Le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse a été condamné ce lundi 10 juillet à neuf mois de prison et une amende de 15.000 euros pour escroquerie aux aides agricoles, des "fraudes" dénoncées à l'origine par un rapport européen.
Le tribunal correctionnel de Bastia, qui a suivi les réquisitions faites par le procureur lors de l'audience en mai, a également prononcé la confiscation de la somme de 7.775 euros saisie sur son compte bancaire.
Joseph Colombani, président de la Chambre d'agriculture de Haute-Corse et du syndicat agricole majoritaire FDSEA de Haute-Corse, avait été jugé en son absence pour escroquerie commise entre octobre 2012 et septembre 2015.
En décembre 2020, l'Office antifraude de l'Union européenne (Olaf) avait rédigé un rapport dénonçant des "anomalies" qui révélaient l'existence "d'un système de fabrication de faux et/ou de falsification affectant l'authenticité des factures".
L'organisme européen mettait en cause deux exploitants agricoles, l'un en Corse-du-Sud et l'autre en Haute-Corse, ainsi que la société Furnicella de Joseph Colombani.
Il indiquait que cette société avait reçu grâce à ces "factures irrégulières" 7.775 euros d'aides nationale et locale et 7.775 euros d'aide du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader). L'Olaf recommandait le recouvrement de ces aides.
Le rapport avait donné lieu à l'ouverture d'une enquête par le parquet de Bastia pour escroquerie.
Le gérant de la société censée avoir réalisé les factures de M. Colombani avait attesté, devant les enquêteurs, que les trois factures étaient fausses. Elles ne présentaient pas l'adresse de la société, le numéro de téléphone était différent, tout comme l'en-tête, le pied de page et le cachet. Il n'y avait pas non plus de numéro de commande.
"On parle du président de la chambre d'agriculture qui fait des fausses factures !", avait dénoncé le procureur à l'audience. "Un administrateur de l'Odarc (Office du développement agricole et rural de la Corse) qui fraude l'Odarc. Il est soumis à un devoir d'exemplarité et il a failli à sa tâche", avait poursuivi le magistrat, rappelant les sept précédentes condamnations de M. Colombani, notamment à des peines de prison avec sursis, dans le cadre de dégradation sur des biens publics ou violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
"La plupart de ces condamnations proviennent de manifestations à caractère agricole", avait justifié Me Jean-Sébastien de Casalta, son avocat, plaidant la nullité de la procédure du fait du délai de prescription. Il avait estimé les réquisitions "très largement disproportionnées au regard de l'ancienneté des faits et de la somme modeste perçue".
Avec AFP.