Conseiller territorial à l’Assemblée de Corse, Romain Colonna défend les couleurs de "Femu a Corsica" dans la première circonscription de Corse-du-Sud. Il s'agit de sa deuxième participation à une élection législative.
Après une première candidature en 2012, Romain Colonna se lance de nouveau à l'assaut du palais Bourbon. Désormais âgé de 40 ans, le conseiller territorial "Femu a Corsica" tentera de ravir cette première circonscription du Pumonte détenue par la droite depuis dix ans.
S'il aura face à lui un autre candidat nationaliste, il désigne Laurent Marcangeli comme son "principal adversaire politique" dans ce scrutin.
Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?
Tout d’abord, ma candidature s’inscrit bien évidemment dans la longue lutte de ce peuple pour la reconnaissance de ses droits. Elle s’inscrit dans le droit fil de ce qui a été initié autour de la dynamique "Fà populu inseme" et de la personnalité de Gilles Simeoni aux dernières élections territoriales. Ma candidature s’inscrit également à la suite du bilan des trois députés nationalistes sortants qui ont fait un travail remarquable.
Je suis candidat pour combattre le projet politique d’Emmanuel Macron, d’Edouard Philippe et de Laurent Marcangeli dans la circonscription et, plus largement, à l’échelle de la Corse. Parallèlement, je veux défendre notre vision de la Corse à l’échelle politique du territoire et dans le cadre d’un statut d’autonomie pour régler un certain nombre de problèmes relatifs au quotidien des Corses et aux enjeux sociétaux qui nous concernent tous.
Si vous êtes élu, quelles seront vos principales actions pour votre circonscription ?
Les problèmes de la circonscription sont aussi ceux de la Corse et doivent être réglés d’un point de vue politique général. Ceci étant, la circonscription souffre d’un certain nombre de maux. Sans faire de hiérarchie, on peut évoquer les sujets du logement et de la spéculation auxquels je m’attaquerai. Aujourd’hui, chez les jeunes et les moins jeunes, il y a un problème important d’accès au logement que ce soit en termes de propriété ou de parc locatif.
Je m’attaquerai aussi aux problèmes liés au pouvoir d’achat et à l’amélioration sociale du peuple corse qui n’appartient ni à la droite, ni à la gauche ni aux nationalistes. C’est un engagement fort de ma campagne dans la mesure où le projet porté par Emmanuel Macron sur le pouvoir d’achat sera adossé à la loi de finances rectificative au mois de juillet. Que ce soit au niveau du prix de l’essence, du chèque alimentaire, des retraites et de la revalorisation salariale, il faudra que les députés obtiennent un certain nombre d’indexations dans le cadre de cette loi afin de participer à l’amélioration sociale pour la Corse.
Autre sujet important, celui de la santé et des déserts médicaux. L’accès à la santé est un droit absolu pour lequel on doit se battre. C’est pour cela d’ailleurs que j’ai voulu à travers la candidature de ma suppléante, le docteur Cécilia Costa, incarner cette problématique-là.
En toile de fond de toutes ces problématiques, il y a bien évidemment pour moi l’obtention d’un statut d’autonomie qui doit nous permettre d‘apporter des solutions adéquates et concrètes sur le quotidien des Corses.
Un cycle de discussions devrait commencer fin juin entre le gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d’évoluer vers un statut d’autonomie. Si vous êtes élu député, comment aborderez-vous ces discussions ?
Pour entamer ces discussions sur l’autonomie, je crois que les Corses doivent envoyer, pour la première circonscription de Corse-du-Sud, quelqu’un qui représente - de par son parcours politique et ses convictions - l’autonomie et qui y croit. Et non pas quelqu’un qui serait par intermittence ou partiellement autonomiste par opportunisme. C’est une différence fondamentale qui me sépare du projet politique porté par Laurent Marcangeli, mon principal adversaire dans cette bataille électorale.
Je ne me présente pas de manière belliqueuse à l’égard de l’État. Je veux simplement lui dire qu’il doit se comporter comme un partenaire vis-à-vis de la Corse. Il doit se mettre autour de la table et entamer un cycle de discussions qui soit franc, honnête, et qui ait l’ambition d’apporter des solutions pour la Corse dans le respect du vote des Corses réitéré à plusieurs reprises ces dernières années en faveur de l’autonomie. Le règlement de la question politique de l’île doit nécessairement passer par le dialogue entre l’État, la Collectivité de Corse et les forces vives de l’île.
Dans cette circonscription, la famille nationaliste part en ordre divisé. Jean-Paul Carrolaggi représentera également la mouvance. N’est-ce pas un désavantage pour vous ?
Je crois profondément à la force du projet, des convictions et à la démocratie. Il y a un premier tour. Je crois qu’il est opportun dans ces conditions que s’exprime une pluralité démocratique même au sein de la famille nationaliste. Pour ma part, je ne parle pas de désunion mais d’une offre plurielle au sein de la famille. Ma candidature s’inscrit dans le droit fil de ce que les Corses ont demandé lors des élections Territoriales de juin 2021, en respectant les équilibres, les majorités et les oppositions. J’appartiens à une formation politique structurée, qui a des milliers d’adhérents et qui a lancé une procédure démocratique en interne au début du mois de mai après une période douloureuse pour les Corses. Dans le cadre de cette procédure, j’ai été désigné par ma formation politique comme le candidat et j’ai porté pendant toute ma campagne un message profondément respectueux à l’adresse des candidats en ajoutant que mon seul adversaire politique était le projet défendu en Corse par Laurent Marcangeli, Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Je me suis concentré là-dessus.
Si vous n’êtes pas qualifié pour le second tour, appellerez-vous à soutenir un candidat ?
Je me présente pour proposer et défendre un projet au nom des intérêts collectifs de la circonscription et de la Corse. Si je savais par avance que je ne serais pas au second tour, je n’irais pas me présenter. Je ne suis pas là pour faire de la figuration. Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours engagé au sein de la famille nationaliste. Je sais où mon combat prend sa source et je demeurerai nationaliste corse quelles que soient les conditions qui s’offrent à moi à l’avenir.
Pour l’instant, je suis donc concentré sur la bataille du premier tour et je m’engage pleinement dans cette bataille-là pour franchir cette première étape.