Le 10 mai 1981, François Mitterrand devient le premier président de gauche de la Ve République. De son élection célébrée dans les rues de Nouvelle-Aquitaine à ses obsèques à Jarnac, retour sur les images marquantes de ses deux septennats dans la région.
Le jour de gloire
Ce 10 mai 1981, peu avant 20h, les Français découvrent en direct à la télévision le visage du nouveau président de la République. François Mitterrand est élu, à sa troisième tentative, avec 51,76 % des suffrages. La France bascule à gauche. En Poitou-Charentes, en Aquitaine et en Limousin, qui ont voté à 55,9% pour le candidat socialiste, les scènes de liesses se multiplient.
À Bordeaux, des cris de joie fusent place de la Victoire. "Giscard, t'es battu" scande la foule. À Limoges, la prise de fonction du premier président de gauche de la Ve République est célébrée par une grande fête populaire ; les attentes sont à la hauteur de l'engouement suscité par cette si longue attente.
Chez son ami Chaban
Un après après son élection, en mai 1982, François Mitterrand entame une tournée en Limousin et en Aquitaine, suivi de près par la presse nationale. Arrivé sous une pluie battante en Corrèze, il est acclamé par la foule. Il rencontre Jacques Chirac, alors député et ironise dans son discours, lançant au maire RPR de Brive Jean Charbonnel : "L'opposition, je sais ce que c'est, Monsieur le maire, je pourrais même vous donner des conseils".
Le 10 mai 1982, il est accueilli à Bordeaux par le maire de la ville, Jacques Chaban-Delmas. Les deux hommes ne partagent pas les mêmes convictions politiques mais ils entretiennent une solide amitié, née durant la guerre. "On est accoutumé à dire que le président de la République est chez lui, partout. Permettez-moi de vous dire qu'ici, dans cette maison, vous êtes particulièrement chez vous" lui lance Chaban, dans ce reportage tourné dans un haut-lieu de la Résistance où l'estime mutuelle que se portaient les deux hommes, qui se verront à plusieurs reprises au fil des ans, est bien visible.
"Le plaisir d'être chez soi"
Au cours de ses deux septennats, François Mitterrand fera de très nombreux déplacements en Poitou-Charentes. Parmi les visites officielles qui ont sans nul doute compté, figure ce voyage du 8 octobre 1983 à Jarnac. C'est la première fois qu'il y rend depuis son élection. Dans cette Saintonge charentaise dont il dit connaitre "tous les détours", l'enfant du pays rend un hommage très appuyé à sa ville natale. "J'aimerais bien que la France toute entière ressemble à Jarnac" déclare-t-il dans une longue allocution. Une Saintonge qu'il affectionnait et où il est souvent revenu. En 1994, les habitants de Saintes, alors sous les eaux, l'ont vu déambuler dans les rues inondées, bottes aux pieds. "Je n'oublie pas tout à fait que je suis moi-même Saintongeais" plaisantait-il alors.
Dans les Deux-Sèvres, on se souvient sans doute de sa venue le 4 février 1992 pour lancer les grands travaux de rénovation du marais poitevin, accueilli sur place par une certaine Ségolène Royal. La région était chère à son coeur, mais elle lui a parfois réservé mauvais accueil. Comme ce 28 septembre 1990, lors de l'inauguration de la branche sud-ouest du TGV Atlantique. Arrivé à Poitiers en avion par crainte des manifestations d'agriculteurs, le chef de l'Etat est accueilli dans la capitale régionale sous les huées et les cris "Mitterrand, démission !" "Le comble c'est que le président est venu inaugurer ce TGV et que si ça continue, il ne va pas le voir" ironise Jean Hay, le journaliste de France 3 chargé de couvrir l'évènement ce jour-là. "Je finirai bien par le rencontrer ce TGV" répond le président devant une assemblée hilare.
Oradour
Visite ô combien délicate pour les présidents français, François Mitterrand se rend à deux reprises à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). La première fois, en 1982, le chef de l'Etat tout juste élu est fraîchement reçu dans le village martyr, car il faisait partie des députés ayant voté l'amnistie des "Malgré-nous". Ce jour-là, il passe sans faire de déclaration ; une visite qui est aujourd'hui encore une plaie qui ne s'est pas refermée.
François Mitterrand attendra douze ans pour accomplir un second pélerinage au cours duquel il fera acte de contrition. Le 10 juin 1994, il commémore le 50éme anniversaire du massacre aux côtés d'Edouard Balladur et prononce ces mots : "nous ne voulons pas que cela recommence".
Ses obsèques
Son dernier voyage est pour Jarnac. Après sa mort le 8 janvier 1996 des suites du cancer qui le ronge depuis des années et qu'il a longtemps tenu secret, François Mitterrand est inhumé dans le cimetière de sa ville natale, après une cérémonie dans l'intimité à l'église Saint-Pierre en présence de Danielle Mitterrand et ses deux fils, Gilbert et Jean-Christophe, et de Mazarine Pingeot. Ses deux familles sont réunies pour assister à la fin de son parcours sous ce "ciel mouillé d'Aquitaine" qu'il affectionnait tant.
►France 3 Nouvelle-Aquitaine vous propose une émission spéciale consacrée au 40ème anniversaire de l'élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Laïd Berritaine et ses invités reviendront sur cet évenement depuis sa maison natale. Rendez-vous le dimanche 9 mai à 11 heures sur les antennes de France 3 Limousin, France 3 Aquitaine et France 3 Poitou-Charentes.