TEMOIGNAGE. "Je pensais que ça arrivait à 50, 60 ans. Pas quand on n'a même pas 30 ans", le cancer du sein, tous concernés

80 % des cancers du sein sont diagnostiqués après 50 ans. Séverine n'a pourtant que 29 ans lorsqu'elle découvre en être atteinte. Un choc pour la jeune femme, aux importantes conséquences sur son quotidien et sa santé.

C'est au moment de se doucher que Séverine détecte pour la première fois "le problème" : une sorte de "petite boule" aux contours irréguliers, ni très grosse ni très douloureuse, mais nouvelle et inconnue dans son sein droit. Nous sommes en 2018, et cette vendeuse-conseil en magasin vient de fêter ses 29 ans.

Trop jeune pour avoir un cancer du sein, estime-t-elle alors. "À ce moment-là, dans mon imaginaire, c'est une maladie qui arrive aux femmes de 50, 60 ans. 40 ans pour les moins chanceuses. Pas quand on n'en a même pas encore 30."

Pourtant, les semaines passent et le doute grandit. La "boule" dans sa poitrine aussi. Initialement discrète et difficile à repérer, la masse lui semble désormais plus ferme et bien distincte de son tissu mammaire. Conjointement, Séverine constate l'apparition de ganglions au niveau de son aisselle.

Consultation, échographie, biopsie

Pressée par ses proches, la jeune femme se décide finalement à consulter sa sage-femme, deux mois après sa première découverte. Cette dernière lui confirme sentir la présence d'une masse, et lui fait une ordonnance pour une échographie. Elle la rassure également, lui expliquant que ces "boules" peuvent avoir des causes diverses, et que le cancer est l'une des moins fréquentes, surtout chez une femme de moins de 50 ans.

Le rendez-vous pour l'examen est donné un mois et demi plus tard. Là encore, une masse est observée, et on prescrit à Séverine une biopsie, qui prend cette fois place dans la même semaine. Désormais très inquiète, elle doit patienter quatre longues semaines supplémentaires avant d'en avoir le résultat : elle souffre bien d'un cancer du sein.

"Mon quotidien tournait autour de mon traitement, je ne pouvais plus travailler, et toute ma famille, tous mes proches ne me parlaient plus que de ça."

"En l'apprenant, j'étais un peu partagée. D'un côté, j'étais complètement soufflée, et de l'autre c'est comme si je le savais déjà avant qu'on me le dise." S'en suit pour la jeune femme un ballet de rendez-vous médicaux, entre prises de sang, scanners, examens avec un oncologue, et enfin chirurgie et prescription de chimiothérapie orale.

"J'étais tellement occupée que je n'avais même pas vraiment le temps de penser à comment je me sentais, se souvient-elle. Et en même temps je ne pouvais penser qu'à ça, puisque mon quotidien tournait autour de mon traitement, que je ne pouvais plus travailler, et que toute ma famille, tous mes proches ne me parlaient plus que de ça."

De lourds effets secondaires

Le traitement n'est pas sans séquelles pour Séverine : elle perd une grande partie de ses cheveux, "j'ai rasé le reste quand la majorité a commencé à tomber", éprouve des difficultés à manger en raison de nausées, et doit rester allongée de longues heures en journée, constamment épuisée.

Amincie, "j'ai perdu 15 kilos les premiers mois", elle devient de plus sensible à la lumière et au bruit, et ne parvient plus à faire ses propres courses, son ménage ou ses repas. De caractère autoproclamé "libre et autonome", la jeune femme devient dépendante de sa famille et de ses amis pour toutes les petites tâches du quotidien. "C'était assez compliqué à assumer."

Et puis enfin, après des longs mois de combat, Séverine arrive à la fin de son traitement. Pas la fin de la surveillance néanmoins, "le risque de récidive est assez élevé", lui annonce-t-on, mais de plusieurs rendez-vous par semaine, la jeune femme passe à un rendez-vous toutes les deux semaines, puis tous les mois, puis une fois par trimestre.

"Tomber malade comme ça, ce n'est jamais juste, alors ça fait du bien d'avoir des gens avec qui comprennent ce qui t'arrive, et avec qui tu peux vraiment en discuter."

Désormais âgée de 35 ans, Séverine continue à être surveillée, mais a pu retrouver son emploi, sa vie sociale, et un quotidien "presque comme avant". "Je suis toujours un peu plus fatiguée que je ne l'étais avant la maladie. Mais c'est peut-être parce que je vieillis, aussi", plaisante-t-elle.

Surtout, la trentenaire a rejoint, via Facebook, des groupes de soutien de femmes qui souffrent ou ont elles aussi souffert du cancer du sein. "On se partage nos anecdotes, on s'écoute, et on s'encourage, sourit-elle. Tomber malade comme ça, ce n'est jamais juste, alors ça fait du bien d'avoir des gens avec qui comprennent ce qui t'arrive, et avec qui tu peux vraiment en discuter."

Plus de 50.000 nouveaux cas par an

En France, on enregistre chaque année plus de 50.000 nouveaux cas de cancer du sein. Il s'agit du cancer le plus fréquent chez les femmes. Si son âge moyen de diagnostic est estimé à 63 ans, 5 % des patientes qui en sont atteintes ont moins de 40 ans.

La prévention est nécessaire à tout âge, en s'auto-examinant la poitrine, idéalement une fois par mois, le même jour, quelques jours après ses règles. Il est vivement recommandé de consulter son médecin traitant dès lors qu'est constatée une grosseur, une douleur, une rougeur et/ou un écoulement anormal au niveau des seins.

De manière générale, il est conseillé de faire examiner sa poitrine une fois par an, quel que soit son âge, par son médecin ou son gynécologue. Enfin, entre 50 et 74 ans, des rendez-vous gratuits pour une mammographie de dépistage sont indiqués tous les deux ans. À savoir qu'un cancer du sein pris en charge précocement guérit dans 90 % des cas.

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