Samedi 7 mai à Ajaccio, Romain Colonna a officialisé sa candidature à l’élection Législative de juin prochain. Le conseiller territorial nationaliste représentera Femu a Corsica dans la première circonscription de Corse-du-Sud où il s'était déjà présenté en 2012.
Dix ans après, revoilà Romain Colonna sur la ligne de départ d'une élection Législative. Désormais âgé de 40 ans, l’élu autonomiste de l’Assemblée de Corse se lance de nouveau dans la course à la députation.
En 2012, il avait obtenu 9% des voix et était arrivé quatrième du premier tour de scrutin dans cette même première circonscription de la Corse-du-Sud remportée à l’époque par Laurent Marcangeli. Les 12 et 19 juin prochains, les deux hommes ferrailleront de nouveau dans les urnes.
Pour Romain Colonna, le maire d’Ajaccio - qui lançait lui aussi sa campagne ce samedi - représentera "son principal adversaire". Il l’a souligné face à la soixantaine de militants de Femu a Corsica ayant assisté à la présentation de sa démarche au pied de la citadelle d’Ajaccio. Sous la statue de Pascal Paoli.
"Envoyer un quatrième député nationaliste à Paris"
À l’issue de sa déclaration de candidature, Romain Colonna a répondu aux questions de France 3 Corse ViaStella.
France 3 Corse : Dix ans après, vous êtes de nouveau candidat à l'élection Législative dans la première circonscription de la Corse-du-Sud. Quelles sont les raisons de votre engagement dans ce scrutin ?
Romain Colonna : Mon combat s’inscrit dans les 50 années de lutte qui se sont déroulées en Corse, qui ont trouvé un débouché à l’Assemblée de Corse à travers la démarche Fà Populu Inseme qu’il faut élargir. Nous avons toujours dit que nous ne voulions pas faire uniquement la Corse des nationalistes, mais la Corse pour l’ensemble des Corses. Nous avons un projet politique à porter, qui s’inscrit pour ma part, dans le droit fil de ceux portés par les députés nationalistes corses sortants, à qui j’adresse un salut chaleureux. Moi je compte bien m’inscrire dans le socle qu’ils ont tracé et vous dire aussi que le projet porté par mon principal adversaire, Laurent Marcangeli, ne correspond pas du tout à ce que nous voulons pour la Corse. Avec ma suppléante, Cécilia Costa, nous voulons monter à Paris pour défendre les intérêts des Corses, et non pas défendre les intérêts de Paris en Corse. Et ça c’est une différence fondamentale.
En 2012, vous aviez récolté plus de 2400 voix et fait 9% des voix. Dix ans plus tard, c’est différent, "Femu" semble davantage implanté dans la circonscription…
Ce n’est pas qu’une démarche qui concerne Femu a Corsica. Moi je suis nationaliste corse, nous sommes ouverts à toutes les forces progressistes et démocratiques, je compte bien élargir la démarche dans le socle de Fà Populu Inseme, puisque c’est une campagne sur l’ensemble du territoire : Aiacciu, Gravona, Celavu-Mezana, Cruzinu, Cinarca, Sorru, Sevi. Il nous faut élargir la démarche, aller au contact des maires, des élus, de la population. Il y a beaucoup de thématiques, et elles sont restées en souffrance, et nous devons absolument porter ce projet politique, et montrer à la Corse et aux Corses de la première circonscription, qu’il y a une autre voie que le fatalisme. Nous allons donc nous atteler à porter ce projet avec tous ceux qui veulent nous accompagner et ils sont déjà nombreux.
Dans ce scrutin, vous désignez Laurent Marcangeli comme votre principal adversaire. Pouvez-vous l’emporter ?
Visiblement, ce qui a motivé la candidature de mon principal adversaire qu’est Laurent Marcangeli, c’est que - et je reprends ses mots - la circonscription était potentiellement perdue. Ça veut dire qu’il y a un espace politique. Fà populu inseme et les nationalistes plus largement ont fait de beaux résultats électoraux. Nous avons concrétisé une démarche aux territoriales, et il était de notre devoir, les Corses nous le demandaient, de porter ce message aux élections législatives. Je suis très honoré de pouvoir le faire aujourd’hui.
Quelle sera votre stratégie ? S’appuyer sur le bilan des députés sortants ? Mener d’autres projets ?
La stratégie est multiple. Évidemment, on va s’appuyer sur le bilan des députés sortants mais aussi démontrer que le projet porté par M. Ferrara - qui était principalement soutenu par Laurent Marcangeli - et aujourd’hui par Laurent Marcangeli s’inscrit dans le sillon de la macronie, alors qu’Emmanuel Macron nous a humiliés pendant 5 ans. Nous prenons acte de sa réélection de manière démocratique, mais nous disons qu’il faut envoyer un quatrième député nationaliste à Paris pour faire front à Emmanuel Macron et à sa politique. Nous devons porter un projet au nom des intérêts de la Corse et des corses. La stratégie c’est d’aller avec notre cœur, avec nos idées et d’aller sur des terrains qui ne concernent pas seulement la Corse : je pense à l’écologie, au pouvoir d’achat, au prix de l’essence. La stratégie, c’est surtout aller parler aux gens et leur expliquer la force de notre projet.
"Un quatrième député nationaliste serait un tremblement de terre démocratique en Corse."
Romain ColonnaCandidat Femu a Corsica à l'élection Législative
Quatre députés nationalistes, ce serait envoyer un message fort à l’Etat ?
Tous les messages envoyés jusqu’à présent ont été très forts avec une progression démocratique forte. Mais évidemment, un quatrième député nationaliste serait un tremblement de terre démocratique en Corse.
Votre stratégie change-t-elle avec la candidature de Laurent Marcangeli et peut-être celle de Jean-Jacques Ferrara, le député sortant de droite ?
Que ce soit M. Ferrara principalement soutenu par Laurent Marcangeli ou M. Marcangeli lui-même, c’est le même projet de complaisance à l’égard de Paris. Moi, je veux vraiment incarner cette force qui pourra dire non à Paris mais aussi qui saura accompagner le projet politique, parce qu’il faut que l’on puisse discuter avec Paris. Je vais m’employer à le faire, que ce soit au nom de la majorité territoriale, ou que ce soit au nom des intérêts de la Corse et des Corses.