Environnement, patrimoine, décroissance : bientôt la fin des panneaux publicitaires en ville ?

Finies les forêts de panneaux publicitaires ? A l'initiative de collectifs écologistes ou antipub, mais aussi de la volonté d'élus pour sauvegarder le patrimoine, plusieurs agglomérations ont décidé de faire la chasse aux affichages commerciaux. 
 

Société
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La guerre contre les panneaux publicitaire est déclarée. Une bataille lancée depuis des années par les associations militant contre la pollution visuelle dans les grandes villes, relayée par les collectifs alter-mondialistes et engagée par certains élus qui souhaitent sauvegarder le patrimoine.
Comment s'organise le changement sur le terrain ? Exemple à Poitiers, Lyon et Laon.
 

Poitiers : Stop à la "ville moche"


A Poitiers, comme dans toutes les grandes villes françaises, le paysage est envahi de panneaux publicitaires. Un tableau qui pourrait changer ces mois prochains. 

Depuis 2017, la communauté urbaine de Grand Poitiers s'est lancée dans l'élaboration d'un Règlement Local de Publicité Intercommunale (RLP). Ce nouveau plan devrait être adopté avant le mois de juillet 2020. Il vise à imposer de nouvelles règles pour définir le nombre et la taille des panneaux, limiter la pollution visuelle et rendre les abords de ville plus agréables. "La règle sera plus respectueuse de l'environnement et des paysages et mieux localisée aux endroits où elle est nécessaire", explique Bernard Cornu,  vice-président de Grand Poitiers.
Interview Bernard Cornu, Adjoint à la mairie de Poitiers à propos de la fin des panneaux publicitaires en ville ©France 3 Poitiers


Insufflé par plusieurs associations locales, le mouvement dénonce le concept de "ville moche"et demande à la mairie de Poitiers de stopper la prolifération des enseignes et pré-enseignes publicitaires.

Un manque à gagner pour les professionnels

Reste que cette décision ne satisfait pas les professionnels de l'affichage publicitaire, qui ont un peu de mal à saisir le caractère soudainement illégal de ces panneaux. "Je vais perdre de l'argent, s'inquiète Mickaël Pasquet, poseur d'enseignes publicitaires, les panneaux ça fait trente ans qu'ils sont là et  du jour au lendemain on doit les enlever parce qu'ils sont illégaux!". 

Cet engagement qui répond à la demande de nombreuses associations aura un coût . Cette année la publicité a rapporté plus de 600 000 euros à la communauté urbaine du Grand Poitiers. Les professionnels disposent de deux ans pour se conformer à la réglementation.
 

A Lyon, la chasse à la pollution visuelle est ouverte


Dans la capitale des Gaules, trois collectifs anti pub mènent régulièrement des actions coup de poing dans les rues. Une centaine de militants refuse catégoriquement l'implantation de panneaux lumineux publicitaires dans la ville. Ces trois associations ont lancé conjointement une pétition en ligne. Ils demandent aux politiques de tous bords de s'engager pour une Métropole sans écrans vidéo publicitaires.
©France 3 Lyon

97 % des lyonnais interrogés sont contre les écrans vidéos publicitaires
Gabrielle Juint, collectif Plein la Vue


Cette action est aussi doublée d'une volonté de freiner la surconsommation  elle-même accélératrice de la crise climatique. "Dans un contexte d'urgence climatique ces panneaux impliquent l'épuisement des ressources et c'est une ligne qu'il ne faut pas franchir", souligne Alex Montvernay
Collectif Alternatiba Rhône

©France 3 Lyon

A Laon, sauve qui peut mon patrimoine


En Picardie, les élus de Laon s'attachent particulièrement à sauvegarder le patrimoine de la ville et la vue sur sa fameuse cathédrale. Le règlement local de publicité entrera en vigueur à la fin de l'année. Pour la municipalité il s'agit de protéger une "Ville d'art et d'histoire". Seules les réclames d'un maximum de 8 m2 seront désormais tolérées.  "Ce sont les grands axes qui vont vers le centre-ville qui sont concernés. Une soixantaine de panneaux devront être démontés prochainement", assurait en novembre Eric Delhaye, le maire de Laon
 

Suppression totale de la pub : Grenoble chef de file


C'est en 2014 que la municipalité de Grenoble a pris les premières décisions interdisant les panneaux publicitaires. Une prise de position initiée par le maire écologiste Eric Piolle qui déclarait alors « La municipalité fait le choix de libérer l’espace public de la publicité à Grenoble afin de développer des lieux d’expression publique. ». Forte de cette initiative, la capitale des Alpes obtient en 2017 le label de "première ville d'Europe sans panneaux publicitaires".  Ils ont été remplacés par des annonces propres à la ville et, même, par des arbres.
 
Réglementation nationale des panneaux publicitaires
L'implantation des enseignes et pré-enseignes extérieures est réglementée au niveau national par le code de l'environnement mais depuis juillet 2010, la loi donne la possibilité aux collectivités locales d'adapter la législation au contexte local.
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