Les difficultés des éleveurs pour s'approvisionner en fourrage. La sécheresse a limité la production locale et oblige à importer davantage d'aliment pour leur bétail. Des aides consenties pour compenser le coût du transport ont été accordées, mais les prix ont augmenté en raison de la forte demande.
Il n'a que 19 ans. Ange-Marie Battini vient de s'installer avec 180 chèvres en Costa Verde, et dès la première année, il a dû importer du fourrage pour ses bêtes. Certaines hausses de tarifs ont rendu l'opération moins attrayante qu'elle n'aurait dû l'être.
« Les transporteurs achètent aux paysans là-bas et ramènent le foin ici. Soit disant on à une aide, le problème c’est qu’ils ont augmenté le prix du foin. Ca fait qu’ils ont récupéré l’aide et du coup je n’en ai pas vu la couleur.
Moi j’ai réfléchi, je sais que je ne vais plus passer par eux et que je vais aller de moi-même le chercher le foin. Ca va me coûter ce que ça va me coûter mais je vais l’acheter au paysan au prix qu’ils le paient eux et après c’est sûr que ça va me coûter beaucoup moins cher. Là j’arrive à 11,5 euros, 12 euros le ballot venu du continent. C’est énorme», indique le jeune éleveur.
« Au-dessus du prix »
Pourtant les aides existent bien. L'office des Transports de la Corse a, par exemple, négocié avec les compagnies maritimes pour limiter le coût du transport de ce fourrage. Mais pour Jacques Filippi, qui fait du veau bio à Alistro et qui est d'ordinaire autosuffisant, le prix du fourrage importé reste largement plus cher.
« Nous en ayant bénéficié parce que c’est un transporteur d’ici qui a fait le transport. Nous ayant défalqué l’aide qu’on a eu au transport, c’est-à-dire 50% du transport, on est quand même bien au-dessus du prix actuel. Si j’avais acheté ici », estime l’éleveur.
« On représente 1 000 hectares »
Un groupement de producteurs corses de fourrage s'est pourtant créé, via une association loi 1901. Et il a rapidement pris de l'importance. « À la création on était huit producteurs, actuellement nous sommes une trentaines. On représente à peu près 1 000 hectares, ça représente à peu près 11 000 tonnes de fourrage produit. Ce qui correspond aussi aux 11 000 tonnes importées », indique, Yvan Mainer-Diest, animateur du groupement régional des producteurs de fourrage de Corse.
Mais pour la Chambre d'agriculture de la Haute-Corse, beaucoup de terres, potentiellement fourragères, sont aujourd'hui accaparées. « Quand vous prenez votre voiture de Bastia Sud jusqu’à Casamozza, on traverse une plaine qui devrait être e grenier de la Corse, or, c’est des greniers à béton. Il n’y a que du béton partout.
Alors on dit qu’il faut préserver les terres agricoles. Ça c’est des terres agricoles par excellence, c’est du foncier où on pourrait faire des milliers et des milliers de ballots de foin de luzerne », souligne Jean-François Sammarcelli, président du service " Elevage " à la Chambre d'agriculture de la Haute-Corse.
Le débat resurgira très vite. Car, à condition de régler les problèmes d'irrigation, la production fourragère est une activité rentable, si l'on possède au moins 20 hectares de terre.