A la veille du 100e congrès, François Baroin, président de l'Association des Maires de France (AMF), évoque l’asphyxie budgétaire des communes et en appelle à la responsabilité du Président de la République. Extraits de l’entretien accordé à P.Chalumeau.
« Les revendications sont très fortes »
Le 100ème congrès de l’Association des Maires de France (AMF) s’ouvre lundi 20 novembre pour 4 jours Porte de Versailles à Paris. Les 36 000 communes seront représentées par plus de 12 000 maires et présidents d’agglomération, un record de participation.Une 100ème édition qui devrait illustrer les tensions politiques qui se sont cristallisées entre l’Etat et les collectivités territoriales depuis l’annonce, en août dernier, de nouvelles restrictions budgétaires imposées aux communes.
Le Président de l’AMF, François BAROIN, résume l’état d’esprit des maires à la veille de leur rassemblement annuel : "Les revendications sur le terrain sont très fortes, très intenses. Elles le sont à raison des mesures prises par ce gouvernement, elles le sont parce que l’effort est inscrit dans la durée depuis trop longtemps. Il y a un ras-le-bol".
Des compétences nouvelles, mais des crédits gelés
Pour les maires, la commune reste le maillon vital de l’équilibre des territoires : en matière de sécurité, d’éducation, d’accès aux nouvelles technologies, elle incarne le besoin de proximité que les citoyens ne peuvent retrouver dans les communautés d’agglomération.Et pour assumer les compétences qui leur ont été déléguées par l’Etat, François Baroin souhaite un renouveau la politique de décentralisation : "Quand on vous supprime la taxe d’habitation, qui est une ressource propre, quand on vous supprime les dotations, qui ne sont pas des subventions, on ne fait pas l’aumône, c’est l’argent que l’Etat doit aux collectivités pour financer les services publics ou les compétences qu'il a lui-même déléguées aux communes (…), quand vous n’avez plus les moyens pour mener à bien les missions, quand vous êtes à l'os, que vous n'avez par ailleurs pas le droit, vous, de faire de déficit (...) vous n'avez plus les moyens d’assumer les missions pour lesquelles vous êtes mandaté".
La goutte d’eau : la « règle d’or renforcée »
Dans le collimateur des communes, la loi de programmation des finances publiques 2018-2022. Notamment, « la règle d’or renforcée », qui ajoute à l’interdiction de déficit budgétaire des communes une nouvelle contrainte : un ratio d’endettement. Sous le contrôle de l’Etat, il prévoit de faire porter aux collectivités l’effort de désendettement public global.
Pour les communes c’en est trop : "On sort de trois années où vous avez 25% d'investissement public porté par les communes en moins, ce sont des dizaines de milliers d'emplois dans le bâtiment et les travaux publics qui ont été menacés de disparition. Continuer comme ça, on est sûr qu'il n'y aura plus d'investissement".
Lorsqu’il souligne la « qualité d’écoute » du chef de l’Etat, le président de l’Association des Maires de France ne cache pas que ce que les communes attendent désormais, ce sont des actes : "nous attendons une écoute favorable sur cette revendication qui est au fond tout simplement une aspiration à la liberté. Monsieur le Président de la République, vous incarnez l’Etat, il vous appartient de garantir nos libertés et ainsi nous pourrons être à vos côtés pour transformer le pays. C’est ça le message que nous allons porter ! ".
Au programme du 100ème congrès de l'AMF
Le 100ème congrès de l'Association des Maires de France commence lundi 20 novembre et se terminera trois jours plus tard.Tout le programme est à retrouver sur le site officiel de l'AMF.