La cour d’assises d’Aix en Provence a condamné Claude Chossat à 8 ans d’emprisonnement pour complicité d'assassinat en bande organisée dans le cadre de l'assassinat de Richard Casanova en 2008. Une peine jugée insuffisante pour la famille de la victime.
Il aura fallu neuf jours pour que la cour d'assisses d'Aix-en-Provence arrive à un verdict dans le procès fortement médiatisé de l'auto-proclamé "repenti" Claude Chossat.
Neuf jours durant lesquels se sont succédés à la barre médecins légistes, experts balistiques, magistrats instructeurs, enquêteurs, famille de la victime et l'accusé. La sentence est finalement tombée peu après 21h, ce vendredi 8 novembre, et à l'issue de 6h de délibérés.
Pour la justice, Claude Chossat n'est pas celui qui a tiré sur Richard Casanova, le 23 avril 2008, sur le parking d'une concesson automobile à Porto-Vecchio. Mais le "repenti" est reconnu complice de cet assassinat, et est ainsi condamné à 8 ans d'emprisonnement. Une peine assortie d'un mandat de dépôt.
Reconnaissance de collaboration
La cour, a précisé le président à la lecture du verdict, a retenu la réinsertion réalisée par l'ex homme à tout faire de Francis Mariani et l’aide apportée à la justice dans plusieurs dossiers.
Une reconnaissance dont s'est satisfait Me Edouard Martial, un des quatre avocats de Claude Chossat : "La peine est prononcée parce qu'il y a un casier judiciaire. L'avocat de la défense que je suis, bien sûr, espérait mieux, mais que dire devant la réaction du jury populaire qui a pris en compte pratiquement tous les éléments que nous lui demandions."
L'avocat de la défense que je suis, bien sûr, espérait mieux, mais que dire devant la réaction du jury populaire qui a pris en compte pratiquement tous les éléments que nous lui demandions
Claude Chossat, répète son avocat, n'est pas "un assassin", mais bien désormais pour la justice "complice d'un assassinat qu' [ils ont] disputé". Si la la peine apparaît pour la défense, qui avait plaidé l'acquittement, trop importante, "le verdict est ainsi fait qu'il doit être respecté, a assuré Me Edouard Martial, et nous le respectons."
Huit ans d'emprisonnement, c'est moins que les 15 ans de réclusion criminelle réclamés par l'avocat général. Une peine plus allégée qui n'a pour autant pas rassuré Sandrine Chossat, l'épouse du détenu.
Elle s'est dit inquiète pour la sécurité de son mari, menacée depuis que ce dernier a accepté de briser l'omerta en collaborant avec la justice. "Il peut être n'importe où en France, il y a des gens partout, des corses partout... Que ce soit au niveau du système pénitentiaire ou des condamnés."
#Procès #Chossat @FTViaStella Pour la famille de Richard Casanova sa sœur livre ses impressions « une peine insuffisante mais une condamnation qui reconnaît enfin la culpabilité de Claude Chossat » pic.twitter.com/1tOc37YqWI
— Anne-Marie Leccia (@annemarieleccia) November 8, 2019
Les proches de Ricard Casanova, sa famille, sont ressortis du procès satisfaits d'avoir obtenu une condamnation, mais déçus de devoir se contenter d'une peine pour complicité d'assassinat en bande organisée. "Ca fait 11 ans qu'on attend, qu'on se bat, a expliqué Nicole Casanova, la soeur de la victime, au sortir du palais de justice. Ce verdict est insuffisant, mais je suis contente que la justice ait reconnu qu'il soit coupable."
Claude Chossat a été menotté et conduit en prison directement après l'annonce de son verdict. Une détention qu'il devra vivre à l'isolement pour sa propre sécurité.
Ni le parquet général d’Aix-en-Provence, ni l’accusé n’ont choisi de faire appel du verdict.
David Taddei, suspecté par la justice d'avoir fourni un lot d'armes à Francis Mariani, a été relaxé de toutes les charges retenues contre lui.
Rappel des faits
Arrêté en septembre 2009 en Suisse, Claude Chossat, ancien membre du gang de la Brise de Mer, nie immédiatement les accusations du meurtre de Richard Casanova, un des parrains supposés du gang, portées à son encontre. Il accepte alors de livrer de précieuses informations sur le fonctionnement du groupe à la justice.
Pour l'ex-chauffeur et homme à tout faire de Francis Mariani, le coupable, c'est son ancien patron. Lui n'aurait pas été au courant de la venue sur le parking de Richard Casanova, alias "Charles" ou "le menteur". Mariani, caché derrière un muret, l'aurait abattu d'une rafale de fusil d'assaut.
Problème : Francis Mariani, tué dans l'explosion d'un hangar, en janvier 2009, n'est plus là pour répondre de ces accusations.
Liberté surveillée
En échange de ses déclarations, Claude Chossat a obtenu une protection policière, et une liberté surveillée, mais pas le statut de "collaborateur judiciaire", ou "repenti" espéré. Impossible donc pour lui de vivre autrement que sous sa véritable identité, lui qui se dit craindre pour sa sécurité et celle de son entourage.
Car l'homme se sait menacé depuis qu'il a brisé l'omerta en collaborant avec la justice. Dans son livre-confession Repenti, paru en 2017, il raconte ainsi : "tous les enquêteurs me disent : « Vous avez fait le bon choix. » La réalité, c'est qu'en France, après avoir collaboré avec l'Etat, vous n'avez aucune garantie."