"Sauvons nos filières" : l'appel de Lionel Mortini, le président de l'ODARC

Les agriculteurs sont un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, en ces temps de pandémie. Comment l’agriculture corse vit-elle cette crise ? Quelles mesures d’aides sont envisagées pour elle ? Nous avons interrogé le conseiller exécutif en charge du dossier. 

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Lionel Mortini, l’agriculture corse est-elle d’ores et déjà sérieusement touchée par cette crise ?
- Oui. Les Corses se ruent vers les grandes surfaces qui sont importantes pour notre agriculture, mais ils n’achètent que trop peu nos produits. La majorité des produits frais est délaissée. Par ailleurs, tout le secteur de la vente directe est désormais interdit. 
Sauvons nos filières, consommons nos produits de la terre, sauvegardons notre agriculture, soyons solidaires, c’est l’appel que je nous adresse, à nous consommateurs. L’exportation ne pourra pas tout. 


 


Au-delà de votre appel que pouvez-vous faire, concrètement, pour les agriculteurs ?
- Au niveau de la méthode, à l’ODARC nous avons anticipé le confinement. 
Nous étions préparés à la dématérialisation. Aujourd’hui nous sommes opérationnels. La continuité est en place au niveau de nos services et c’est important.
Les inquiétudes quant à l’approvisionnement de nos exploitations ont été levées par les services de l’Etat. Nos deux abattoirs publics restent ouverts et ils prouvent là toute utilité. 


 


Pour ce qui est des mesures concrètes nous allons prendre des engagements importants pour aider à la trésorerie de nos agriculteurs. Début avril le solde des ICHN (indemnités compensatoires aux handicaps naturels) sera payé à nos éleveurs.
Après délibération du Conseil Exécutif, 486000euros sont débloqués au titre des « MAEC » antérieures, ces mesures agro-environnementales relatives aux engagements des exploitants. Nous couvrons ce risque financier à la place de l’Etat au cas où l’Europe ne validerait pas ces mesures d’aides.
Par ailleurs, toutes les aides « surfaciques » 2019 seront payées rapidement.


 
 

Même si cette crise est inédite, les agriculteurs sauront faire face à leurs responsabilités. 


Pour certaines filières, pour certains produits, la crise tombe encore plus mal que pour d’autres. Les fromages, les cabris... Avez-vous aménagé des solutions en l’espèce ?
- Les bergers qui procèdent d’ordinaire majoritairement en vente directe pourront céder leur lait aux « industriels », Roquefort, Ottavi, Pierucci notamment.
Pour ce qui est des cabris et des agneaux, au-delà de l’appel à la consommation, l’ODARC achètera l’ensemble des invendus, les stockera et les distribuera ensuite sans doute dans les collèges, lycées et autres cantines publiques ou à tout client privé ( restaurants, bouchers...). Les agneaux et les cabris c’est environ 7000 têtes. Nous estimons devoir en acheter autour de 4000 ce qui représenterait un effort de 200.000 euros.
Pour les veaux nous sommes moins pressés. Le Ramadan arrive dans un mois et s’il peut se tenir il est un débouché important. Dans le cas contraire nous trouverons une solution.


 


La problématique autour des végétaux est autre. Le Coronavirus ne risque-t-il pas de contrarier les récoltes ? Les saisonniers viendront-ils ?
- Les pomelos arrivent sur le marché. Et le préfet a accepté d’allonger la durée de séjour des travailleurs étrangers dédiés à leur ramassage qui sont déjà là.
Pour le reste des récoltes, et notamment celles des fruits d’été dans quelques semaines, il faudra initier des solidarités, trouver des solutions. Nous travaillons actuellement avec Pôle Emploi pour en proposer de manière large aux saisonniers de la restauration, de l’hôtellerie actuellement « empêchés » de venir grossir les rangs de notre agriculture.
Pourquoi ne pas aussi lancer un appel en direction de nos étudiants ?

 

Si la crise subsiste il faudra prendre des mesures plus radicales


Le Coronavirus pose question au niveau des conditions de travail dans le BTP notamment. En votre secteur peut-on vraiment pratiquer le confinement, initier les gestes barrières ?
- Nous n’avons pas le choix. Il faut limiter les contacts dans nos exploitations, mettre en place tous les gestes barrières y compris dans les processus de récolte. Même si cette crise est inédite, les agriculteurs sauront faire face à leurs responsabilités. Ils ont prouvé leur capacité de résilience.

 


Mais eux aussi peuvent être touchés par le virus. Y-aura-t-il des solutions de remplacement quand sur une exploitation l’agriculteur ne pourra travailler ? Dans votre secteur on ne peut repousser les travaux au lendemain...
- Oui, c’est certain. A cette heure je n’ai pas eu connaissance d’un agriculteur malade. Mais la solidarité devra s’exprimer chez nous comme dans tous les secteurs. Des solutions seraient trouvées, le voisin, l’ami, le cousin aideraient, je n’en doute pas.

Lionel Mortini, comme tous les secteurs de l’économie l’agriculture sera touchée. Combien de temps peut-elle résister ?
- Les mesures que je vous ai détaillées, la synergie, la solidarité, qui pourraient être de mise, peuvent nous permettre de tenir deux à trois mois. Si la crise subsistait il faudrait prendre des initiatives plus radicales.







 
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