Publié le jour de la cérémonie en hommage à Claude Erignac, un texte sur Facebook compare la veuve du préfet à une "salope" qui aurait collaboré pendant la Seconde Guerre mondiale. Dimanche, le message a fait beaucoup réagir la classe politique, dont le président de l'exécutif corse Gilles Simeoni.
Lors de la cérémonie d’hommage au préfet Erignac, mardi 6 février, une publication Facebook a agité la toile. Il y est fait référence à la veuve du préfet Erignac, comparée aux « bonnes petites salopes » qui pendant la Seconde Guerre mondiale ont donné naissance à des « petits bâtards » issus d’une union avec des militaires allemands.
Femu a Corsica a réagi dans un communiqué publié le 11 février qualifiant le message d’ « inacceptable » , et de « totalement incompatible d'une part avec nos valeurs, et nos principes, d'autre part avec notre conception de la société et de la vie publique ».
Communiqué du Mouvement FEMU A CORSICA. pic.twitter.com/GxtO0AcOY1
— Femu a Corsica (@femuacorsica) 11 février 2018
Gilles Simeoni, président de l'exécutif corse s'est également exprimé personnellement sur le sujet:
Quel que soit l'auteur, le contenu de cette publication est choquant, injurieux, inacceptable.
Contactés, les élus nationalistes de Corsica Libera n’ont pas souhaité réagir, pour le moment.
Un message de Charles Pieri ?
La publication a depuis été supprimée du réseau social. Derrière le pseudo « Di L’altu Pianu », se cache probablement l’ex-chef du FLNC, Charles Pieri, comme le suppose la photo de profil du compte et les nombreuses publications sur l’actualité politique. Mais impossible de confirmer pour le moment que c’est bien Charles Pieri qui a écrit ces mots : son compte a pu être piraté ou une personne mal intentionnée a pu copier son profil Facebook.
"Je crois savoir en effet qu'il s'agirait de M. Pieri, mais nous attendons la confirmation de cette affirmation par le réseau social Facebook", a indiqué le procureur d'Ajaccio, Eric Bouillard, à l'AFP. "Il y a constitution d'une infraction pénale d'injure par voie de communication, qui a justifié l'ouverture d'une enquête judiciaire", poursuit Eric Bouillard, précisant avoir effectué un signalement d'abus pour "offense" auprès du réseau social. Facebook a supprimé la publication samedi.
Condamné en 2001 puis 2005 pour des affaires liées au terrorisme et pour des délits financiers, Charles Pieri est sorti de prison en 2015. Il semblait avoir fait son retour sur le devant de la scène politique lors des dernières élections législatives et territoriales. L'affaire est donc d'autant plus embarrassante pour la classe politique nationaliste.
Réactions sur les réseaux sociaux
Depuis dimanche après-midi, les réactions de personnalités du monde politique, social et culturel tombent en cascade.
François Tatti, le président du mouvement corse démocrate (MCD) et de la communauté d’agglomération de Bastia, s’est exprimé le premier, via Twitter. Un message prudent, qui ne nomme pas directement Charles Pieri.
— François Tatti (@ftatti) 11 février 2018
Jean Zucarelli, conseiller municipal d'opposition à Bastia, demande, une "prise de position" des dirigeants de la CTC.
— Jean Zuccarelli (@JeanZuccarelli) 11 février 2018
Le parti La République en marche Corse a envoyé un communiqué qui "dénonce avec force l'auteur et ses soutiens":
Ce contenu honteux, inhumain et méprisant ne peut que blesser profondément tous les habitants de la Corse, toutes les femmes de Corse, toutes les femmes de France et toutes celles qui ont connu la guerre.
Le mouvement Andà per Dumane s'est lui aussi positionné dans un communiqué dimanche soir. Il "condamne fermement cette publication ainsi que son auteur et toutes les personnes qui s'y sentiraient associées, contraire aux valeurs que nous avons toujours défendues et que la Corse doit véhiculer."
Communiqué Andà per Dumane du 11 février 2018
Du côté des citoyens, la Ligue des droits de l'Homme, a elle aussi condamné le message.
La ligue des droits de l'homme condamme fermement les propos d'une violence extrême, insupportables, méprisants, tenus sur un tweet, injurieux pour Madame Erignac et pour toutes les femmes.
— Ldh Corsica (@ldhcorsica) 11 février 2018
Un collectif d'hommes et de femmes de tous horizons s'est également créé, nommé "Rispettu per tutti" et a pris la parole. La porte-parole, Anne-Marie, Lucciani dénonce des propos "insultants à l'égard de Mme Erignac" ainsi que "de toutes les femmes, de tous les hommes et de tous les Corses".
Charles Pieri n'a pas répondu à nos sollicitations.