Une enquête sur les prix des carburants en Corse a été confiée à la direction de la concurrence et des fraudes. Il y a plusieurs mois. Les conclusions devaient être rendues publiques en mai, et toujours rien... Les conclusions des services de l'Etat seraient-elles embarrassantes?
C'est une indiscrétion qu'aurait faite un proche conseiller du premier ministre Edouard Philippe, lors de sa venue en Corse la semaine dernière, qui a mis le feu aux poudres.
L'homme aurait confié, entre deux portes, qu'il était impossible d'appliquer les conclusions du rapport dans les faits.
Reste à interpréter cette confession pour le moins sybilline...
Pourquoi ne peut-on appliquer ces conclusions, qui gênent-elles, et surtout, quelles sont-elles?
Le rapport de la Direction Générale du Contrôle et de la Répression des Fraudes, diligenté par les services de l'Etat, se fait attendre depuis le mois de mai.
Et ce silence radio, après que l'enquête ait été annoncée en grandes pompes, étonne le collectif Agissons contre la cherté des carburants", qui en attendait beaucoup.
Son porte-parole, Frédéric Poletti, s'impatiente:
On a critiqué le rapport commandé par la Région, mais force est de constater que ce rapport au moins existe. Alors que du côté des services de l'Etat, nous n'avons rien, absolument rien.
Alors six mois de travail pour le jeter à la poubelle parce qu'il serait inexploitable pour une raison ou une autre, ce ne serait pas sérieux.
Favoriser la concurrence privée
Le carburant, en Corse, est une question sensible.
Les prix à la pompe sont de 1,63 euro pour le gasoil, et 1,53 pour le diesel.
Des prix qui varient parfois spectaculairement d'une semaine à l'autre, mais qui sont, immanquablement, plus élevés que ceux du continent.
L'Inspection Générale des Finances, qui abordait le sujet dans son rapport en octobre dernier, parlait de tarifs 6,5% plus élevés qu'ailleurs dans le pays, alors que le taux de TVA est moins élevé.
L'IGF conseillait alors de favoriser la concurrence privée.
Le collectif, de son côté, ne dit pas autre chose, quand il pointe la responsabilité des compagnies pétrolières dans la gestion des dépôts de l'île, et dénonce l'établissement d'un monopole de la distribution.
Alors peut-être est-ce juste une question de timing estival, ou de délais d'enquête, mais l'absence de conclusions officielles de ce rapport laisse la porte ouverte à bien des suppositions...
Du côté de la préfecture, on se garde bien de tout commentaire.
On nous rappelle juste les propos du premier ministre, qui a fait savoir dans la presse que l'expertise était toujours en cours au niveau national, notamment en ce qui concerne la question de la concurrence.
Bref, du côté de l'Etat, on l'affirme, les choses suivent leur cours normalement...