Depuis ce lundi 6 janvier, les avocats, dont le régime autonome de retraites est remis en cause par la réforme, durcissent le ton. Les barreaux de Bastia et d’Ajaccio ont entamé une « grève dure » à l’appel du conseil national des barreaux. Ils ont décidé de cesser toute activité.
Les avocats du barreau de Bastia ont affiché leur mobilisation sur les marches du palais de justice, lundi 6 janvier.
Le Bâtonnier EON s'adresse aux confrères. #SOSRetraites pic.twitter.com/4Y1Ft6rkFG
— Ordre des Avocats du Barreau de BASTIA (@ordreavocats2B) January 6, 2020
À l'appel du conseil national des barreaux, ils entament une « grève dure » pour sauver leur système de retraite, menacé par la réforme du gouvernement. « Nous nous rendons compte que si nous n’avons pas un minimum de capacité de nuisance et si nous ne démontrons pas notre capacité de bloquer le système judiciaire, on ne nous écoutera pas », estime maître Jean-Paul Eon, bâtonnier du barreau de Bastia.
Les avocats n'ont pas un régime spécial de retraites, mais un régime autonome : il ne coûte rien à la collectivité. Ce système est solidaire : plus de 80 millions d'euros par an sont versés au régime général.
Grâce aux cotisations, la caisse nationale des barreaux dispose aujourd'hui de deux milliards d'euros de réserves. Un pactole qui intéresse le gouvernement : la réforme le fera tomber dans l'escarcelle du régime universel.
« Ça pourrait créer des déserts judiciaires »
Mais pour les avocats, cela va surtout signer la mort économique de leur activité. « Si la réforme devait être menée à son terme, cela pourrait signifier la disparition de la moitié des petits et moyens cabinets. Imaginez la casse sociale pour les cabinets, puisque nous employons du personnel administratif. Cela pourrait aussi poser des problèmes sur un territoire comme la Corse qui est déjà touchée par une fracture numérique, territoriale, sociale. Ça pourrait créer de véritables déserts judiciaires », estime maître Julia Tiberi, bâtonnière du barreau d'Ajaccio.Les avocats ne participeront à aucune audience cette semaine, y compris, et c'est exceptionnel, celles relatives au contentieux de la liberté et de la détention. À Ajaccio, comme à Bastia, les bâtonniers se chargeront de demander le renvoi de tous les dossiers.
Ce mouvement de grève est reconductible.