Démolitions, reconstructions, AOT, Padduc : en termes d’aménagement et d’urbanisme, l’année 2019 ne semble pas avoir tenu ses promesses en Corse. Rétrospective de ses principaux temps forts.
Le 21 janvier dernier, un bruit de vieille ferraille sur la plage vient conclure la vie du "Mar a Beach" : une paillotte aussi fameuse qu'illégale. Le traitement judiciaire de cette construction abusive aura pris 20 ans, et il y en aura d'autres. L’année 2019 poursuit en effet la tendance de 2018 pour les démolitions jugées-suivies-d'effet.
L'autre image inédite de l'année, c'est des magistrats sur la plage. Ils sont présents pour mesurer la taille des surfaces non-autorisées, démolies et reconstruites. Sur ce point les règles juridiques ne sont pas suivies, selon Benoît Busson, avocat U Levante : "Quand vous démolissez vous ne pouvez pas reconstruire sauf si vous demandez un permis. Mais pourtant, après beaucoup de démolitions, il y a des reconstructions sans permis de construire. C’est un débat juridique".
"Rendre la plage aux Corses"
Et après les magistrats, c'est désormais aux gendarmes de faire leur apparition sur le sable. Dans l'extrême sud des opérations à répétition se tiennent contre les matelas qui occupent illégalement le domaine public.
À Palombaggia sur 17 paillottes 15 sont dans l'illégalité. Un chiffre surprenant d'autant plus que certaines appartiennent à des proches de la majorité territoriale.
Mais sur ce point, la préfète de Corse, Josiane Chevalier est claire, en mars dernier elle s'était exprimé sur le sujet : "Je souhaite rendre ce bien commun aux Corses et je crois que c’est ce que les Corses attendent".
Une annonce qui a tout de suite pris une tournure politique. En juin dernier, les paillotiers occupent la mairie de Povo, font remonter des questions orales à l'assemblée nationale et sur le terrain tentent de dénoncer l'arbitraire des décisions de l'état.
On est parti sur une sanction inexpliquée et violente sur les détenteurs d’autorisation d'occupation temporaire (AOT) en les privant d’AOT alors que l’état des lieux de l’ensemble du domaine public n’a pas été fait, s'indigne César FILIPPI, porte-parole du collectif des paillotiers.
Malgré tout, en novembre les pelleteuses ont envahi les plages. Au total 16 paillotes ont été détruites, pour laisser place à des structures démontables.
Cartographie des espaces agricoles annulée
Mais derrière les AOT c'est bien le plan d’aménagement et de développement durable de la Corse (Padduc) qui fixe les règles d’usage sur les plages. C'est lui qui se profile à nouveau dans le champ médiatique et politique.
Or le document majeur d'aménagement de la Corse voté en 2015 dans l'allégresse, a été déstabilisé juridiquement et politiquement par l'annulation en 2018 de la carte des espaces agricoles.
Cette année devait pourtant être celle de son rétablissement, le conseil exécutif s'était même engagé pour une nouvelle carte des espaces agricoles votée en novembre. Un échéancier "insincère" de source proche du dossier car intenable. D'ailleurs il n'a pas été tenu, alors rendez-vous peut être en 2020 ?
En attendant les associations de l'environnement dénoncent l'urbanisation croissante de ces espaces protégés.