. 2 millions de places |
830 000 passagers |
41.5% |
C.M.N. 436 000 places |
205 000 passagers |
47% |
Moby Lines 374 000 places |
125 350 passagers |
33.5% |
La situation 2011 n’a pas beaucoup évolué. Sachant que
La direction de
Journal télévisé « Corsica Sera » du jeudi 15 Mars 2012. Selon le Pdt du Directoire de cette compagnie, Marc Dufour, « le taux de remplissage en été dépasse largement les 60% ». Une chose est sure, sachant que le taux médian 2010 était à 41,5% et qu’en 2011
Au regard de ces résultats, la majorité des syndicats de
« Pas de DSP à Toulon »
La majorité des syndicats de
La pression des économies
Au delà des explications juridiques, la baisse des subventions s’appuie sur un constat : « il n’y a plus d’argent ». Sous entendu dans les caisses de l’OTC pour étendre le financement du maritime. Il faut réaliser des économies. Les économies attendues sur la baisse du financement du « service complémentaire » pourraient tourner autour de « 33 millions d’euros ».
Un autre rapport du Pdt du Conseil Exécutif (Rapport N° 2012/01/045) propose aux élus la « suppression du versement de l’aide sociale aux compagnies maritimes ». Ce rapport ne fait pas de proposition de remplacement à cette formule en vigueur depuis 2002. Pourtant le 20 Février 2012, le Pdt du Conseil Exécutif, Paul Giacobbi, estimait qu’il fallait remplacer le système « d’aide sociale » par une « aide aux résidents corses ». On ignore si cette proposition figurera au menu des débats des 22/23 Mars, mais elle a forcement un coût. Une partie des 16 millions d’euros, actuellement consacrés à « l’aide sociale », devrait servir à « l’aide aux résidents corse ». Il reste à chiffrer les économies réalisables sur l’ex « aide sociale ».
Le prix des économies
En stoppant les subventions pour les ferries du « service complémentaire », l’assemblée ne fait pas que retirer 33 millions d’euros à l’actuel délégataire. Elle transfère, mécaniquement, une partie des 539 000 passagers des ferries de
Des économies pourquoi faire ?
Il faut d’abord « stopper « l’hémorragie financière de l’OTC ». L’enveloppe de continuité territoriale n’est pas extensible, d’autant plus que l’Etat a arrêté d’abonder cette enveloppe depuis plusieurs années. A ce propos, il est nécessaire de rappeler que « l’enveloppe » est une Dotation Budgétaire de Fonctionnement attribuée exclusivement, pour l’instant du moins, aux transports (maritimes et aériens). Cet argent de l’Etat est géré par l’assemblée de Corse via l’OTC (loi Joxe 1991).
Une fois « l’hémorragie » stoppée, les économies réalisées pourraient servir à abonder le budget général de l’assemblée de Corse, le plus faible de France. A quel usage serait réservé cet argent ? Il est encore trop tôt pour répondre. Il faut d’abord réaliser ces économies, les chiffrer et obtenir d’un gouvernement (par décret) l’autorisation de les affecter à d’autres objectifs. Lesquels ? Cela risque de devenir l’objet de débats agités dans les prochaines années. Déjà certains ont leur petite idée, pour l’heure rien n’est arrêté officiellement.
Une « compagnie régionale »
Il s’agit d’une revendication portée par les mouvements politiques nationalistes et par le syndicat nationaliste STC. Le mouvement nationaliste estime que « l’enveloppe » c’est « l’argent de
Le prix réel est supérieur à « un euros » comme le rappel Paul Giacobbi dans Corse Matin ». Selon les estimations, le prix d’une partie de
De toute façon, le Rapport N° 2012/01/044 propose aussi, la « création d’une commission spéciale relative à la création d’une compagnie régionale ». En d’autres termes, avant de créer éventuellement une compagnie, créons une commission.
Compagnie régionale et… internationale ?
Dans les propositions de SEM (voir plus loin « compagnie régionale et DSP »), on peut comprendre qu’elle serait l’acteur ou un des acteurs de la future DSP « par cargos ». Mais quid des ferries, si l’Exécutif suggère que «
En résumé, une « compagnie régional » ou une SEM, quelque soit son appellation ne réglera pas les conséquences sociales de la disparition des ferries.
Compagnie régionale et DSP
Le fait d’associer l’étude de faisabilité d’une compagnie régionale et une proposition de DSP dans un même rapport pose question. Existe-t-il une volonté politique d’associer les deux ? Une partie de réponse sera connue les 22 et 23 Mars. A défaut de « scoop » nous possédons quelques éléments de réflexion.
Le faible niveau de trafic promis à la subvention « 410 000 » au lieu du million aujourd’hui, est-il un de ces éléments ? Dans le cas d’une compagnie régionale, serait-ce une base ? Mais dans ce cas que devient
Un prétexte ?
Une compagnie régionale peut-elle être le « cache sexe » du naufrage de
L’hypothèse de l’arrivée d’une « autre compagnie », agitée à chaque nouveau service, et jamais avérée est encore plus aléatoire cette fois. Le marché est peu attractif, sauf pour les opérateurs existants. Le retrait de la Moby France et sa réduction de flotte en sont une parfaite illustration.
Enfin, il resterait la compagnie régionale qui assurerait une portion congrue. Pour de nombreux observateurs, ce scénario ressemblerait à la situation sarde. La « flotte sarde » constituée de deux navires financés par
Le silence de l’Etat
L’Etat possède 25% de
VOLIA-CTC, échanges par voix de presse
« Les dirigeants de VEOLIA-SNCM et de l’Exécutif se sont rencontré en début de mandature » c’est le Pdt de l’OTC qui nous le dit, mais à la question : « vous êtes vous revus ces derniers mois » ? La réponse est « Non ». Les dernières discussions connues pourraient ont eu lieu en Décembre 2011. Pour le grand public, les échanges entre ces deux partenaires se font par journaux interposés. Trois jours avant les débats devant l’assemblée de Corse, le Pdt du Conseil de Surveillance de
Du coup, les Présidents du Conseil Exécutif et de l’OTC se sont expliqué sur leur stratégie le 21 Mars, la veille des débats.
Les débats de Mars
Au moment où nous publions ces lignes, nous n’avons pas connaissance de l’existence d’autres options possibles, mis à part les deux rapports cités ci-dessus. Pourtant, à l’évidence, ces rapports seront complétés. Il manque, pour l’instant beaucoup d’informations, pour avoir une vison d’ensemble. En réalité, il s’agit de préparer une période transitoire entre la fin anticipée de l’actuelle DSP (fin septembre 2012) et le démarrage du futur service, sans doute en 2014. Entre ces deux dates, il peut se passer bien des choses. La liste énoncée dans cet article n’est pas exhaustive. Une chose est sure, les responsables politiques devront peser leurs décisions (déjà prises ?) car la durée de la future DSP doit être portée de cinq à… douze ans, un bail.