À compter du 7 mars prochain, Ghislain Gomart prendra les fonctions de directeur général des services de la Collectivité de Corse. Saint-Cyrien, énarque et fort de nombreux postes à hautes responsabilités dans le public comme le privé, il a également été porte-parole d'un collectif proche de la Manif pour Tous.
Sa nomination est actée depuis le 19 février, par le biais d'un communiqué issu du président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni : à compter du 7 mars prochain, Ghislain Gomart, 60 ans, remplira les fonctions de nouveau directeur général des services de la Collectivité de Corse. Un poste central, qui vise à assurer la stratégie, la coordination et le management des services, en liens étroits avec l'exécutif, pour la mise en œuvre des projets de la collectivité.
Un choix arrêté par le président du Conseil exécutif, comme il en est l'usage, qui retrouve chez Ghislain Gomart "l'ensemble des qualités et compétences" essentielles "que doit avoir le directeur général des services appelé à diriger l'administration de la Collectivité de Corse".
Saint-Cyrien et énarque au CV bien rempli
Issu de l'école militaire de Saint-Cyr, passé par l'ENA (école nationale d'administration) et le CHEEDD (Collège des hautes études de l'environnement et du développement durable), Ghislain Gomart a exercé "de hautes responsabilités, aussi bien au sein de la fonction publique d'Etat que de collectivités locales ou établissements publics locaux", fait remarquer le communiqué.
Le sexagénaire a ainsi occupé les fonctions de DGA des services au Conseil général de la Vendée (2000-2001) ; de conseiller technique au cabinet ministériel d'Alain Juppé (2007), alors ministre de l’Ecologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire puis de conseiller auprès de son successeur, Jean-Louis Borloo (2007-2010) ; conseiller développement durable au bureau du Premier ministre de la République de Maurice (2011-2012) ; conseiller auprès de Nicolas Hulot dans le cadre de la préparation de la COP21 ; ou encore directeur du développement économique et de l'attractivité pour la métropole du grand Paris (2019-2019).
Ghislain Gomart a également "assuré des fonctions importantes de direction dans le privé", dernièrement en tant que directeur du cabinet de conseil en stratégie JLB Conseil.
Gilles Simeoni souligne enfin "ses qualités humaines". "Ses parcours militaire, administratif, et professionnel dans le monde de l'entreprise sont éloquents. Ils l'ont de plus conduit à nouer des relations fortes avec de nombreux Corses, ce qui a conforté sa volonté de s'engager pour notre île et son peuple", conclut le président de l'exécutif.
Porte-parole d'un collectif partisan de la Manif pour Tous
Un curriculum vitae bien rempli, qui cumule une autre ligne, non-mentionnée par le Conseil exécutif : le futur directeur général des services de la Collectivité de Corse est aussi membre du groupe Cambacérès, un collectif de haut-fonctionnaires formé lors des débats sur le mariage pour tous, en mai 2013. Composé d'une centaine d'anciens élèves de l'ENA, le groupe entendait "interpeller" l'alors président de la République François Hollande sur les conséquences qu'il estimait "néfastes, pour l'intérêt général, de la loi Taubira, ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe".
Si les signataires du groupe sont, selon les conditions de ce dernier et "afin de respecter leur devoir de réserve", tenus de rester anonymes, Ghislain Gomart s'en était fait le porte-parole, lors d'une manifestation de la Manif pour Tous - qui s'oppose au mariage et à l'adoption de couples de personnes de même sexe en France -, fin mai 2013. Un discours filmé et disponible en intégralité sur la chaîne Youtube du collectif d'associations.
"En intégrant l'ENA, nous avons choisi de servir l'Etat et l'intérêt général, pour servir la France et les Français. C'est cet engagement là qui motive et justifie notre interpellation, entame Ghislain Gomart. Car la loi Taubira, qui établit de facto un mensonge d'Etat porte gravement atteinte à l'intérêt général. Sa légalité n'est malheureusement plus contestable, mais nous continuons de contester sa légitimité", tranche-t-il.
Une prise de parole de presque cinq minutes, au terme de laquelle l'énarque appelle à l'abrogation de loi, interrogeant le président de la République : "à quoi sert de vous obstiner à déchirer le pays ?"
Successeur de Marie-Christine Bernard-Gelabert
En accédant au poste de directeur général des services de la Collectivité de Corse, Ghislain Gomart succède à Laetitia Pekle, elle -même assurant une période d'intérim depuis septembre 2021 des suites du décès de Marie-Christine Bernard-Gelabert. Nommée en septembre 2020, et décédée un an plus tard d'une "cruelle maladie", elle était la première femme à occuper ce poste, prenant la suite de Jean-Louis Santoni.
Pour l’exécutif, trouver le "bon profil" à ce poste crucial pour faire tourner l’institution et ses presque 5000 fonctionnaires était une priorité. L'arrivée de Ghislain Gomart le 7 mars et ses premières semaines en Corse seront observées de près par les personnels.