Transports maritimes en Corse : le contrôle à la frontière italienne se met difficilement en place

La mesure a été annoncée le 21 septembre par le ministre de la Santé italien : les voyageurs venant de Corse devront présenter un test négatif à la Covid-19 en arrivant dans le pays. La décision a pris tout le monde de court. Nous étions à bord d'un navire qui, ce matin, a accosté à Savone.

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"On a accosté à 10h30 au port de Savone, comme prévu. Mais on n'est descendus sur les quais qu'aux environs de 13 heures... La matinée a été pour le moins animée."
Pas d'énervement dans la voix de Frédéric. Ni même de lassitude. 
Alors que l'après-midi est déjà bien avancé, le Bastiais a réussi à trouver une trattoria pas loin du port.
Et il déguste ses gnocchi au pesto, soulagé, comme les autres passagers du Mega Express de la Corsica Ferries, d'avoir passé le barrage des autorités italiennes. 

Des délais impossibles à respecter

Mais ça n'a pas été sans mal. 
Frédéric a appris hier, peu de temps avant son embarquement à Bastia, que de nouvelles mesures avaient été mises en place par l'Etat italien pour lutter contre la propagation de la Covid-19. Et qu'il serait, avec ses amis, l'un des premiers à en faire les frais. 
"Le voyage était prévu de longue date. On est venus en Italie pour participer à une course de Vélo Enduro du championnat du monde. C'est un événement d'importance, alors les organisateurs l'ont maintenue. Et puis hier je vois à la télé que si l'on vient de Corse*, on doit présenter un test négatif de moins de 72 heures... C'était compliqué d'arriver à faire le test et d'avoir les résultats, mais trop tard pour faire marche arrière. Alors on s'est dit qu'on allait tenter le coup !"
La décision du gouvernement italien et de son ministre de la Santé, Roberto Speranza, a pris tout le monde de court. 
Les passagers comme les compagnies maritimes. 
Fabien Paoli, le président de la Moby Lines France, ne s'en cache pas. 
"Comment voulez-vous que l'on avise qui que ce soit ? en 24 heures, même pas, on nous demande de tout chambouler. Alors comme on le fait depuis le mois de mars, tous les jours on s'adapte..."

Plus de deux heures pour débarquer

Sur le Mega Express de la Corsica Ferries, ce matin, c'était l'impression que cela donnait aux rares passagers à bord. 
"A dix heures les appels ont commencé. D'abord, ils ont demandé aux piétons de se présenter à la réception. Ensuite, plus d 'une demi-heure plus tard, ils ont appelé les camping-cars. Et puis ça a été le tour des transporteurs routiers. Et enfin, il était près de midi quand ils ont appelé les passagers qui voyageaient avec leur véhicule", raconte Lola, une mère de famille un peu irritée par la manière de procéder. "Si le bateau avait été plein, on en avait jusqu'à après-demain !"

On fait comme on fait depuis le mois de mars. On s'adapte au jour le jour - Fabien Paoli, Moby Lines

A la réception, plusieurs officiers de police, qui se chargent de faire remplir les attestations de celles et ceux qui ne l'avaient pas fait avant d'embarquer. Il faut indiquer son identité, la raison de son voyage, son lieu de résidence en Italie... Mais si Lola a vu quelques policiers demander des papiers d'identité pour s'assurer que les informations étaient exactes, d'autres se sont contenté de récupérer les formulaires sans la moindre vérification. 
Hervé et Pierrette, eux, sont bien décidés à passer une semaine au bord du Lac Majeur, comme ils l'ont prévu. Alors quand il fallu remplir le document, Hervé n'a pas hésité. 
"J'ai dit qu'on ne faisait que passer par l'Italie pour rejoindre la France. Le Carabiniere n'a même pas cherché à comprendre. Il nous a fait signe de partir, on ne lui a même pas remis le justificatif !"

Une décision précipitée ?

D'autres n'ont même pas cherché à mentir. Eric et son frère, qui sont venus rendus visite à la compagne italienne de l'un d'eux, ont tout rempli comme on le leur demandait. Ils n'ont pas de test négatif, alors ils sont tenus d'aller en faire un, et de s'isoler 48 heures, le temps d'obtenir des résultats. Passé ce délai, la police les rappellera, pour s'assurer que tout est bon. 

A quoi bon s'emmerder ? - Eric

Eric n'a pas prévu de se rendre dans un laboratoire, mais il n'a même pas pensé non plus à inscrire un faux numéro. 
"Les flics, ils m'appelleront, et je ne décrocherai pas ! Y a peu de chances qu'ils m'envoient l'armée pour nous retrouver, et dimanche, on rentre... Alors à quoi bon s'emmerder ?
Les policiers italiens ne sont pas en nombre suffisant pour assurer le filtrage, alors dans le garage, ce sont les employés de la Corsica Ferries qui s'occupent de collecter les attestations. 
Et tout le monde semble un peu dépassé par les événements. 

A tel point que l'immense majorité des passagers se prête de bonne grâce aux contrôles. 
"On dirait qu'ils ont appris la mesure gouvernementale en même temps que nous... Mais je suis sûr que dans trois ou quatre jours, tout cela sera mieux réglé. Et puis plus de gens auront eu le temps de faire le test, ça ira plus vite. On essuie les plâtres, quoi !" sourit Frédéric avant de prendre le chemin de la promenade, au coeur de Savone, où se tiendra sa course de vélo-enduro...
En espérant qu'il trouvera un laboratoire, et que le test sera négatif, avant le coup d'envoi de la compétition.

*Les autres régions concernées sont l'Ile-de-France, les Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Côte-d'Azur, la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie.

 
  
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