Ouverte récemment, l'antenne du Secours populaire de la Plaine de Peri témoigne d'une précarité en augmentation dans l'île, notamment dans les villages. Une situation préoccupante qui a notamment été abordée la semaine dernière à Ajaccio lors d'un colloque sur la création d'un Samu social en Corse.
"Il y a des gens qui sont en grande difficulté et en grande précarité dans le rural." À l'antenne du Secours populaire de la Plaine de Peri, l'équipe de bénévoles regroupée autour de Frédérique Stefanaggi n'arrête pas.
Ouverte depuis quatre mois, la structure qui couvre tous les villages de la vallée de la Gravona accueille des bénéficiares toujours plus nombreux. "On a commencé avec le traculinu, le camion, qui a tourné pendant près de deux ans, souligne la responsable de l'antenne de Peri. On a rencontré du monde dans les villages, notamment des maires et des associations qui sont venus contribuer à la solidarité en donnant des vêtements. On a alors vu qu'il y avait énormément de gens qui étaient dans la précarité."
Dans l'île, le Secours populaire s'organise autour des trois centres d'Ajaccio, Bastia et Corte et de cinq antennes dans le rural. Actuellement, celle de Peri accueille une trentaine de personnes par semaine. Au-delà des aliments et des vêtements, beaucoup viennent chercher du soutien.
Dans une société corse où 18,5 % de la population vit, selon l'Insée, sous le seuil de pauvreté, le rural n'échappe ni à la précarité ni à l'isolement. "Il y a des gens qui sont dans des situations de détresse sociale et financière catastrophiques dans les villages et qui ont honte de se manifester, poursuit notre interlocutrice. Nos bénévoles de la vallée de la Gravona montent apporter les courses dans leur voiture personnelle, en toute discrétion."
Le Samu social en toile de fond
En deux ans, le nombre de bénéficiaires du Secours populaire a doublé dans l'île. "Aujourd'hui, on en compte près de 3000, précise Hyacinthe Choury, secrétaire général pour la Corse. Si on ajoute les autres associations, je pense qu'on doit avoisiner les 10.000." Des chiffres préoccupants qui ont aussi relancé le débat sur la création d'un Samu social dans l'île.
La semaine dernière, un colloque a été organisé à Ajaccio sur le sujet en présence de son fondateur, le docteur Xavier Emmanuelli. Pour l'instant, si rien n'est encore acté, sa nécessité ne fait aucun doute pour les différentes associations.
"On a sans doute besoin de la création de quatre centres pour couvrir tout le territoire et de moyens d'intervention pour aller jusqu'au fond du rural, y compris la nuit s'il y a une urgence", souligne Hyacinthe Choury.
"Détresse sociale, financière et psychique"
Présente elle aussi au colloque, Frédérique Stefanaggi s'est interrogée sur la manière de procéder dans le rural en vue de l'éventuelle création de ce Samu social. "Il y a des choses sur lesquelles il faut réfléchir. Il y a aussi ce qu'on appelle "les invisibles" et notamment des personnes en grande précarité ; elles peuvent être d'ailleurs propriétaires de leurs maisons dans les villages mais celles-ci peuvent être en état d'insalubrité. Ces personnes-là ne mangent pas forcément à leur faim et n'ont plus beaucoup de famille ici sur la vallée de la Gravona."
À la Plaine de Peri, la responsable de la structure croise des personnes en état de détresse sociale et aussi psychique. "Elles ne sont pas nombreuses mais il y en a. En faisant un travail d'approche, je pense qu'il y aurait la possibilité de faire quelque chose pour elles." Raison pour laquelle ce Samu social pourrait être bénéfique afin que les différentes associations d'aide aux personnes puissent travailler de concert.
Reste à savoir désormais si sa création sera un jour actée par une décision politique. En attendant, les centres du Secours populaire insulaire ne désemplissent pas...