Jacques Mariani, considéré comme un héritier de la bande criminelle corse de la "Brise de Mer", a été condamné jeudi à Marseille à cinq ans de prison pour subornation de témoin en récidive. Son avocat a annoncé que son client allait faire appel.
Jacques Mariani, 52 ans et héritier présumé de la bande de la « Brise de mer » a été condamné jeudi à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Marseille. Il était jugé depuis mardi pour subornation de témoin dans une affaire remontant à 2012.
Le tribunal a délivré un mandat de dépôt contre cette figure du grand banditisme corse, qualifiée par l'accusation de "malfaiteur notoire".
Son avocat, Me Jean-Sébastien de Casalta, qui avait quitté la barre mardi alors que son client se disait jugé d'avance, a annoncé qu'il comptait faire appel.
Ce jugement "démontre une volonté coûte que coûte de condamner et de condamner un homme parce qu'il a la personnalité que l'on sait et parce qu'il a le patronyme que l'on sait également."
Il lui est reproché d'avoir orchestré en octobre 2012 une déposition favorable à Ange-Toussaint Federici, malfaiteur corse fiché au grand banditisme, jugé en appel par la cour d'assises du Var pour un triple assassinat commis en avril 2006 dans un bar marseillais connu sous le nom de la « tuerie des marronniers ».
Jacques Mariani est accusé d'être intervenu auprès de Karim Boughanemi, un de ses codétenus de la centrale de Saint-Maur (Indre) et lieutenant d'une des victimes de la tuerie, afin qu'il témoigne en faveur d’Ange-Toussaint Federici en échange d'une somme de 130.000 euros.
Le lendemain de sa déposition devant les jurés varois, la compagne de Karim Boughanemi avait été interpellée à l'aéroport de Marseille avec deux entrepreneurs corses qui venaient de lui remettre 60.000 euros, un premier versement de 70.000 euros ayant été opéré deux jours plus tôt.
L'entrepreneur porto-vecchiais, Jean Quilichini, 67 ans et considéré proche de la famille Federici, qui avait réuni la somme destinée à rétribuer le témoignage de M. Boughanemi a été condamné à deux ans de prison. Les trois autres complices ont écopé d'une peine allant de 18 mois de prison avec sursis et 18 mois de prison ferme.
« Des clans qui se croient tout permis »
« Cette affaire emblématique illustre la dérive mafieuse dans laquelle la Corse est empêtrée et livrée à des clans qui se croient tout permis pour garantir leur impunité », a déploré le procureur Patrice Ollivier-Maurel lors de son réquisitoire mercredi. S'appuyant sur les écoutes téléphoniques de Jacques Mariani en détention, le magistrat a détaillé le rôle central de celui-ci: « Il prend les initiatives, organise le scénario, prend les contacts, met la pression sur Karim Boughanemi ».
S'estimant jugé d'avance, Jacques Mariani a refusé de rester dans le box durant son procès. « Je me suis déjà pris dix ans par ce tribunal à Marseille, le cinéma, ça suffit. J'ai compris pourquoi vous êtes là, moi je m'en vais » a-t-il lancé en demandant à regagner sa cellule. Ses défenseurs, Mes Jean-Sébastien de Casalta et Eric Dupont-Moretti, ont de leur côté quitté la barre après avoir soulevé plusieurs moyens de nullité de procédure que n'a pas retenus le tribunal.
Jacques Mariani comparaissait détenu en raison d'un mandat de dépôt décerné le 23 décembre dans une nouvelle affaire d'extorsion en bande organisée. Il a également été condamné en 2008 à quinze ans de réclusion pour assassinat.