Procès en appel de Joseph Aguzzi : dans la salle d’audience, le profil du tireur en questions

Le troisième jour du procès en appel de Joseph Aguzzi s’est tenu ce mercredi 1er février devant la cour d’Assises de Corse-du-Sud. Le sexagénaire est accusé de l’assassinat de Laurent Bracconi, le 21 juillet 2015, à Bastia. Durant l’audition de l’expert en balistique, les débat ont porté sur le profil du tireur.

Installé dans un fauteuil en velours vert forêt, l’expert en balistique est formel. « Une seule et même arme a été utilisée pour quatre des cinq projectiles extraits du corps de Laurent Bracconi par le médecin légiste. »

Entendu en visioconférence, il donne plus de détails. « Ces quatre projectiles ont la même empreinte balistique et sont de type 38 spécial ou 357 Magnum. Une arme de poing, un révolver. »

L’expert étudie également le polo de la victime. Le tissus présente deux trous, causés par les tirs. «Aucune poudre n’a été relevée sur le polo. Donc le tireur se tenait à une distance minimale de 50 centimètres », précise-t-il. Une estimation rendue possible grâce à une des spécificités de ce calibre : « avec ces balles, les grains de poudre ne s’incrustent pas à plus de 50 centimètres de distance. »

Non-lieu 

Le 21 juillet 2015, en début d’après-midi, Laurent Bracconi est tué par balles à la terrasse du bar l’Empire, Rue Napoléon à Bastia, qu’il vient de racheter. 

Sur place les témoins ne s’accordent pas sur la silhouette du tireur. Certains parlent d’un homme grand, plus d’1m75, habillé en noir, portant une casquette. D’autres se souviennent d’un homme de petite taille, un peu rond, également habillé de noir, avec un casquette et des lunettes de soleil. 

Les vidéos surveillance de la zone sont analysées. Un homme, qui apparaît sur les caméras du parking Vinci, intrigue : Joseph Aguzzi. Il a un mobile, selon l’accusation, il aurait voulu venger l’assassinat de son fils, Marc, survenu en 1999 à la sortie d’une boîte de nuit. Faits pour lesquels Laurent Bracconi a été soupçonné, avant de bénéficier d’un non lieu en 2003. 

Joseph Aguzzi, lui, a toujours nié les faits. S’il est à Bastia le 21 juillet 2015, c’est pour se rendre aux obsèques d’un membre éloigné de sa famille. Elles se tiennent à l’église Saint-Roch, à quelques mètres du bar l’Empire. 

Plomb, baryum et antimoine

Pour chaque partie, il est question de tenter d’affiner le profil présumé du tireur. Me Paul Sollacaro, avocat des parties civiles, débute : « est-ce que si des résidus de tir, soit du plomb, du baryum et de l’antimoine sont retrouvés sur quelqu’un cela veut dire qu’il a tiré ? » « Oui, ça veut dire qu’il a tiré, ou qu’il a manipulé une arme ou qu’il était à proximité d’un tir », répond l’expert en balistique. Les investigations policières, menées dès l’interpellation de Joseph Aguzzi, le 24 juillet, font état d’un résidu de tir sur les chaussures de l’accusé. 

Me Francesca Seatelli, également avocate des parties civiles, questionne quant à elle l’expert sur la présence de crosses de révolver au domicile d’Anthony Aguzzi, le fils de l’accusé. Après la description des objets, elle demande : « Est-ce que ces crosses peuvent être utilisées avec l’arme utilisée ? » « C’est compatible », réplique l’expert. 

L’avocat de la défense, Jean-Sébastien de Casalta, lui, essaye d'obtenir une évaluation de la taille du tireur. "On sait que la victime est assise sur une chaise, on connait la position du tireur, certains disent qu'il a le bras tendu lorsqu'il tire... est-ce que ces éléments peuvent permettre d'estimer l'angle de tir, voire sa taille ?" "Je suis incapable de vous répondre. Car la tenue d'une arme peut être complètement différente d'un individu à l'autre. On peut par exemple la tenir vers le haut, ou vers le bas. Même en ayant des témoins qui le voit le bras tendu, le poignet peut être cassé ou autre ...", soutient l'expert en balistique. 

La présidente coupe les questions. "Donc il aurait fallu que vous soyez sur les lieux lors d'une reconstitution, reconstitution que vous auriez confrontée aux témoignages ?""Oui". 

Lors de son procès en première instance, Joseph Aguzzi a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Laurent Bracconi. Jugé en appel jusqu'au 3 février, il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

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